Maintenir les emplois dans l'UE : une lutte commune

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Par Naomi LloydFanny Gauret
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L'Union européenne assiste les États membres dans leurs efforts pour maintenir les emplois sur fond de pandémie : son instrument SURE leur donne des capacités renforcées. Nous évoquons sa portée en Lituanie et avec le commissaire européen Paolo Gentiloni.

En pleine deuxième vague de la pandémie, les emplois et entreprises à travers l'Union européenne restent durement touchés en ce début d'année 2021. Mais nous avons évité le pire grâce à la mobilisation de fonds publics nationaux pour maintenir les emplois et au soutien européen.

Bien que le chômage devrait culminer à 9,4% en 2021 dans la zone euro alors qu'il était de 7,5% en 2019, ce taux reste relativement faible par rapport à l'ampleur du ralentissement économique.

L'instrument européen SURE

La plupart des dispositifs de chômage partiel mis en place par les gouvernements qui couvrent une partie ou la totalité de l'activité sont financés par un instrument de la Commission européenne appelé SURE selon son acronyme anglais.

Cette initiative phare de la Commission européenne soutient ces dispositifs en tant que "deuxième ligne de défense" en particulier pour les indépendants en délivrant 90,3 milliards d'euros de prêts à 18 États membres.

Le principe : la Commission emprunte jusqu'à 100 milliards d'euros sur les marchés financiers en émettant des obligations à des taux d'intérêt faibles qui bénéficient de la notation solide de l'Union européenne. Puis elle prête les fonds levés aux États membres dans les conditions où elle les a empruntés.

Ces obligations SURE sont dites "sociales" car elles serviront un objectif social. Toutes celles émises en 2020 doivent être remboursées entre 2025 et 2051. Ainsi, près de 40 milliards d'euros ont déjà été levés sur les marchés depuis octobre.

L'exemple de la Lituanie

La Lituanie fait partie des pays bénéficiaires d'un prêt au titre de SURE. Dans sa capitale, Vilnius, nous rencontrons deux entrepreneures à la main verte. Les sœurs Kristina et Dovile Ambrazeviciute ont ouvert leur boutique de plantes en septembre 2019. Seulement quelques mois plus tard, avec le premier confinement, elles ont dû fermer leurs portes. "C'était un choc !" indique Dovile.

"On a reçu des aides pour notre employée et plus tard, des aides pour le loyer du magasin : cela nous a beaucoup aidées, cela nous a permis de survivre, je pense," précise Kristina.

Environ 90% du salaire de leur employée a été pris en charge par le gouvernement lituanien. Même si elles ont gagné seulement la moitié du chiffre d'affaires espéré cette année, les sœurs ont pu ouvrir un autre point de vente et embaucher trois personnes. Mais avec la propagation du virus, elles doivent à nouveau fermer leurs magasins.

"On va continuer à travailler avec notre magasin en ligne ; il faut aussi tout entretenir," souligne Dovile qui ajoute : "On va aussi travailler sur les demandes d'aides, cela fait beaucoup de papiers à remplir pour ma sœur." Kristina renchérit : "Et beaucoup de plantes à s'occuper pour ma sœur !" dit-elle en souriant.

Avec les dépenses publiques qui augmentent pour soutenir les entreprises comme ce magasin et pour éviter que les travailleurs perdent leur emploi, la Lituanie reçoit un soutien financier à travers l'instrument européen SURE, sous forme d'un prêt à faibles taux d'intérêts d'environ 600 millions d'euros.

Grâce au soutien européen, le pays a prévu de dépenser près de 900 millions d'euros en 2021 pour financer des aides sociales et des subventions salariales qui sont distribuées par le service public de l'emploi.

"La solidarité entre tous les États membres de l'Union est très importante," reconnaît Inga Balnanosiene, directrice des services de l'emploi lituaniens. "Je pense qu'avec notre budget national, on ne pourrait soutenir financièrement que 20% de ceux qui ont besoin d'aide actuellement," affirme-t-elle.

Et les indépendants ?

En tant que photographe freelance, Martynas Nikitaravičius a bénéficié de ce soutien quand la première vague de l'épidémie l'a privé de 80% de ses revenus. Mais à la différence des salariés, les travailleurs indépendants touchent environ 250 euros par mois de fermeture : c'est moins que la moitié du salaire minimum local.

"Cela m'a aidé, mais pas beaucoup : j'ai payé une partie de mes impôts, quelques factures, mais ce n'était pas suffisant," explique Martynas. _"_J'ai de la chance, je suis mariée et ma femme travaille, donc elle peut aider toute la famille," dit-il.

Avec un autre confinement, les espoirs de Martynas reposent sur l'arrivée rapide du vaccin pour retrouver son revenu habituel. Quant à Kristina et Dovile, elles dépendent des ventes de leur magasin en ligne et de nouvelles aides pour garder leur commerce avec leurs quatre employés.

Paolo Gentiloni : "Nous remettons à plus tard, mais c'est la bonne chose à faire"

À Bruxelles, nous avons interviewé le commissaire européen à l'économie Paolo Gentiloni sur cette question et lui avons demandé comment il voit l'avenir de nos emplois et de nos entreprises.

Naomi Lloyd, euronews :

"M. le Commissaire, vous avez participé à la mise en place de SURE. En quoi cet instrument est-il important ?"

Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'économie :

"Les conséquences sociales auraient été énormes sans ces dispositifs destinés à maintenir les emplois dans tous les pays européens. Donc nous sommes intervenus pour soutenir ces mesures, nous les avons renforcées. Nous avons donné à tous les États membres la capacité de réagir avec force à ce risque. Et la conséquence, c'est que de manière concrète, le taux de chômage dans l'Union ne s'est pas envolé de manière effrayante."

Naomi Lloyd :

"Mais cela ne revient-il pas à remettre à plus tard des licenciements massifs que nous empêchons aujourd'hui ?"

Paolo Gentiloni :

"Nous remettons à plus tard d'une certaine manière, mais je crois que c'est la bonne chose à faire. Dans une crise comme celle-ci, il faut réagir, construire une réponse commune. Nous avons besoin d'une stratégie pour accompagner la relance économique, mais dans la première phase de la crise, il faut sauver les emplois."

Naomi Lloyd :

"Dans notre reportage en Lituanie, Martinas en tant qu'indépendant ne reçoit pas autant d'aide financière qu'un salarié. Comment vous assurez-vous qu'à travers l'Union européenne, les indépendants bénéficient du même soutien ?"

Paolo Gentiloni :

"Nous encourageons les États membres à y veiller, mais nous n'intervenons pas dans leurs dispositifs. Ce n'est pas le but du mécanisme SURE. J'ai parfaitement conscience du risque que cette crise ne crée deux mondes : celui des salariés de grandes et moyennes entreprises qui sont traditionnellement protégés par ces dispositifs et celui des indépendants et des précaires qui ne sont pas protégés."

Naomi Lloyd :

"Quelles sont les perspectives pour nos emplois et entreprises en Europe pour cette année ?"

Paolo Gentiloni :

"La pandémie est encore là malgré les vaccins et l'avenir de l'économie dépend fortement de l'efficacité des campagnes de vaccination. Une chose est sûre : c'est que nous entamons le premier trimestre 2021 dans une situation difficile. Nous ne sommes pas encore dans une reprise en V. Nous sommes encore en difficulté."

Journaliste • Fanny Gauret

Video editor • Nicolas Coquet

Sources additionnelles • production : Camille Cadet ; cameramen : Christophe Obert (Lituanie), Pierre Holland et Jorne Van Damme (Belgique) ; motion design : NEWIC

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