Slovaquie : la lutte contre la corruption au cœur des élections

Slovaquie : la lutte contre la corruption au cœur des élections
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Par Laura Cambaud
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Les Slovaques votent ce samedi pour renouveler leur parlement. Ils restent marqués par l'assassinat du journaliste Jan Kuciak en 2018.

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Les Slovaques ont commencé à voter samedi matin pour renouveler leur parlement dans l'espoir de réduire la corruption, imputée notamment aux populistes du gouvernement sortant, cet objectif étant devenu priorité nationale après le meurtre d'un journaliste d'investigation en 2018.

L'assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova, dont un riche entrepreneur lié à des hommes politiques est accusé d'être commanditaire, a mobilisé l'opinion.

Aussi, la plupart des sondages indiquent-ils que le parti populiste de gauche Smer-SD, actuellement au pouvoir, durement touché, pourrait se retrouver à égalité avec OLaNO d'Igor Matovic, un parti d'opposition de centre droit, dont le combat contre la corruption est le principal mot d'ordre.

"J'aime bien la manière dont Matovic montre ce qui va mal en Slovaquie. Je crois qu'il apportera un vrai changement", a dit à l'AFP Daniela Jonasova, une employée de bureau de 35 ans qui a indiqué avoir voté pour OLaNO à Bratislava peu après l'ouverture du scrutin.

Selon un sondage de l'institut AKO-Focus, publié cette semaine en République Tchèque voisine pour contourner le silence radio imposé en Slovaquie, OLaNO dépasserait même le Smer-SD de 3,5% des intentions de vote.

"Aspiration à la décence"

Une affaire qui a mobilisé l'opinion, explique Zoltan Sido, journaliste slovaque :

"Le plus important, c'est l'assassinat brutal du journaliste Jan Kuciak en février 2018. Ca a déclenché une sorte de procédure de purification en Slovaquie.... Après l'assassinat du journaliste, nous avons découvert que la politique et la mafia travaillaient en étroite collaboration"

Un analyste politique basé à Bratislava, Radoslav Stefancik exprime une opinion similaire : "Cette élection traduit avant tout l'aspiration à la décence en politique".

Le double assassinat avait déclenché en 2018 d'importantes manifestations qui ont poussé à la démission le Premier ministre d'alors Robert Fico.

Selon l'analyste politique Grigorij Maseznikov, le meurtre du journaliste "a reconfiguré toute la scène politique, avec l'émergence de nouveaux partis libéraux et démocratiques qui ont immédiatement obtenu du soutien".

"Le scénario le plus probable est la création d'une coalition gouvernementale de centre droit pro-démocratie de six ou même sept partis", ajoute le politologue.

Jurant de partir en guerre contre la démoralisation dès son arrivée au pouvoir, le chef d'OLaNO Igor Matovic semble avoir galvanisé l'indignation du public contre le meurtre de Kuciak et la corruption à haut niveau révélée par l'enquête.

Devenu millionnaire par ses propres moyens, cet ancien patron de presse de 46 ans ayant fondé OLaNO (Gens ordinaires et personnalités indépendantes) il y a une dizaine d'années pourrait prendre la tête du gouvernement s'il parvient à unifier une opposition fragmentée.

Montée de l'extrême droite

Robert Fico, qui est toujours patron du Smer-SD, a exclu de former une coalition avec le parti d'extrême droite Notre Slovaquie LSNS de Marian Kotleba. Mais il a fait cause commune avec lui il y a quelques jours au parlement pour voter une loi offrant un 13e mois aux retraités, aussitôt dénoncée comme électoraliste par ses adversaires.

Il peut toujours compter sur un socle d'électeurs fidèles.

"Fico a du caractère. C'est un vrai homme politique. Tous les autres manquent d'expérience et de connaissances pour conduire le pays", a dit une retraitée de Bratislava, ne donnant que son prénom, Iveta.

"J'aime l'aide qu'ils (le parti Smer-SD) apportent aux jeunes et aux seniors. Je peux voyager gratuitement et les trains sont gratuits aussi pour ma petite fille qui est étudiante", a-t-elle ajouté.

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De son côté, le LSNS de Marian Kotleba, qui se présente comme un parti anti-élites et affiche son inimitié à l'égard de la minorité Rom, pourrait porter de dix à vingt le nombre de ses sièges dans la chambre unique.

"Je vote pour le LSNS parce que depuis 1989 les gouvernements n'ont fait que voler l'argent des gens", a déclaré Dominik Kmet, un étudiant de 19 ans de la ville moyenne de Martin (nord).

"Ils ont soutenu les marchés étrangers au lieu de notre marché national. J'aime bien l'idée du LSNS de créer des entreprises d'Etat et de faire reprendre par l'Etat les entreprises stratégiques. Je suis plus ou moins d'accord avec tout leur programme. Le LSNS n'est par un parti de fascistes ou de racistes", a-t-il affirmé.

Favorable à la Russie, hostile à l'UE, Kotleba, 42 ans, voudrait que la Slovaquie quitte l'OTAN.

Les bureaux de vote doivent fermer à 21h. Des sondages sortie des urnes devraient indiquer peu après l'orientation de ce scrutin auquel participent 25 partis politiques. Une petite dizaine devraient entrer au parlement.

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