Le pape oblige le clergé à signaler les agressions sexuelles à l'Eglise

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Par Euronews
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Le pape François a changé jeudi la loi canonique pour rendre obligatoire le signalement de tout soupçon d'agression sexuelle ou de harcèlement au sein de l'Eglise, décrédibilisée par une série de scandales à grande échelle.

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"Stop aux abus", est-il écrit sur une croix portée symboliquement par un homme jusque devant la cathédrale de Buenos Aires, en Argentine où le cardinal Bergoglio, devenu le pape François, officiait jusqu'en mars 2013. Le souveraine pontife qui s'est emparé du sujet des abus sexuel dans l'église en changeant jeudi la loi canonique. Désormais, le signalement de tout soupçon d'agression sexuelle ou de harcèlement au sein de l'Eglise est obligatoire.

"Ce texte concerne à la fois les adultes et les enfants, les abus sexuels sur les enfants et les adultes, et il est très large. Il répond à bon nombre de choses que les défenseurs des victimes d'abus sexuels demandent aux évêques pour qu'ils rendent compte de leurs actes," explique Philip Pullella, spécialiste du Vatican. 

Jusqu'à présent les prêtres, religieux et religieuses dénonçaient les affaires selon leur conscience. Le pape rend désormais légalement contraignant dans l'ensemble de l'Eglise la dénonciation d'abus sexuels "dans les meilleurs délais". Il oblige également à signaler toute tentative par la hiérarchie catholique de couvrir des abus sexuels perpétrés par un prêtre ou un religieux.

"Matériel pédopornographique"

Le texte met un accent particulier sur les mineurs et personnes vulnérables victimes de violences sexuelles. Il évoque plus généralement des actes sexuels subis sous la menace ou par abus d'autorité, ce qui inclut donc les viols de religieuses ou le harcèlement de séminaristes. Il rappelle en outre qu'il est interdit de produire, détenir et partager du "matériel pédopornographique".

La hiérarchie de l'Eglise est également condamnable, et doit donc être dénoncée, en cas d'actions "visant à interférer ou éluder des enquêtes civiles ou des enquêtes canoniques" à l'encontre d'un clerc ou d'un religieux, spécifie la lettre.

Quand les soupçons portent sur des personnes ayant une position hiérarchique, en particulier des cardinaux, des patriarches d'églises catholiques orientales ou des évêques, le signalement pourra être adressé directement au Saint-Siège, à un ambassadeur du Vatican ou à un archevêque métropolitain chapeautant les évêques d'une province.

Protéger celui qui parle

"Personne dans la hiérarchie de l'Eglise n'est au-dessus des lois, les évêques doivent être dénoncés s'il font du mal", a souligné devant la presse l'archevêque maltais Charles Scicluna, grand expert juridique du Vatican sur le sujet. Pour le pape, "le silence n'est pas un comportement juste; celui qui parle doit être protégé; celui qui souffre accueilli et écouté".

Le texte de l'Eglise ne comporte aucune obligation de signaler les cas aux autorités judiciaires du pays, sauf là où la loi locale l'impose. Le souverain pontife demande aussi que le secret de la confession demeure absolu : un prêtre ne peut donc toujours pas rapporter des faits évoqués par un fidèle dans le confessionnal. Mgr Juan Ignacio Arrieta, secrétaire du Conseil pontifical pour les textes législatifs, a expliqué qu'il s'agissait d'une "l_oi ecclésiastique humaine_" qui ne pouvait agir sur le "devoir divin" du secret de confession.

Autre volet majeur du texte, les diocèses doivent mettre en place "individuellement ou ensemble" un ou plusieurs dispositifs "facilement accessibles au public pour permettre de présenter des signalements". Ce type de guichets existe déjà dans certains pays, comme les Etats-Unis, mais le pape rend l'initiative obligatoire dans le monde entier. Il reste flou en revanche sur leur forme, qui devra protéger les lanceurs d'alerte de toute rétorsion.

Au début d'un sommet inédit sur le sujet en février, le pape François avait réclamé des mesures "concrètes et efficaces" pour lutter contre les agressions sexuelles de mineurs perpétrées par des membres du clergé, en réponse aux victimes qui souhaitent un électrochoc. Mais le sommet avait déçu par son manque d'annonces alors que l'Eglise catholique est en pleine tourmente avec les révélations successives sur des scandales toujours plus massifs d'agressions pédophiles commises pendant des décennies par des prêtres ou des religieux et souvent couverts par leur hiérarchie.

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