Un an après, l'espoir de la révolution perdure en Arménie

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"Ce que nous attendions de la révolution est en train de se produire": Rouben Aïdinian, 66 ans, s'exprime depuis la place de la République, l'épicentre de la contestation qui, il y a un an, renversait le pouvoir en Arménie.

Sous une fine pluie printanière, ce lieu emblématique d'Erevan est ce jour-là quasiment désert, loin de la ferveur portée par les dizaines de milliers de manifestants qui y réclamaient la démission du Premier ministre Serge Sarkissian.

Rouben Aïdinian était dans cette foule révoltée par le tour de passe-passe de M. Sarkissian, redevenu Premier ministre après avoir assuré pendant dix ans la présidence de ce pays pauvre du Caucase.

Sous la houlette du très populaire Nikol Pachinian, les semaines de manifestations pacifiques menèrent à la démission de Sarkissian et au déclin du parti au pouvoir, amorçant un nouveau chapitre dans le paysage politique arménien.

Elu à son tour Premier ministre en mai dernier, Nikol Pachinian a promis d'importantes réformes démocratiques et économiques dans cet Etat de 3 millions d'habitants.

Depuis, l'ancien journaliste de 43 ans a réalisé des "changements radicaux", selon Rouben Aïdinian. "Je suis désormais un citoyen libre dans un pays libre. Je peux librement exprimer mes opinions politiques."

Avetis Grigorian, 30 ans, juge lui que l'un des plus grands succès de la révolution est le remplacement des "anciennes autorités corrompues" par "des personnes honnêtes et compétentes".

"Je suis submergé par les souvenirs de la révolution à chaque fois que je passe sur cette place", raconte cet archéologue. "J'ai manifesté ici pendant des semaines tous les jours. J'ai rêvé sans égoïsme d'un changement positif dans mon pays. Et ce changement est en train de se réaliser", soutient-il.

Lors d'une conférence de presse, Nikol Pachinian a évoqué la semaine dernière la création de 51.000 emplois, des hausses de salaires et des arrestations de responsables parmi les "100 réalisations" de son gouvernement depuis sa nomination.

- "Volonté politique" -

Peu après sa prise du pouvoir, Nikol Pachinian a lancé une campagne anti-corruption ayant mené à l'arrestation de plusieurs haut responsables, dont l'ancien président Robert Kotcharian.

Si cette croisade continue de le porter haut dans les sondages, certains ne cachent pas leur déception dans sa lutte contre la misère et la corruption, qui minent l'Arménie.

Selon la Banque mondiale, 30% des habitants de cette ancienne république soviétique vivent dans la pauvreté et 18% de la population active est sans emploi.

Assise à la terrasse d'un café de la rue Abovian, dans le centre d'Erevan, Marine Bagian sirote un verre de vin rouge. A 70 ans, cette ancienne dentiste déplore "une hausse des prix des produits alimentaires juste après la révolution".

Elle souligne la situation particulièrement difficile pour les personnes âgées alors que les retraites ne représentent que quelques dizaines d'euros. "Les personnes âgées ne peuvent pas se payer une visite chez le docteur ou des médicaments. Et les étudiants n'ont pas d'argent pour payer leurs cours", affirme-t-elle. "Comment vivre avec une retraite de 45.000 drams (83 euros)?".

Pour de nombreux autres, rien ne sert pour l'instant de s'impatienter de la vitesse des réformes économiques annoncées par Nikol Pachinian.

"Certains sont déçus, mais ce n'est pas le sentiment le plus partagé", rapporte Lilit Nazarian, une libraire de 26 ans. "C'est stupide de croire que l'économie va aller mieux comme par magie", lance-t-elle.

Une opinion que partage Anahit Abramian : "L'Arménie est un pays si pauvre que cela prendra des années avant que les gens ressentent des changements positifs dans leur niveau de vie", affirme cette professeur de 46 ans, ajoutant ne pas s'attendre à des "miracles économiques".

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"Ce que peut faire vite Pachinian, c'est détruire la corruption qui était devenue une norme sous Sarkissian", poursuit-elle. "Et on dirait qu'il a la volonté politique de remplir les promesses qu'il a faites aux Arméniens."

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