Attaques djihadistes, population en colère : le gouvernement du Burkina Faso démissionne

Le gouvernement du Burkina Faso a démissionné ce mercredi soir, après plusieurs manifestations de la population dénonçant son incapacité à lutter contre les attaques djihadistes récurrentes qui endeuillent chaque semaine ce pays d'Afrique de l'Ouest.
Christophe Joseph Dabiré, Premier ministre du Burkina, a remis mercredi une lettre de démission au président Roch Marc Christian Kaboré qui l'a acceptée. La démission du Premier ministre entraîne automatiquement celle du gouvernement, selon la loi au Burkina Faso.
"J'invite les Burkinabés, dans leur ensemble, à se mobiliser, pour soutenir le président du Faso et le nouvel exécutif qui sera mis en place. Je reste convaincu que c'est dans une unité d'action que nous pourrons relever les défis auxquels notre pays et notre peuple sont confrontés", a déclaré le premier ministre démissionnaire sur sa page Facebook.
Depuis plusieurs semaines, la colère montait contre l'exécutif. Le 9 novembre, l'opposition avait notamment exigé des "mesures urgentes" face à la "dégradation de la situation sécuritaire", dans un délai d'un mois. Le 27 novembre, des centaines de manifestants étaient descendus dans la capitale Ouagadougou pour dénoncer "l'incapacité" du pouvoir à contrer la violence djihadiste qui frappe le pays.
Spirale de violence
Des organisations de la société civile avaient exigé à cette occasion le départ du chef de l'Etat. Une dizaine de personnes dont un enfant et deux journalistes avaient été blessées dans la dispersion de ces marches. Le pouvoir en place est confronté a la colère de la population face aux attaques djihadistes qui frappent le pays chaque semaine. Elles ont fait environ 2 000 morts et 1,4 million de déplacés depuis 2015.
L'attaque le 14 novembre d'un détachement de gendarmerie à Inata (nord), une des plus meurtrières contre les forces de sécurité, a choqué le pays : au moins 57 personnes, dont 53 gendarmes, ont été tuées par des djihadistes armés. Deux semaines avant l'attaque, les gendarmes d'Inata avaient alerté l'état-major sur leur situation précaire, disant manquer de nourriture et s'alimenter grâce au braconnage.
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences attribuées à des groupes armés jihadistes, affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Les attaques qui visent civils et militaires sont de plus en plus fréquentes et en grande majorité concentrées dans le nord et l'est du pays.