France : 5 700 lits d'hôpitaux supprimés en 2020

Membres du personnel médical de l'hôpital Bichat à Paris soignant un malade du Covid-19, le 22 avril 2021
Membres du personnel médical de l'hôpital Bichat à Paris soignant un malade du Covid-19, le 22 avril 2021 Tous droits réservés AP Photo/Lewis Joly
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Par Vincent Coste avec AFP
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Les fermetures d'établissements se poursuivent également dans l'Hexagone, où se développent de plus en plus les hospitalisations de jour.

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Le système hospitalier français est touché par une lente érosion depuis des années. Ce mouvement ne s'est pas enraillé l'année dernière. Ainsi plus de 5 700 lits d'hospitalisation complète ont été fermés en 2020 dans les établissements de santé de l'Hexagone. Près de 1 400 places d'hospitalisation partielle, ou ambulatoire ont été créé dans le même temps, selon une étude du ministère de la Santé publiée ce mercredi.
Le terme d' hospitalisation complète est utilisé par les autorités sanitaires françaises, lorsque le patient est "hébergé à l'hôpital et installé physiquement dans un lit et qu''il y passe au moins une nuit".

Le Covid-19 n'a donc pas interrompu la réduction inexorable des capacités hospitalières. Au contraire, la crise sanitaire a en partie amplifié les fermetures de lits. 

Signe de ce déclin, la France compte désormais moins de 3 000 hôpitaux et cliniques. "Sous l'effet des réorganisations et des restructurations", 25 établissements publics et privés ont fermé l'an dernier, indique la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS) du ministère de la Santé.

Les 2 983 structures encore ouvertes fin 2020 disposaient très exactement de 386 835 lits d'hospitalisation complète fin 2020, soit 5 758 de moins en un an – comparé au dernier bilan pour l'année 2019, publié en juillet par la même direction statistique des ministères sociaux.

Cette baisse est "un peu plus marquée" que les années précédentes, ce qui "pourrait s'expliquer par le contexte d'épidémie", avec "de nombreuses chambres doubles transformées en chambres simples pour limiter la contagion", ainsi que des déprogrammations massives pour réaffecter les personnels soignants dans les services de soins critiques.

Le nombre de lits de réanimation, qui a fortement varié au gré des vagues de Covid, a d'ailleurs terminé l'année en hausse de 14,5% (soit environ 6 200).

Un secteur hospitalier est particulièrement touché par ces baisses de lit et fermetures, celui de l'obstétrique et des maternités. Si le rapport publié ce mercredi ne donne pas explicitement de données sur cette question, de précédentes études publiées par le ministère de la Santé permettent de saisir l'ampleur du phénomène.

Les maternités sont ainsi passées de 578 à 481 entre 2008 et 2019 et les lits obstétriques de 18 053 à 15 057 sur la même période. Cette tendance ne se tarit pas puisque des établissements ont ou vont fermés en 2021 et d'autres sont menacés de l'être.

Vers un désert médical ?

L'accès aux lits d'hôpitaux est inégal pour les Français. Un constat qui va sans doute se poursuivre avec ce mouvement de fermeture qui se poursuit. Si les autorités sanitaires françaises entendent lutter contre la désertification des services de santé dans les territoire grâce à la création d'hôpitaux de proximité, ces derniers ne seront pas pourvus de services hautement importants comme la chirurgie et l'obstétrique.

La tendance actuelle est de concentré l'accès à tous les services dans les grands centres urbains. De nombreux habitants des zones rurales françaises doivent donc parcourir plusieurs dizaines de kilomètres pour se rendre à la maternité ou à l'hôpital.

Lorsque que l'on compare la situation de la France aux autres pays européens, l'Hexagone est dans la moyenne, selon des données d'Eurostat. Ainsi plus de 580 lits sont dénombrés pour 100 000 habitants en France, contre 200 en Suède et pratiquement 800 en Allemagne.

Au niveau mondial, la palme revient au Japon avec 12 000 lits d'hôpital pour 100 000 habitants, alors que les Etats-Unis n'en proposent que 280.

Les séjours ambulatoires et l'hospitalisation à domicile comme solution ?

La pandémie de covid-19 n'a pas empêché la tendance de fond, celle de l'hospitalisation partielle et du "virage ambulatoire" de se poursuivre, en raison de "contraintes de personnel" selon le ministère de la Santé. 1 369 places d'hospitalisation "de jour" ont ainsi été ouvertes en 2020, portant leur nombre total à 80 089.

L'hospitalisation à domicile a dans le même temps connu une "croissance particulièrement vive" de 10,8 %, soit 21 276 patients "pouvant être pris en charge simultanément sur le territoire".

Ce mode de prise en charge représentait ainsi, fin 2020, "7% des capacités totales en hospitalisation complète" hors psychiatrie, contre 2,1% en 2006.

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