Le réseau mondial EncroChat démantelé : un séisme pour le crime organisé en Europe

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Par euronews avec AFP
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Encrochat, un réseau mondial de communications cryptées pour le crime organisé a été démantelé par les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises. Plus de 800 arrestations ont déjà eu lieu.

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C'est un "séisme" pour le crime organisé : les autorités judiciaires et policières françaises et néerlandaises ont annoncé le démantèlement d'un réseau mondial de communications cryptées, appelé EncroChat, et plus de 800 arrestations à ce jour.

Trafic de drogue, assassinats, blanchiment d'argent, extorsion de fonds, enlèvements... Cette opération conjointe d'infiltration et de démantèlement dans plusieurs pays européens a et va empêcher que soient perpétrés de nombreux actes criminels, comme nous l'a expliqué le directeur exécutif adjoint d'Europol Wil van Gemert :

"Avoir pu être à l'intérieur pendant deux mois et demi, avoir été au cœur des réseaux du crime organisé nous permettra de mieux comprendre les évolutions, les racines, et les points chauds.(...) Et le rôle d'Europol est maintenant de s'assurer que dans cette masse d'informations, car il y a toutes sortes d'activités criminelles : les trafics de cocaïnes, mais aussi les meurtres, la violence, les arnaques..., de s'assurer que nous obtenons les bonnes informations et que nous les transmettons, dans le respect des règles judiciaires, aux États membres et aux organismes membres de l'Union européenne qui pourraient s'en servir pour arrêter les criminels".

Pour les Pays-Bas, l'enquête a permis l'arrestation de "plus de 100 suspects", la saisie de "plus de 8 000 kg de cocaïne et d'1,2 tonne de méthamphétamine en cristaux", le démantèlement de "19 laboratoires de drogues synthétiques", la saisie de "dizaines d'armes à feu", de "montres de luxe", de "25 voitures" ainsi que de "près de 25 millions d'euros en liquide".

Au Royaume-Uni, où quelque 10 000 clients utilisaient les services d'EncroChat, les autorités ont interpellé 746 suspects et saisi 54 millions de livres sterling, 77 armes à feu et plus de deux tonnes de drogue, selon un communiqué de la National Crime agency (NCA), qui se réjouit d'avoir atteint des "têtes de réseau" semblant jusqu'alors "intouchables".

Des interpellations ont aussi eu lieu en Espagne, en Suède et en Norvège, selon la procureure de Lille qui s'est exprimé lors de la conférence de presse. La France n'a pas encore souhaité communiquer sur le sujet.

Dès 2017, l'utilisation de ces téléphones a été détectée en France lors d'opérations conduites par l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie nationale, qui a travaillé depuis sur le fonctionnement de ces communications chiffrées.

L'enquête a été menée à partir de 2018 par le parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Lille en raison de la localisation de serveurs assurant le fonctionnement d'EncroChat sur le territoire de son ressort.

Une information judiciaire a été ouverte le 28 mai dernier.

La procureur de Lille Carole Etienne, le sous-directeur de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale française Jean-Philippe Lecouffe et le procureur général néerlandais John Lucas ont notamment participé à la conférence de presse qui a eu lieu à La Haye (Pays-Bas), au siège d'Eurojust, l'organisme de coopération judiciaire entre pays européens.

L'enquête conjointe franco-néerlandaise, sous l'égide d'Eurojust, saisi en 2019 par la France et avec le soutien d'Europol, l'agence européenne de police criminelle, a permis ces derniers mois d'intercepter et de déchiffrer en temps réel, à leur insu, "plus de 100 millions de messages" échangés via EncroChat entre criminels à travers le monde.

Fuites au niveau des services de police

Mais les enquêtes, dont les résultats seront encore exploités "pendant des années", ont aussi révélé "des indices de fuite au niveau des services de police", qui sont pris "extrêmement au sérieux", a souligné Mme van den Berg. Elles ont démontré "clairement le rôle de la corruption tout au long de la chaîne de trafic illicite", a corroboré Wil van Gemert, directeur-adjoint exécutif d'Europol.

Cette intrusion d'envergure a pris fin le 13 juin lorsque le réseau s'est rendu compte, selon un message "d'alerte" adressé à tous ses clients, qu'il avait été "infiltré illégalement" par des "entités gouvernementales" et leur a alors conseillé de se débarrasser "immédiatement" de leurs téléphones.

Selon les autorités, la quasi-totalité des clients d'EncroChat ("de 90 % à 100 %") sont liés au crime organisé. Quelque 50 000 de ces téléphones étaient en circulation en 2020.

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