Baisse des féminicides en 2020 en France, mais pas des violences conjugales : quel bilan en tirer ?

Baisse des féminicides en 2020 en France, mais pas des violences conjugales
Baisse des féminicides en 2020 en France, mais pas des violences conjugales Tous droits réservés Thibault Camus/Copyright 2019 The Associated Press. All rights reserved
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Par Guillaume Petit
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90 femmes sont décédées sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints en 2020, contre 146 en 2019.

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C'est encore loin d'être une victoire mais le chiffre est porteur d'espoirs. Selon le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti, le nombre de féminicides a fortement baissé l'année dernière en France. 90 femmes sont décédées sous les coups de leurs conjoints ou ex-conjoints en 2020, contre 146 en 2019. C'est le chiffre le plus bas enregistré depuis que le gouvernement a commencé à recenser les féminicides en 2006.

Mais c'est toujours 90 de trop. "Bien sûr que chaque homicide, que chaque violence est un échec avec les conséquences humaines dramatiques que l'on imagine, un échec pour notre société toute entière, c'est un échec pour le ministère de la Justice", a reconnu mardi le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti."Cette baisse (du nombre de féminicides)tient sans doute au regard que la société toute entière porte sur ces violences conjugales et sur ces crimes odieux, elle tient aussi au travail des associations".

"Elle tient encore aux moyens que le ministère de la Justice a mobilisé pour lutter contre ces violences", a-t-il également déclaré, citant le déploiement des bracelets anti-rapprochement, les "1 260 téléphones grave danger d'ores et déjà distribués" et les ordonnances d'éloignement permettant l'éviction du domicile du conjoint violent.

Quelles conclusions faut-il en tirer ?

Poussé par la mobilisation des associations et la prise de conscience de l'opinion publique, le gouvernement français avait adopté, à l'issue du Grenelle des violences conjugales fin 2019, une quarantaine de mesures fin 2019, comme le déploiement de bracelets anti-rapprochement pour les conjoints ou ex-conjoints violents, ou encore la création de 1 000 nouvelles places d'hébergement.

Un an plus tard, plus de 60% de ces mesures étaient effectives, avait annoncé fin novembre le Ministère de l'Égalité entre les femmes et les hommes.

Mais les associations tirent un bilan en demi-teinte pour 2020. Car baisse des féminicides ne signifie pas baisse des violences conjugales. Au contraire. Pendant le premier confinement, le nombre d'appels d'urgence a fortement augmenté. "45 000 appels ont été reçus, avec un pic à 29 400 appels en avril, soit trois fois plus que les mois précédents", note dans un rapport la Fondation des femmes. Cette dernière évoque par ailleurs une "hausse de 32% de signalements en matière de violences conjugales en régions, et de 36% en Ile-de-France", tandis que les interventions de la police à domicile pour “différends familiaux” ont augmenté "de 48% en France et de 33% dans la capitale".

Le gouvernement est-il à la hauteur des enjeux ?

Si les associations saluent la réactivité du gouvernement dans la prise en charge des victimes pendant ce confinement, elles dénoncent dans le même temps une réponse qui n'a plus été à la hauteur à l'issue de cette période. Si certaines mesures comme les bracelets anti-rapprochement ont "rapidement été mises en oeuvre", les associations déplorent les insuffisances et un retard en matière d'hébergement d'urgence, mais aussi dans les domaines de la santé et du travail.

Elles dénoncent par ailleurs un "décalage entre les mesures annoncées et les moyens alloués", bien que le ministère chargé de la lutte contre les violences conjugales ait annoncé en 2020 une augmentation de son budget de près de 40% pour l’année 2021.

"Toutefois, ces augmentations couvrant des nouvelles politiques ne résolvent pas la question du sous-financement chronique du secteur", note la Fondation des femmes. "Les crédits alloués sont supérieurs aux hypothèses calculées par la Fondation des Femmes concernant le dispositif des Téléphones Grave Danger, mais demeurent inférieurs aux hypothèses en matière de places d’hébergement, d’accès aux soins et de dispositifs d’accueil, d’orientation et d’accompagnement", relève-t-elle également.

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