Chypre-Nord : victoire surprise du protégé de la Turquie

Chypre-Nord : victoire surprise du protégé de la Turquie
Tous droits réservés Nedim Enginsoy/Copyright 2020 The Associated Press. All rights reserved
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Par Euronews avec AFP
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Déjouant les pronostics, le candidat nationaliste Ersin Tatar, soutenu par la Turquie, a été élu dimanche "président" de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), un succès pour Ankara dans un contexte de vives tensions autour de ses projets en Méditerranée orientale.

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Déjouant les pronostics, le candidat nationaliste Ersin Tatar, soutenu par la Turquie, a été élu dimanche "président" de l'autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), un succès pour Ankara dans un contexte de vives tensions autour de ses projets en Méditerranée orientale.

Avec 51,69% des voix, M. Tatar supplante, selon le Conseil électoral, Mustafa Akinci, dirigeant sortant en froid avec le président turc Recep Tayyip Erdogan et partisan d'une réunification de l'île méditerranéenne sous la forme d'un Etat fédéral, augurant un changement radical des relations avec la partie sud de l'île.

La participation s'est élevée à 67,29% (199 000 inscrits sur plus de 300 000 habitants), soit trois points de plus qu'en 2015, malgré la pandémie de Covid-19.

Ankara salue la victoire de son protégé

Ankara a rapidement salué la victoire de son protégé : "Nous allons travailler ensemble pour assurer la prospérité, le développement et la sécurité des Chypriotes-turcs", a tweeté le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.

Après sa victoire, M. Tatar, partisan d'une solution à deux Etats, s'est entretenu au téléphone avec M. Erdogan, selon la présidence turque.

Le président turc s'est dit convaincu que les deux hommes allaient "poursuivre avec la même détermination leur coopération harmonieuse (...) à commencer par les activités liées aux hydrocarbures en Méditerranée orientale et le développement de Chypre-Nord".

M. Erdogan a en outre affirmé que "la Turquie et Chypre-Nord allaient poursuivre leurs efforts pour résoudre la question chypriote".

Interventions turques

M. Akinci a pour sa part félicité son adversaire et "ceux qui ont contribué à ce résultat". "Vous savez ce qui est arrivé pendant cette élection", a-t-il déclaré en référence aux interventions turques, ajoutant ne pas vouloir "faire de politique là-dessus".

L'élection s'est déroulée dans un contexte de vives tensions autour de l'exploitation d'hydrocarbures en Méditerranée orientale entre Ankara et Athènes, principale alliée de la République de Chypre -membre de l'Union européenne (UE) depuis 2004- qui exerce son autorité sur les deux tiers sud de l'île.

Après des forages réalisés au large de Chypre-Nord, le renvoi cette semaine d'un navire turc d'exploration dans des eaux revendiquées par la Grèce a réveillé la discorde et a entraîné une condamnation par les dirigeants de l'UE des "provocations" de la Turquie.

Considérant la RTCN comme une pièce majeure dans sa stratégie pour défendre ses intérêts en Méditerranée orientale, Ankara avait multiplié les coups de pouce à M. Tatar.

L'inauguration en grande pompe d'un aqueduc sous-marin entre Chypre-Nord et la Turquie et la réouverture partielle d'une ancienne station balnéaire abandonnée et bouclée par l'armée turque après la partition de l'île, avaient suscité des accusations d'ingérence de la Turquie et irrité de nombreux Chypriotes-turcs, M. Akinci en tête.

La difficile indépendance vis-à-vis de la Turquie

Mais afficher une position indépendante d'Ankara est difficile tant la RTCN est sous emprise économique turque depuis sa création en 1983, d'autant plus dans un contexte de crise.

Chypre a obtenu son indépendance du Royaume-Uni en 1960 mais les troupes turques ont envahi le nord de l'île en 1974 en réaction à un coup d'Etat visant à rattacher l'île à la Grèce.

Dans la partie sud de l'île, le parti communiste Akel a qualifié l'élection de M. Tatar de "développement négatif", appelant toutefois les Chypriotes-grecs à rester engagés à reprendre les négociations. De son côté, le parti socialiste a jugé que ce résultat "prouvait le rôle décisif d'Ankara dans les décisions des territoires occupés".

Les dernières négociations officielles ont échoué en 2017.

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