La cheffe de file de l'opposition bélarusse défie Loukachenko

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Par Euronews avec AFP
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La cheffe de file de l'opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a défié vendredi le président Alexandre Loukachenko en affirmant que le peuple bélarusse n'"acceptera jamais plus" son leadership, alors que le pouvoir a lancé des poursuites contre l'opposition.

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La cheffe de file de l'opposition bélarusse, Svetlana Tikhanovskaïa, a défié vendredi le président Alexandre Loukachenko en affirmant que le peuple bélarusse n'"acceptera jamais plus" son leadership, alors que le pouvoir a lancé des poursuites contre l'opposition.

"Le président devrait savoir maintenant que nous avons besoin d'un changement", a déclaré Svetlana Tikhanovskaïa à des journalistes à Vilnius dans sa première intervention depuis qu'elle s'est réfugiée en Lituanie le 11 août. Le peuple bélarusse "n'acceptera jamais plus le leadership actuel", a-t-elle assuré.

L'opposante, qui revendique la victoire à l'élection présidentielle du 9 août et dénonce des fraudes, "espère que le bon sens l'emportera, que les gens seront entendus et qu'il y aura des nouvelles élections".

Svetlana Tikhanovskaïa a précisé qu'elle rentrera au Bélarus quand elle se "sentira en sécurité", alors que les autorités bélarusses ont entamé jeudi des poursuites pour "atteinte à la sécurité nationale" à l'encontre du "conseil de coordination" formé par l'opposition pour promouvoir la transition politique après l'élection du 9 août.

L'opposition rejette les résultats de la présidentielle qui donnent M. Loukachenko gagnant avec 80% des voix.

Le président Alexandre Loukachenko, qui fait face à des manifestations quotidiennes et à un mouvement de grève déclenché à l'appel de l'opposition, a assuré vendredi qu'il allait "résoudre le problème". "C'est mon problème, que je dois résoudre et nous le résolvons. Et croyez-moi, dans les jours qui viennent, ça sera résolu", a-t-il ajouté, cité par l'agence de presse publique Belta.

Or, pour Svetlana Tikhanovskaïa, professeur d'anglais de 37 ans, novice en politique, qui a bouleversé la campagne présidentielle au Bélarus en rassemblant des foules inédites à ses meetings et en obtenant les soutiens d'autres opposants, les Bélarusses "ne pourront jamais pardonner et oublier toute la violence dont ils ont été la cible".

Un peu nerveuse, Svetlana Tikhanovskaïa a refusé de répondre à des questions sur sa propre sécurité. "Pour ce qui est des menaces, je préférerais ne pas aborder cette question-là en ce moment", a-t-elle dit en anglais.

"La peur et les mensonges"

"Tout le monde éprouve de la crainte aujourd'hui dans notre pays, mais c'est notre mission de surmonter cette peur et d'aller de l'avant", a souligné Svetlana Tikhanovskaïa.

L'UE a rejeté mercredi les résultats de la présidentielle et promis des sanctions supplémentaires contre les responsables bélarusses à l'origine de "violences, de répressions et de fraudes électorales".

Interrogée sur un soutien de la Russie à Loukachenko, Tikhanovskaïa a répondu : "J'appelle tous les pays du monde à respecter la souveraineté du Bélarus".

L'attitude de la Russie, plus proche allié et partenaire économique du Bélarus, sera essentielle à l'issue de la crise. Moscou a jusqu'à présent surtout mis en garde contre toute "ingérence étrangère" dans les "affaires internes" de son voisin.

"Nous ne voulons plus vivre dans la peur et les mensonges", a dit Tikhanovskaïa, appelant les travailleurs en grève à se concerter avec le conseil de coordination mis en place pour organiser les manifestations.

"La création du conseil de coordination a pour but de négocier une passation du pouvoir sans heurts", a affirmé l'opposante.

Les autorités s'en prennent désormais au "conseil" constitué dans la continuité du mouvement de protestation historique exigeant le départ d'Alexandre Loukachenko.

Un membre du conseil, l'avocat Maxim Znak, s'est présenté vendredi matin aux autorités à Minsk pour être interrogé. "Tous pour un et un pour tous !", se sont exclamés des manifestants à son arrivée.

Ce "conseil" a déjà été dénoncé avec vigueur par le président bélarusse qui y voit une tentative de "s'emparer du pouvoir" et a menacé de "refroidir certaines têtes brûlées" en son sein.

"Intimidation"

L'Union européenne a dénoncé vendredi les poursuites engagées par les autorités bélarusses contre le "conseil de coordination" formé par l'opposition, qualifiant cette attitude d'"intimidation".

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En répondant à la constitution de ce conseil par l'ouverture d'une procédure pénale, "les autorités de l'Etat bélarusse sont revenues une fois de plus à l'intimidation fondée sur des motifs politiques", a affirmé une porte-parole des services extérieurs de l'UE, Nabila Massrali.

"Nous appelons les autorités bélarusses à mettre fin à cette enquête et à reprendre le dialogue afin de trouver une issue à cette crise", a-t-elle ajouté dans une déclaration.

L'Onu s'est dite "extrêmement préoccupée" par le sort d'une centaine de manifestants arrêtés, même si des milliers d'autres ont été relâchés.

"Nous appelons les autorités du Bélarus à libérer immédiatement tous ceux qui ont été arrêtés arbitrairement ou illégalement", a dit Elizabeth Throssel, porte- parole du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH).

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