Au procès du 13-Novembre, Salah Abdeslam évoque sa vie "simple" avant les attentats

Croquis du principal accusé Salah Abdeslam, à droite, et Mohammed Abrini dans la salle d'audience le 8 septembre 2021.
Croquis du principal accusé Salah Abdeslam, à droite, et Mohammed Abrini dans la salle d'audience le 8 septembre 2021. Tous droits réservés Noelle Herrenschmidt/Noelle Herrenschmidt
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Par Euronews avec AFP, AP
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Après avoir entendu pendant cinq semaines les témoignages de survivants de l'attentat de novembre 2015 et de familles en deuil, la cour d'assises spéciale de Paris a débuté lundi l'examen des personnalités des 14 accusés.

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Après avoir entendu pendant cinq semaines les témoignages de survivants de l'attentat de novembre 2015 et de familles en deuil, la cour d'assises spéciale de Paris a débuté lundi l'examen des personnalités des 14 accusés.

Seul membre encore en vie des commandos jihadistes qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et à Saint-Denis,Salah Abdeslam, 32 ans, est le premier à avoir été interrogé en raison de l'ordre alphabétique.

L'exercice est délicat : il s'agit d'évoquer sa vie sans "déborder sur le fond" du dossier qui ne sera abordé qu'en 2022, et donc sans évoquer son engagement religieux, comme le répétera plusieurs fois le président Jean-Louis Périès.Barbe fournie, crâne rasé, gros gilet gris sur une chemise beige, Salah Abdeslam décrit dans des réponses succinctes son enfance "très simple", heureuse, de fils d'immigrés marocains de Molenbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise.

Son père y est chauffeur de tramway, sa mère femme au foyer, il est le quatrième d'une fratrie de cinq. "J'ai trois grands frères, une petite sœur. Qu'est-ce que vous voulez savoir ?", dit Salah Abdeslam d'une voix calme teintée d'un léger accent belge, les mains jointes devant lui. Précisant n'avoir qu'"une seule" nationalité - française - il se décrit comme un enfant "calme, gentil, serviable".

Pudeur

"Bon élève", "aimé de (ses) professeurs", il a suivi un "enseignement technique en électromécanique", arrête les études à 18 ans pour travailler. Il aime le sport, "de combat, musculation, foot".

La cour veut parler de sa vie personnelle, de sa petite amie d'avant les attentats. "Vous avez toujours des contacts avec elle ?" "Non". "Et avant, vous aviez eu d'autres liaisons ?" Salah Abdeslam hésite. "Je ne souhaite pas m'exprimer sur ça, c'est un peu personnel".

L'accusé, volubile depuis l'ouverture du procès après un silence quasi constant pendant l'enquête, ne fuit pas les questions même s'il n'offre que de brèves réponses, courtoises. Depuis huit semaines, celui qui s'est présenté au premier jour des débats comme un "combattant de l'Etat islamique" a plusieurs fois pris la parole pour justifier les attaques ou critiquer ses conditions de détention.

Son parcours connaît une première bascule en 2011 : engagé depuis dix-huit mois dans l'entreprise de son père, Salah Abdeslam est mis en cause dans une tentative de cambriolage - après une soirée alcoolisée explique-t-il - et fait un premier séjour de cinq semaines en prison. Licencié, il alternera entre "intérim et chômage" et ajoutera une dizaine d'autres condamnations à son casier judiciaire. Il aide aussi un temps son frère Brahim, gérant de café et futur tueur et kamikaze des terrasses parisiennes. C'est le frère que Salah Abdeslam "préférait".

"Avant j'étais comme ça"

Le président de la cour cite un autre de ses frères, selon lequel Salah Abdeslam aimait bien "sortir, fréquenter des boîtes de nuit, des casinos". "Est-ce que c'est exact?". "Ouais", commence Salah Abdeslam. "Ouais, avant j'étais comme ça". Le président l'encourage à développer. "J'ai été à l'école publique en Belgique, j'ai été imprégné par les valeurs occidentales, je vivais comme vous m'avez appris à vivre en Occident".

J'ai été à l'école publique en Belgique, j'ai été imprégné par les valeurs occidentales, je vivais comme vous m'avez appris à vivre en Occident.
Salah Abdeslam

Le magistrat l'interroge ensuite sur ses conditions de détention, à l'isolement total et sous vidéosurveillance constante depuis son arrestation en 2016."Vivre avec des caméras 24 h/ 24, moi je l’ai supporté, grâce à mon Seigneur, mais c’est quelque chose qui peut pousser au suicide", déclare-t-il sous les questions de son avocat. "On les a placées pour m’empêcher de me suicider, mais y a aucune intimité, même les animaux ils sont pas traités comme ça !".

La première assesseure Frédérique Aline veut savoir pourquoi il n'a pas fait de demande de remise en liberté depuis qu'il est incarcéré. Il s'en étonne. "Parce que c'est difficile à imaginer que vous allez me lâcher".

L'audience s'est poursuivie avec l'interrogatoire de personnalité de Mohamed Abrini, coaccusé et ami d'enfance de Salah Abdeslam. Abrini a également décrit une vie de famille confortable alors qu'il grandissait à côté d'Abdeslam et d'Abdelhamid Abaaoud, qui a mené l'attaque de 2015. ''Nous ne sommes pas sortis du ventre de notre mère avec une kalachnikov'', a-t-il déclaré.

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