Décapitations, viols, attentat : l'un des accusés du 13-Novembre justifie tout

Salle d'audience du procès des attentats du 13 novembre, photo prise le 8 septembre 2021
Salle d'audience du procès des attentats du 13 novembre, photo prise le 8 septembre 2021 Tous droits réservés AP Photo/Michel Euler
Par euronews avec AFP
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Premier des accusés à être interrogé au procès du 13-Novembre et assailli de questions, Mohamed Abrini n'a rien renié du groupe Etat islamique et justifié les attaques, une "réponse à la violence" occidentale.

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Exactions, viols, attentats... Premier des accusés à être interrogé au procès du 13-Novembre et assailli de questions, Mohamed Abrini n'a rien renié du groupe Etat islamique (EI) et justifié les attaques, une "réponse à la violence" occidentale.

Depuis dix minutes, le président de la cour d'assises spéciale Jean-Louis Périès le presse de dire ce qu'il pense vraiment de la religion, du jihad, de l'EI. Finalement, Mohamed Abrini s'exécute.

"Ecoutez, ceux qui se font exploser, c'est une réponse aux bombardements. A défaut d'avoir un soldat à tuer sur place, on fait des attentats. C'est attentats contre bombardements", lâche-t-il.

Debout dans le box, le Belge de 37 ans est le premier des 14 accusés présents à être interrogé sur le fond du dossier, quatre mois après l'ouverture du procès. Pour cette première phase d'interrogatoires, tous ne seront entendus que sur ce qu'il s'est passé avant l'été 2015.

Pour l'"homme au chapeau" des attentats de Bruxelles, le basculement dans la radicalisation s'est fait en 2014, à la mort de son "petit frère" tué en Syrie.

Mohamed Abrini confirme, mais nuance : "Pour vous c'est radical. Pour moi c'est l'islam normal".

"L'islam tel qu'il est enseigné par le prophète n'est pas compatible avec la démocratie. Pour vous, un homme qui a trois femmes c'est 'chelou', vous arrivez à faire des polémiques même pour le halal", lance plus tard ce brun volubile en chemise à carreaux.

"C'est la guerre, c'est comme ça"

"Le Coran, je le prends tout entier", ajoute l'accusé, "fier" de son cadet qui s'est "sacrifié pour aider des innocents" en Syrie.

La cour rappelle que son frère appartenait à une brigade connue pour sa cruauté, y compris envers les civils. "C'est la guerre c'est comme ça", élude Mohamed Abrini. "C'est un devoir pour tous les Musulmans d'aller faire le jihad".

Le président Périès pousse. "Ça justifie de s'en prendre à des gens en terrasse, à des concerts ?"

"Les choses dégueulasses, ça ne vient pas que d'un seul camp".

Le président insiste, rappelle que les bombardements français en Syrie "n'ont commencé qu'en septembre 2015". Mohamed Abrini s'emporte. "On a l'impression d'entendre des enfants, 'c'est vous qui a commencé !'. Avant il y avait eu des frappes de drones qui ont tué des civils".

Le président demande encore: "Et ça justifie les attentats ?"

"Moi ça, je suis pas capable de le faire, je l'ai toujours dit", balaie celui qui a renoncé à se faire exploser lors des attentats de Bruxelles et dont la véritable raison de la venue à Paris avec les commandos en novembre 2015 reste floue.

"Partir en Syrie pour voir des innocents se faire tuer, puis revenir pour tuer des innocents – parce que c'était des innocents... A un moment dans le cerveau, ça cale", explique l'accusé.

"Vous aussi vous avez coupé la tête de votre roi"

La cour, les parties, le poussent pendant des heures mais il refuse de condamner l'EI. Les décapitations filmées d'otages ? "Vous aussi vous avez coupé la tête de votre roi". Les viols de femmes Yezidies ? "Ça s'est fait dans toutes les conquêtes... Des historiens qualifient cela de projet de natalité".

"Moi j'accepte tout, au même titre que vous acceptez toute l'Histoire de France avec ses pages sombres et lumineuses", lâche Mohamed Abrini.

A une avocate des parties civiles, il refuse de répondre. "Vous me dégoûtez", lui dit-elle, faisant sursauter la cour.

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"Vous affirmez aux médias, ces hyènes, que nous sommes imperméables à la douleur des victimes. Je suis désolé moi ça me casse les couille_s", s'emporte-t-il. "J_e n'étais pas là le 13-Novembre, j'ai tué personne. J'ai entendu pendant deux mois des gens se plaindre à la barre".

Au tour des parties civiles dans la salle de sursauter. "Se plaindre ?", s'insurge-t-on sur les bancs.

Un autre avocat demande s'il a quelque chose à dire aux victimes. Long silence. "C'est une drôle de question, je ne sais pas quoi vous répondre". Un nouveau silence. "C'est vraiment triste ce qu'il leur est arrivé. Ils sont des doubles victimes, de la politique étrangère de la France et de celle de l'Etat islamique".

L'avocat pousse encore, exaspérant l'accusé. "Vous allez bien dormir si je dis que je condamne ? Si je pouvais j'aurais acheté la paix universelle. Mais j'ai pas les moyens".

Les attentats du 13-Novembre 2015 ont fait 130 morts et 350 blessés à Saint-Denis et Paris : les terroristes ont visé le Stade de France, des terrasses et le Bataclan.

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Le procès s'est ouvert le 8 septembre et doit durer neuf mois. Le procès a commencé avec l'audition des témoins, il sont plus de 300.

20 accusés sont poursuivis. Parmi eux, Salah Abdeslam, le seul survivant des com​​mandos terroristes qui ont ensanglanté Paris, comme jamais depuis la Seconde guerre mondiale.

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