Coronavirus : ils ont vécu et vaincu le virus

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Par Valérie Gauriat
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Euronews a rencontré 11 rescapés du Covid-19. Disséminés à travers l'Europe, ils partagent leur traversée de cette épreuve, et ce qu'ils en retiennent.

Partout dans le monde, le Coronavirus continue à tuer. Mais beaucoup lui survivent. Celles et ceux que vous allez découvrir dans ce reportage ont gagné leur combat contre la maladie. A travers toute l'Europe, 5 femmes et 6 hommes, de tous âges et tous horizons, ont été contaminés, isolés, soignés puis guéris. 11 personnes qui nous parlent de la vie pendant et après le Coronavirus.

Contaminés, le long combat contre la maladie

Jess Marchbank est infirmière. Cette Britannique de 32 ans, mariée, mère de deux enfants, se rappelle de l'arrivée de la maladie. Trois jours après l'apparition des premiers symptômes fiévreux, elle partait en urgence à l'hôpital du North Devon district, en état d'urgence absolue. « La douleur était juste atroce. J’avais la sensation que mes articulations étaient en feu ! Cela, avec un mal de tête violent… et une léthargie totale. Je ne pouvais pas me retourner dans mon lit, j’avais trop mal. »

Britannique lui aussi, Matt Dockray se souvient de son arrivée en soins intensifs : « On vous emmène en salle d'isolement, et tout le monde arrive en combinaison de haute protection. Ils vous branchent à des machines, et analysent vos signes vitaux. Et à ce moment-là, ils m’ont dit que mon corps n'absorbait pas assez d'oxygène, que les niveaux étaient extrêmement bas. Et mon poumon droit s'était affaissé, mon poumon gauche n'allait pas bien du tout. »

Joshua Dopkowski est Américain, il vit en France, près de Lyon. Lui et sa fille Ayla, 8 ans, ont été infectés par le Covid-19. Isolés pendant deux semaines dans leur appartement, la peur au ventre : « Le fait d’être dans une situation où vous êtes malade de quelque chose qui est potentiellement mortel est carrément terrifiant. Je crois que pour moi, en tant que parent, le fait d’avoir ma fille Ayla avec moi ... Je devais penser à cette personne qui a besoin qu’on prenne soin d’elle. Et vous savez, c’est elle qui m'a le plus aidé. »

Journaliste sportif espagnol, Kike Mateu suit l'équipe de football de Valence. Il est revenu contaminé d'un voyage à Bergame pour un match de Ligue des Champions fin février : « _La maladie évolue peu, très lentement. Et on ne sait pas quand elle prendra fin. Le plus difficile mentalement est d'accepter que vous ne savez pas combien de temps durera le coronavirus. Moi, j'ai été infecté, pendant 31 jours ! _»

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Le match Atalanta-Valencia, le 19/02/2020Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved

Lucie Laville n'a eu qu'une forme assez bénigne du virus. Quelques maux de têtes, une fièvre persistante et l'obligation de rester en quarantaine loin de son service de réanimation à Genève : « Pour moi ce qui a vraiment été le plus difficile, c'est de savoir qu'on avait besoin de bras dans mon service de réanimation et que j'étais à la maison, asymptomatique, à ne pas pouvoir faire mon travail. C'est dur pour mes collègues, pour nous, les conditions de travail sont extrêmement particulières, mais c'est notre job en fait ! La nuit où on a eu un décès. C'est un monsieur qui était âgé. c'était mon patient. On va vers lui, on lui tient la main. on lui dit que sa famille aurait aimé être là, qu'elle ne peut pas non pas par volonté, mais par obligation. Et puis on accompagne au moins les cinq dernières minutes. Parce que ça, c'est compliqué, je trouve. »

Sauvés, l'heure de la lente convalescence

Sa guérison, Kike Mateu l'a vécue comme une délivrance : «Wow ! C'était formidable, émouvant, impressionnant ! Enfin j'allais pouvoir revoir ma famille, après presque un mois.C’était un moment incroyable, je ne l’oublierai jamais.»

Soulagement également pour Jess Marchbank. Une fois rentrée chez elle, elle a encore dû patienter de longs jours avant de pouvoir serrer ses enfants dans les bras : « Je me suis sentie vraiment bénie, vraiment privilégiée de faire partie des statistiques positives. Et mon fils m’a dit : Oh, c’est le plus beau cadeau que j’aie jamais eu maman ! C’est mieux que le Lego ! Oui… C’était vraiment un moment spécial. Je vais chérir ce câlin pour toujours. C’était incroyable. »

Jess Marchbank

Matt Dockray, lui, se veut encore prudent : « Il y a aussi une partie d'inconnu. On ne connait pas les effets à long terme. On ne sait pas ce que ça veut dire. Peut-on l'attraper à nouveau ? Mais je reste toujours positif. Et à chaque fois que j'ai une baisse de moral, je remets les compteurs à zéro, et je me rappelle que je reviens de loin. »

