En Autriche, l'étoile Sebastian Kurz connaît sa première éclipse

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Propulsé au gouvernement à 24 ans, élu chancelier à 31 ans, l'Autrichien Sebastian Kurz a maîtrisé toutes les étapes de son ascension politique, jusqu'au premier imprévu de sa carrière: une éviction prématurée de la direction du pays.

Celui qui avait gagné le surnom de "Wunderwuzzi" --enfant prodige-- a accueilli lundi sa destitution par le parlement le visage fermé, sans émotion apparente, une constante chez ce dirigeant aux traits lisses d'adolescent.

Il s'agit pourtant d'une première dans l'histoire politique autrichienne et d'un accroc dans le parcours du jeune dirigeant, qui a vu échouer sa stratégie d'alliance avec l'extrême droite après 18 mois de mandat.

Les déboires de son allié du FPÖ, dont le leader a dû démissionner après des déclarations compromettantes filmées en caméra cachée à Ibiza, ne faisaient certainement pas partie du plan de carrière que Sebastian Kurz a soigneusement orchestré.

Selon des documents révélés par la presse, cette stratégie de conquête du pouvoir avait même reçu un nom de code, "Opération Ballhaus", en référence à l'adresse du siège du gouvernement "Ballhausplatz".

Au printemps 2017, alors ministre des Affaires étrangères d'une grande coalition droite-gauche au pouvoir depuis dix ans, Sebastian Kurz avait provoqué la rupture de ce mariage à bout de souffle en s'emparant de la direction du parti conservateur ÖVP. Des législatives anticipées avaient été convoquées.

- Modernité -

Surfant sur le rejet des figures traditionnelles de la politique, il avait remodelé l'image de la formation, lui imposant une nouvelle couleur (le turquoise pâle) et l'appellation "Liste Kurz".

A une Autriche prospère mais insécurisée par la crise migratoire, le jeune dirigeant à la communication très rodée a surtout offert un discours de fermeté sur l'immigration combiné à une image de modernité.

Nommé secrétaire d'Etat à 24 ans, avant même d'avoir achevé son cursus de droit, puis plus jeune ministre des Affaires étrangères de l'UE entre 2013 et 2017, Sebastian Kurz a réussi à incarner le renouveau alors qu'il a été membre de la coalition sortante pendant six ans.

La stratégie s'est révélée payante. L'Autriche a vécu en 2017 une campagne électorale au rythme de la "Kurzmania". L'avènement de celui qu'une presse partagée entre admiration et ironie a qualifié de "Messie" ou de "Kaiser" a parfois été comparé à celui de Jörg Haider, le flamboyant leader d'extrême droite mort dans un accident de voiture en 2008.

Après la victoire de l'ÖVP aux législatives d'octobre, Sebastian Kurz, né le 2 août 1986 à Vienne d'un père technicien et d'une mère enseignante, s'est tourné vers le FPÖ pour constituer une majorité.

Il assure que le refus des socialistes de reformer une coalition, pilotée par la droite, ne lui a pas laissé le choix.

Pendant la campagne des législatives, l'extrême droite avait accusé le chef des conservateurs de "plagier" son programme mais les critiques ont été remisées quand Heinz-Christian Strache, alors leader du FPÖ, a été appelé au poste de numéro deux du gouvernement, aux côtés de cinq autres ministres FPÖ.

Avec une popularité au plus haut, une santé économique insolente, une opposition affaiblie, la coalition a vécu plus d'un an de lune de miel, mettant volontiers en scène la bonne entente des deux partis de gouvernement. Jusqu'à "l'Ibizagate".

- "Chancelier silencieux" -

Pourtant, du boycott du pacte de l'ONU sur les migrations à la réduction des minimaux sociaux pour les demandeurs d'asile, la rafale de mesures anti-immigration votée par la coalition ont fait du chancelier un personnalité clivante, accusée de mettre en danger la paix sociale.

Même au sein de son parti, ce virage à droite d'une formation à l'identité démocrate-chrétienne faisait grincer des dents. En avril, Reinhold Mitterlehner, l'ancien chef de l'ÖVP renversé par M. Kurz, s'était inquiété de voir l'Autriche devenir "une démocratie autoritaire".

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Les 18 mois de pouvoir de la droite et de l'extrême droite ont été émaillés de dérapages xénophobes de membres du FPÖ et de provocations soigneusement calibrées de ses dirigeants, rarement recadrés par Sebastian Kurz. Une passivité qui lui a valu le sobriquet de "chancelier silencieux".

Pour autant, il reste le mieux placé dans la course aux législatives anticipées qui se dérouleront en septembre, selon les analystes. "Personne ne lui arrive à la cheville en terme de communication", assure le politologue Thomas Hofer, selon lequel Kurz "n'a rien à craindre".

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