L’Europe ne doit pas s’attendre à un revirement complet des Etats-Unis selon Anders Fogh Rasmussen

L'ancien secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen
L'ancien secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen Tous droits réservés Geert Vanden Wijngaert/AP
Par Efi Koutsokosta
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L’ancien secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, appelle les Européens à ne pas croire que l’arrivée de Joe Biden résoudra tous les défis de la coopération militaire transatlantique.

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L'Alliance militaire transatlantique a connu des temps difficiles sous la présidence de Donald Trump. Le président américain sortant a annoncé au cours de son mandat des revirements majeurs. Les Etats-Unis pourraient retirer une grande partie de leurs troupes présentes en Allemagne et des forces supplémentaires pourraient être positionnées en Pologne. Les bases militaires américaines en Turquie pourraient aussi appartenir au passé pour sanctionner Ankara d'avoir acheté à la Russie un système de défense antiaérien. 

Les dirigeants européens espèrent avec l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche un retour à des liens plus traditionnels entre les Alliés. Mais les priorités américaines pourraient ne pas fondamentalement changer. Euronews a interrogé l'ancien secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, pour évoquer ces défis.

Euronews :

Pensez-vous que le gouvernement de Joe Biden va rétablir les capacités américaines d'assurer la sécurité des démocraties occidentales et restaurer l'ordre mondial que l'on a connu avant Donald Trump?

Anders Fogh Rasmussen :

Oui. Ma réponse courte est oui. Mais bien sûr il ne faut pas s'attendre à un retour à la période de Barack Obama, de George W Bush ou de Bill Clinton. Beaucoup de choses ont changé. Les Européens ne devraient pas s'attendre à ce que tous les problèmes soient réglés avec la présidence de Joe Biden. L'Europe doit par exemple remplir ses engagements comme dépenser 2% de son budget pour la défense. Joe Biden poussera en ce sens.

Euronews :

Quels sont les grands défis pour l'Europe actuellement? La Chine? La Russie ? Ou sa propre unité?

Anders Fogh Rasmussen :

C'est avant tout la Chine. La Chine monte en puissance. Et la Chine montre ses muscles non seulement dans son voisinage en mer de Chine, mais elle a aussi puni les Australiens. Dès que nous critiquons les Chinois, nous voyons les diplomates chinois hausser le ton et s'en prendre aux gouvernements européens. Et puis ils vont faire du chantage et pointer du doigt certains pays européens.

Donc je pense que l'un des grands défis pour l'Europe est de rester unie. Rester unie mais la Russie est aussi un défi. Je pense que nous devrions renforcer notre pression sur la Russie pour qu'elle cesse toute déstabilisation dans l'Est de l'Ukraine. Personnellement je souhaiterais voir l'arrêt du gazoduc Nord Stream 2 en mer Baltique. Je pense que l'Europe va subir des pressions identiques des Etats-Unis.

Euronews :

Est-ce que l'Europe peut parler d'une seule voix lorsqu'il s'agit de la Chine?

Anders Fogh Rasmussen :

Il est de plus en plus difficile pour l'Union européenne d'atteindre l'unité lorsqu'il s'agit de critiquer le gouvernement chinois. Et l'accord d'investissement entre l'UE et la Chine va amplifier ce problème. Je pense que la Chine a obtenu plus que des gages économiques avec ce texte. Elle a divisé l'Union européenne et les Etats-Unis et elle s'est assurée qu'il sera plus difficile pour l'Union de critiquer le manque de respect des droits de l'homme en Chine.

Journaliste • Grégoire Lory

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