Assassinat de Jamal Khashoggi : Washington accuse Mohamed Ben Salmane

Mohamed Ben Salmane à Osaka, le 29 juin 2019
Mohamed Ben Salmane à Osaka, le 29 juin 2019 Tous droits réservés Susan Walsh/Copyright 2019 The Associated Press. All rights reserved.
Par Euronews avec AFP
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Washington affirme que le prince saoudien MBS a "autorisé" une opération pour "capturer ou tuer" Khashoggi (rapport)

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Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a "validé" l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018, affirment les services de renseignement américains dans un rapport publié vendredi.

"Nous sommes parvenus à la conclusion que le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a validé une opération à Istanbul, en Turquie, pour capturer ou tuer le journaliste saoudien Jamal Khashoggi", écrit la direction du renseignement national dans ce court document déclassifié de quatre pages.

"Le prince héritier considérait Khashoggi comme une menace pour le royaume et plus largement soutenait le recours à des mesures violentes si nécessaire pour le faire taire", ajoute-t-elle.

Découpé

Collaborateur du Washington Post et critique du régime saoudien après en avoir été proche, l'éditorialiste s'était exilé aux Etats-Unis en 2017, redoutant une arrestation après avoir critiqué le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS.

Jamal Khashoggi était âgé de 59 ans au moment de sa mort. Ses restes n'ont jamais été retrouvés.

Le journaliste était entré le 2 octobre 2018 au consulat saoudien à Istanbul, selon une image de caméra de surveillance publiée par le Washington Post. Sa fiancée turque, Hatice Cengiz, affirme qu'il s'y était rendu pour des démarches administratives en vue de leur mariage mais n'en est jamais ressorti.

Le 5, MBS affirme que Khashoggi est entré au consulat mais en est sorti peu après. Une source proche du gouvernement turc affirme le lendemain que "le journaliste a été tué au consulat par une équipe venue spécialement à Istanbul et repartie le même jour". Ryad dément.

Le Washington Post affirme le 7 que le corps "a probablement été découpé et mis dans des caisses avant d'être transféré par avion" hors de Turquie. Selon le New York Times, l'un des hommes soupçonnés d'être impliqué dans l'assassinat appartient à l'entourage de MBS et trois autres aux services de sécurité rattachés au prince héritier.

Une crise majeure

Le 20 octobre, Ryad admet que le journaliste a été tué dans le consulat lors d'une "rixe". Le roi Salmane demande à son fils, MBS, de restructurer les services de renseignement. Quatre responsables sont limogés.

Khashoggi a été victime d'un "meurtre", déclare le lendemain le ministre saoudien des Affaires étrangères, évoquant une "opération non autorisée", dont MBS n'était "pas informé".

Le 23, le président turc Recep Tayyip Erdogan décrit un "assassinat politique" "planifié", exécuté par une équipe de "quinze agents". MBS réagit publiquement le lendemain: "c'est un incident hideux et totalement injustifiable".

Le 2 novembre, M. Erdogan accuse les "plus hauts niveaux du gouvernement saoudien" d'avoir commandité le meurtre, excluant le roi. Son conseiller affirme que le corps a été démembré pour pouvoir être "dissous".

Le 15, les Etats-Unis annoncent des sanctions contre des responsables saoudiens. L'Allemagne, la France et le Canada suivent. À la suite de la publication du rapport, Washington annonce ce vendredi interdire d'entrée "quiconque s'attaque à des dissidents ou journalistes à l'étranger".

MBS "responsable"

Le 16, le Washington Post rapporte que la CIA a conclu que MBS avait commandité l'assassinat.

Le 20, le président américain Donald Trump n'exclut pas que le prince ait été au courant, mais affirme que "les Etats-Unis entendent rester un partenaire inébranlable de l'Arabie saoudite". La CIA n'a "rien trouvé d'absolument certain".

Le 4 décembre, des sénateurs républicains affirment toutefois, après avoir été informés des conclusions de la CIA, n'avoir "aucun doute" sur le fait que le prince a "ordonné" le meurtre. Le 13, le Sénat adopte une résolution tenant MBS pour "responsable".

Le 19 juin 2019, la rapporteure spéciale de l'ONU sur les exécutions sommaires Agnès Callamard affirme avoir des "éléments de preuves crédibles, justifiant une enquête supplémentaire sur la responsabilité individuelle de hauts responsables saoudiens, y compris celle du prince héritier". Le rapport est "sans fondement", réagit Ryad.

Le 29, Donald Trump juge que la responsabilité du prince n'est pas établie.

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"Parodie de justice"

Le 7 septembre 2020, un tribunal saoudien annule, dans un verdict final, les cinq peines capitales prononcées en décembre 2019 pour le meurtre et condamne huit accusés non identifiés à des peines de sept à 20 ans de prison.

Le verdict est intervenu après que les fils de Jamal Khashoggi eurent annoncé en mai "avoir pardonné" aux tueurs.

Les services du procureur général soulignent que ce nouveau jugement met "fin" à l'affaire.

"Parodie de justice", réagit Agnès Callamard, selon qui "ces verdicts n'ont aucune légitimité juridique ou morale". La justice turque a pour sa part commencé en juillet à juger par contumace 20 Saoudiens, dont deux proches du prince héritier, l'ex-conseiller Saoud al-Qahtani et l'ancien numéro deux du renseignement, le général Ahmed al-Assiri, identifiés comme les commanditaires du meurtre.

Des restrictions de visas

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi des restrictions de visas pour 76 Saoudiens accusés d'avoir "menacé des dissidents à l'étranger", et notamment le journaliste saoudien Jamal Khashoggi, tué en octobre 2018 en Turquie.

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Ces sanctions s'inscrivent dans le cadre d'une nouvelle règle, baptisée par le département d'Etat américain "Khashoggi ban", ou "interdiction Khashoggi", visant à interdire d'entrée aux Etats-Unis toute personne accusée de s'attaquer, au nom des autorités de son pays, à des dissidents ou journalistes à l'étranger, a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken dans un communiqué.

Ces mesures sont annoncées dans la foulée de la publication du rapport des services de renseignement américains accusant le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane d'avoir "validé" l'assassinat de Jamal Khashoggi.

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