Bolsonaro, 100 jours de turbulences à la tête du Brésil

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Jair Bolsonaro, qui a pris le pouvoir en janvier en promettant d'en finir avec la corruption et la "vieille politique", a connu un début de mandat avec des couacs en série qui entament sa popularité et mettent en doute sa capacité à appliquer son programme de réformes.

Le président d'extrême droite atteindra mercredi le cap symbolique des cent jours à la tête du Brésil, mais il semble n'avoir jamais connu l'état de grâce dont jouit normalement un chef de l'Etat fraichement élu.

"Le moins qu'on puisse dire, c'est que son début de mandat est décevant", affirme Thomaz Favaro, du cabinet de consultants Control Risks. "Il y avait une fausse idée selon laquelle il bénéficiait d'une base de soutien solide, mais je crois qu'on s'aperçoit que cette base n'est pas aussi solide qu'on le pensait", ajoute-t-il.

Bien que ses dérapages racistes et homophobes hérissent ses opposants, Jair Bolsonaro, 64 ans, a séduit des millions d'électeurs avec son discours sécuritaire et sa promesse d'éradiquer la corruption.

Mais il s'est montré incapable de mettre en pratique son projet de gouverner sans compromis avec la myriade de partis qui compose le Congrès brésilien, très atomisé.

Des difficultés exacerbées ces dernières semaines, avec des débats houleux au Parlement et le manque de cohésion affiché dans ses rangs autour de la réforme des retraites considérée comme cruciale par les marchés.

Le chef de l'Etat lui-même a défrayé la chronique en raison d'un prise de bec virulente avec le président de la Chambre des députés Rodrigo Maia, qui lui a reproché de "s'amuser à gouverner".

"Bolsonaro a montré ces dernières semaines un visage qui a justifié certaines craintes à son égard", explique William Jackson, analyste chez Capital Economics.

- Funambule -

"Son manque d'expérience, la détérioration de ses relations avec le Congrès et ses difficultés à mettre en place une coalition ont entravé sa capacité à mettre en oeuvre ses réformes", a-t-il aussi souligné.

Jair Bolsonaro a toutefois tenté de montrer ces derniers jours un autre visage, plus conciliateur, en recevant notamment des leaders de partis du centre.

"Pour lui, la réforme des retraites, ça passe ou ça casse", prévient David Fleischer, politologue de l'Université de Brasilia. "Si elle ne passe pas, son gouvernement n'aura plus de marge de manoeuvre et sera à la dérive jusqu'à la fin de son mandat", en 2022.

Le président d'extrême droite est tout de même parvenu à satisfaire son électorat avec un décret qui assouplit la détention d'armes.

Sur le plan économique, le succès des enchères récentes de concessions d'aéroports, de ports et de voix ferrées ont montré que les investisseurs continuent de miser sur le Brésil et que son vaste plan de privatisations est bien sur les rails.

Mais pour des réformes plus complexes comme celle des retraites, il a besoin du soutien du Congrès. Sa formation, le Parti social-libéral (PSL), a beau être une des mieux représentées à la Chambre des députés, elle ne dispose que de 54 des 513 sièges.

Jair Bolsonaro espérait s'appuyer sur des lobbys parlementaires qui transcendent les partis, le fameux "BBB" (Boeuf, Balle et Bible), représentant les intérêts de l'agro-négoce, de l'industrie des armes et des évangéliques, mais il s'est vite aperçu que la "vieille politique" des arrangements entre partis revenait au galop.

- Maladresses -

Sans compter les tensions au sein de son propre gouvernement, entre le pragmatisme des militaires et l'impétuosité des ministres pressés de mettre en place une politique ultra-conservatrice particulièrement clivante.

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"Il doit constamment jouer les funambules", dit Thomaz Favaro. "Il risque d'avoir de plus en plus de mal à former une coalition parlementaire parce que sa cote de popularité est en train de chuter", ajoute-t-il.

Le taux d'approbation de Jair Bolsonaro est passé de 67% en janvier à 51% en mars, le pire résultat pour un président brésilien après trois mois de mandat.

Sa crédibilité a notamment été entamée par une certaines maladresse au moment d'aborder des sujets sensibles.

En préconisant la semaine dernière des commémorations pour le 55e anniversaire du Coup d'Etat militaire de 1964, il a été taxé de négationnisme. Un sentiment renforcé mardi, quand il a affiché sa conviction que le nazisme était de gauche, juste après une visite du musée de l'Holocauste à Jérusalem.

Son image a également été égratignée par des soupçons de malversations financières qui pèsent sur son fils aîné, tandis que l'influence grandissante de son cadet fait grincer des dents et a même fait tomber un ministre, après une passe d'armes sur Twitter.

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