Escalade: des grimpeurs de "salle" à bloc dans la forêt de Fontainebleau

Le grimpeur Jérémy Bonder (d) est assisté par son homologue Jacky Godoff, à Fontainebleau, le 13 juin 2019
Le grimpeur Jérémy Bonder (d) est assisté par son homologue Jacky Godoff, à Fontainebleau, le 13 juin 2019 Tous droits réservés Philippe LOPEZ
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Une "journée en dehors du temps" à toucher la pierre et se frotter à la nature: plus de cent grimpeurs accros aux murs artificiels sont venus vivre samedi une expérience inédite dans la forêt de Fontainebleau, où l'escalade est née il y a plus de 100 ans.

C'est un événement version "top secret", sans public et où les compétiteurs débarquent le matin-même sans savoir ce qui les attend. De quoi exciter les quelque 40 équipes mixtes de trois grimpeurs, pour la quatrième édition de cet événement d'un genre unique, le Red Bull Font&Bleau.

"Cet événement permet à des citadins qui ont l'habitude de pratiquer en salle d'aller se frotter à la nature, qui est complètement différente. On leur propose d'aller voir une pratique en dehors comme l'ont fait les précurseurs. Quitte à l'aimer ou ne pas l'aimer", explique à l'AFP Jacky Godoffe, grand spécialiste du bloc dans cette forêt qu'il connaît comme sa poche.

Co-directeur sportif de l'événement, Godoffe, oeuvrant aussi en signant les murs de grandes compétitions internationales, promet aux participants "un truc exceptionnel, une journée en dehors du temps".

"Ils vont se retrouver en situation d'apprentissage, ils vont se parer (sécuriser le co-équipier) ce qu'ils ne font jamais en salle, faire attention à la façon de tomber. En salle tout est aseptisé, les gens tombent n'importe comment sans se faire mal. En forêt on ne peut pas faire n'importe quoi", poursuit-il.

- 30 blocs en 4 heures -

Les concurrents ont été sélectionnés lors de différentes étapes en salle dans toute la France. Samedi, ce sont d'abord des éliminatoires pour les 37 équipes en lice: 30 blocs à gravir en 4 heures, sous l'oeil bienveillant d'un moniteur. Seules les trois meilleures équipes accèderont à la grande finale.

"L'escalade en forêt est très intéressante techniquement, la forêt va proposer une gestuelle que nous, en artificiel, on n'est pas capable de créer. L'adhérence joue, il y a beaucoup de facteurs liés au milieu naturel comme l'humidité", souligne Jérémy Bonder, grimpeur professionnel et co-directeur sportif de l'événement dont il est à l'origine.

Et quel bonheur de pratiquer en forêt de Fontainebleau ! Le site est connu comme le meilleur endroit au monde pour "faire du bloc". De nombreux étrangers viennent chaque année se mesurer à la pierre, là où tout a commencé il y a 100 ans avec des passionnés d'alpinisme parisiens. A défaut de pouvoir se rendre tous les week-ends à Chamonix, ils avaient pris Fontainebleau pour alternative. En enchaînant 40 blocs, ils avaient l'équivalent d'une grande voie dans les Alpes.

- 2 millions de grimpeurs -

Le domaine de Fontainebleau compte 23.000 hectares dont 500 à 600 pour l'escalade, soit plus de 20.000 blocs, selon Gaëtane Hay, responsable à l'Office national des forêts en Ile-de-France est.

"A Fontainebleau, on a à peu près 11 millions de visites par an pour la marche, l'escalade, le VTT, la balade. On aurait entre 1 et 2 millions de grimpeurs avec la moitié qui viendraient de l'étranger", détaille Mme Hay, qui s'inquiète d'une nouvelle génération de pratiquants issus de la salle et peu formés aux bonnes règles en milieu naturel, estimée à plus d'un million de personnes.

Car l'événement de samedi, autorisé après une étude d'impact environnemental, a aussi pour mission de sensibiliser à la protection du site cette population qui pratique le bloc pour le bloc.

"Fontainebleau est sur-fréquenté, presque", remarque Fabien Chavanneau, gérant d'une salle, qui est né et a grandi dans la ville. "Les pratiquants en intérieur n'ont pas les us et coutumes de ce qui se fait en extérieur, comme brosser les rochers pour les nettoyer. La magnésie, beaucoup utilisée en salle, a un impact visuel et écologique. Mais aussi essuyer ses pieds et partir avec des chaussons propres car l'érosion est un vrai problème".

C'est dans cette optique que le grimpeur, en lice samedi, a créé une association, "Respect Bleau", pour que ce que proposent les rochers reste "génial".

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