Algérie: 18e vendredi de manifestations malgré le ton martial de l'armée

Une Algérienne manifeste contre le pouvoir, à Alger le 21 juin 2019
Une Algérienne manifeste contre le pouvoir, à Alger le 21 juin 2019 Tous droits réservés RYAD KRAMDI
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Les Algériens ont manifesté massivement pour un 18e vendredi, à l'issue d'une semaine marquée par de nouveaux propos martiaux du chef d'état-major de l'armée qui a agité les spectres d'une "destruction des institutions" et du séparatisme.

Des dizaines d'arrestations matinales aux abords de la Grande Poste d'Alger, point de ralliement des manifestations hebdomadaires contre le régime, n'ont pas empêché la foule de se rassembler, a constaté une journaliste de l'AFP.

A côté des drapeaux algériens, omniprésents dans les manifestations agitant l'Algérie depuis le 22 février, de très nombreux drapeaux berbères sont apparus, malgré les avertissements du chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui avait prévenu que seules les couleurs nationales seraient désormais autorisées dans les cortèges.

Homme fort du pays depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika le 2 avril, il avait averti mercredi que les forces de l'ordre avaient reçu des consignes en ce sens.

Même s'il ne l'a pas cité nommément, les Algériens ont compris qu'il visait le drapeau de la minorité berbère, dont les revendications identitaires, longtemps ignorées voire réprimées par les autorités, est un sujet extrêmement sensible en Algérie.

"Pas de régionalisme, tous frères!" ou "Arabes, kabyles, chaouis (des peuples berbères, ndlr) sont frères et Gaïd est avec les traîtres", lui ont répondu les manifestants à Alger.

Difficile à évaluer en l'absence de comptage officiel, la mobilisation semblait aussi forte que les semaines précédentes.

D'importantes manifestations se sont également déroulées dans de nombreuses villes d'Algérie, selon des médias locaux, qui ont indiqué que la mobilisation avait été particulièrement forte à Oran, Constantine et Annaba, villes les plus peuplées après Alger, ainsi qu'à Tizi-Ouzou, en Kabylie (nord).

- Dilemme -

Dans la matinée à Alger, plusieurs porteurs du drapeau berbère - trois bandes horizontales bleue, jaune et verte, frappées au centre de la lettre Yaz de l'alphabet tifinagh - avaient été interpellés de façon ciblée par la police, donnant lieu à quelques échauffourées et des jets de gaz lacrymogènes, a constaté une journaliste de l'AFP.

La police n'est ensuite plus intervenue.

Porter ou non un drapeau berbère, tel était le dilemme des manifestants berbères.

Fethi, chauffeur de taxi quinquagénaire, souhaitait défiler avec le seul drapeau algérien pour éviter de donner des arguments au pouvoir. Said Bentahar, 65 ans, a décidé de sortir "pour la première fois avec un drapeau berbère, qui fait partie de l'identité algérienne".

Beaucoup rappellent que, Berbères, ils n'en sont pas moins Algériens.

"Je suis Kabyle (principal groupe berbérophone en Algérie) et fière de l'être mais je n'ai qu'un seul drapeau (algérien), celui pour lequel mon père est mort" durant la guerre d'indépendance, dit Lamia Mansouri, 60 ans.

"Le drapeau berbère fait partie de ma culture, mais n'a jamais été présenté comme l'emblème national" par les Berbères, qui représentent un quart de la population algérienne, soit 10 millions d'habitants.

- "Emblème identitaire" -

Pour Kamel, commerçant kabyle de 30 ans, les propos du général Gaïd Salah visent à "semer la fitna" (division), mais "cela n'arrivera pas".

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"Notre drapeau est vert, blanc et rouge", les couleurs du drapeau algérien, "et personne ne remet cela en question. Le drapeau amazigh (berbère) est un emblème identitaire que se partagent les peuples de toute la région", dit-il, les Berbères étant répartis dans l'ensemble du Maghreb et au Sahara.

Mardi, le général Gaïd Salah avait aussi haussé le ton après une proposition d'associations et de syndicats d'une période de transition d'un an maximum, gérée par des institutions ad hoc et non par l'actuel pouvoir intérimaire, une revendication constante du mouvement de contestation.

Toute transition hors du cadre constitutionnel conduira à "la suppression des institutions" et à "la destruction des fondements de l'Etat", a-t-il prévenu, pointant du doigt ceux qui critiquent les prises de positions politiques répétées de l'armée, face à un pouvoir civil mutique.

"La transition fait peur à Gaïd Salah parce qu'il ne pourra plus tout contrôler", a estimé Salim Hassani, un manifestant à Alger. "Ce n'est pas dans l'intérêt des Algériens de détruire les institutions", a dit Ahmed Mechdall, un autre protestataire pour qui "une transition permettra d'aller vers des élections sans la mafia" actuellement au pouvoir.

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