A Guayaquil, en Equateur, des gens meurent du coronavirus seuls chez eux ou sur le trottoir

Deux habitants de Guayaquil - Equateur - transportent un corps le 1er avril 2020
Deux habitants de Guayaquil - Equateur - transportent un corps le 1er avril 2020 Tous droits réservés Photo by Enrique Ortiz / AFP
Par Joël Chatreau
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La ville côtière de Guayaquil, dans le sud de l'Equateur, vit réellement dans l'horreur chaque nouvelle journée. Le taux de mortalité par le Covid-19 y est le plus élevé d'Amérique latine, et dans ses rues gisent les corps des plus pauvres, parfois pendant des jours.

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Eh dire que Guayaquil était autrefois surnommée "la Perle du Pacifique"... Depuis quelques semaines, cette ville côtière du sud-ouest de l'Equateur, petit pays andin d'Amérique du Sud, est plutôt la cité de l'horreur. Elle est dévorée toute crue par le nouveau coronavirus à cause de la pauvreté qui règne dans certains de ses quartiers et du système de santé qui est lui-même bien malade.

Guayaquil est ainsi devenue en peu de temps le lieu où le taux de mortalité du Covid-19 est le plus important du monde latino-américain : 1,35 mort pour 100 000 habitants, selon les calculs de l'Université des Amériques; à titre de comparaison, c'est plus que l'immense métropole du Brésil, Sao Paulo, avec 0,92 mort pour 100 000 personnes.

Photo by Enrique ORTIZ / AFPTV / AFP
Des cercueils recouverts de plastique dans un pick-up garé près de l'hôpital de Guayaquil - Equateur - le 1er avril 2020Photo by Enrique ORTIZ / AFPTV / AFP

La mort dans la rue ou seul chez soi

La mort se présente désormais au coin de la rue. Les gens les plus précaires peuvent décéder sur le trottoir, et leurs corps gisent là pendant des heures, parfois pendant des jours... Le grand port du Pacifique vit sous un climat tropical, alors cela vous laisse imaginer dans quel état peuvent être retrouvés ces cadavres, au coeur de la moiteur.

Les mesures de confinement sont pourtant extrêmes pour les 2,7 millions d'habitants de Guayaquil, un couvre-feu est imposé dans la ville 15 heures durant. De ces circonstances naît l'autre scandale qui indigne et révolte les Equatoriens. Les services des pompes funèbres sont totalement débordés et paradoxalement tournent au ralenti. Quand ils tournent d'ailleurs ! Car certains croque-morts ne veulent même pas aller chercher les personnes décédées à leur domicile, de peur d'être contaminés par le coronavirus.

Le pouvoir équatorien accusé d'inhumanité

Le gouvernement du président Lenin Moreno (en photo ci-dessous), sous le feu de vives critiques, a fini par dépêcher dans la ville côtière des brigades de militaires et policiers, afin de procéder à l'enlèvement des corps dans les maisons et les appartements : pas moins de 150 dépouilles ont été récupérées en seulement quelques jours, depuis lundi dernier.

Le ministre équatorien de la Santé, Juan Carlos Zeballos, a aussi dû présenter les excuses des autorités aux familles des défunts du Covid-19. Mais il n'a pas pu faire autrement que de les prévenir que la situation allait empirer dans la province du Guayas, dont Guayaquil est le chef-lieu.

Les experts médicaux nous ont malheureusement dit et estiment qu'il y aura de 2 500 à 3 500 morts du Covid-19 au cours des prochains mois, dans la seule province du Guayas. Nous nous y préparons
Juan Carlos Zeballos

A ce jour - le 3 avril 2020 - l'Equateur, qui compte 17 millions d'habitants, a recensé 3 163 cas confirmés de contamination et 120 morts, selon les données de l'Université Johns Hopkins. 70% des personnes testées positives vivent effectivement dans la province du Guayas.

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