Les leçons à tirer de l'épidémie

A la question : Retirez vous quelque chose de positif de cette expérience ? Matt Dockray répond sans hésiter : « Toutes les choses qu’on a envie de faire. Chaque petite chose qu’on a toujours mis de côté, ou laissé tomber, ou auxquelles on a pas accordé d’importance, tout d’un coup, on veut les faire. On veut changer, et devenir une meilleure personne. Pour les autres, et pour votre entourage. Pas d’un point de vue égoïste, mais on veut être acteur du changement. »

Kike Mateu partage le même sentiment que nos autres interlocuteurs. Il n'oubliera jamais le dévouement de celles et ceux qui ont pris sa vie en main et lui ont permis de retrouver les siens : « Les gens qui travaillent à l’hôpital sont merveilleux. Ces gens, cette façon de travailler, je les porte maintenant dans mon cœur. Et ce sera pour toujours, car c'est un aspect merveilleux du fait d'avoir vécu le coronavirus. »

Kike Mateu

Les pensées de Guglielmo Schinina', un Italien travaillant à Bruxelles, vont, elles, aux plus démunis, touchés aux portes de l'Europe : « J’ai aussi pensé à quel point j’avais de la chance. Et comme ce doit être plus difficile pour ceux qui n’ont peut-être pas accès aux services de santé, comme pour beaucoup de migrants en situation irrégulière, ou qui ont simplement peur d’accéder à ces services. »

Laurence Rétaméro a 57 ans. Cette artiste-plasticienne a été diagnostiquée positive au virus. De cette épreuve, elle retient l'amour de ses proches : « Je me suis sentie extrêmement, sublimement, portée par mes proches. Et j'ai vraiment senti qu'ils étaient collectivement une force d'énergie positive pour moi. » quand Ayla, la fille de Joshua, souligne la formidable solidarité observée : « Je trouve ça gentil que des gens sortent de chez eux pour faire des choses comme aller faire les courses, pour nous ! Ils donnent de leur temps, et ils prennent le risque d’attraper le virus ! Alors si ils nous demandent de faire pareil pour eux, on dira oui, parce qu’ils l’ont fait pour nous ! »

Euronews

Quant à Ranim Aldaghestani, une journaliste syrienne basée en France, elle tire une leçon bien plus globale de cette épreuve : « Notre planète a retrouvé son souffle ! Après les différentes décisions de confinement à travers le monde. Après la fermeture de beaucoup d'usines, des aéroports…Tout cela a réduit drastiquement les émissions des gaz à effet de serre qui polluent l'air. Et tout cela nous apprend que nous devons préserver notre grande maison. »

Messages au monde

Lucie Laville : _« Restez chez vous ! restez chez vous ! A notre échelle, à l'échelle de chaque être humain. c'est la seule chose que l'on peut faire pour stopper le virus !
_

Parce que moi, je n'ai pas envie de demander : Est-ce que tu préfères qu'on mette un tube dans la bouche de ton papa ou de ta maman ? Parce que j'en ai qu’un.. J’ai deux patients, et j’ai un tube. J'ai un respirateur. On choisit qui? On choisit, qui ? Ton papa? Ta maman, tu préfères qui ? Et ça c'est horrible. »

Christos Kellas :« Cela vient d'une personne qui a combattu le coronavirus et a gagné. Et en fait, a gagné après une bataille très difficile. Nous devons rester à la maison! Peut-être que certains ne veulent pas se protéger, peut-être que certains veulent se faire du mal, mais ils n'ont pas le droit de nuire à la santé publique, de nuire à la société. »

Jess Marchbank :« Chérissez ces moments. Embrassez vos enfants. Appelez vos grands-parents. Montrez aux gens que vous les aimez. Que vous êtes là, qu’ils vous manquent, et qu’ils vous sont chers. Oui, vraiment. »

Henri Lapierre :« Et surtout, il y a un message d'espoir. C'est que bon, on arrive à s'en sortir dans de bonnes conditions. Donc, c'est surtout ça qui est important : de ne pas être fataliste et se dire que tout est foutu. Non, ce n'est pas vrai. Je pense qu'il faut conserver le moral. Moyennant quoi, ça favorise quand même le retour à une vie normale. »

Hebri Lapierre

Laurence Rétaméro :« De se booster les énergies , de se booster l’immunité par un mental positif autant que faire se peut, ça me paraît capital. Je vous remercie de ce reportage positif. je pense que c'est nécessaire. C'est capital, il faut le répéter. On va y arriver, évidemment. »

Guglielmo Schinina' :« Il faut penser pas seulement à nous-mêmes, pas seulement à nos propres pays, mais au monde comme une entité unique. Sinon, ces choses continueront à se produire. Il faut travailler ensemble sur ces choses non ? »

Joshua Dopkowski :« Le monde entier doit ralentir. Et nous pouvons toujours communiquer. Nous avons la chance de communiquer dans le monde entier grâce à la technologie numérique. Nous n'avons pas besoin de toujours bouger aussi vite, de voyager autant, et de consommer autant. »

Joshua & Ayla Dopkowski

Journaliste • Pierre Michaud

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