Le Premier ministre portugais Antonio Costa est un socialiste pragmatique arrivé au pouvoir grâce à la gauche radicale, mais qui a toujours eu l'ambition de gouverner seul
Le Premier ministre portugais Antonio Costa est considéré comme l'architecte de la "Geringonça", l'alliance inédite des partis de gauche au Portugal, qui est arrivée au pouvoir pour la première fois en 2015.
À la tête du Parti socialiste, il a ensuite remporté les législatives d'octobre 2019, et a formé un gouvernement toujours grâce au pacte scellé avec la gauche radicale et les communistes. Mais à peine quelques mois plus tard, un défi à l'échelle mondiale va mettre ce pacte à rude épreuve. La pandémie de Covid-19 fera ressortir les frictions au sein de la gauche portugaise.
Parfois encensé, d'autres fois critiqué, le second mandant d'Antonio Costa à la tête du Portugal sera surtout marqué par la gestion de la crise sanitaire.
Un rôle important dans le plan de relance européen
Le Portugal jouera un rôle important dans la mise en œuvre du plan de relance européen pour surmonter les conséquences économiques du Covid-19 .
En juillet 2020, sous la présidence portugaise du Conseil de l’Union européenne, un plan de relance européen de 750 milliards d’euros sera validé par les 27 chefs d’État et de gouvernement.
Fier d'être le premier dirigeant européen à faire approuver son plan de relance et de résilience (PRR) à Bruxelles, Antonio Costa expliquera que parvenir à un accord entre les 27 États membres a été l'un des moments les plus difficiles de la présidence portugaise.
Divorce avec la gauche radicale
Mais cette victoire à Bruxelles ne sera pas synonyme de succès dans son pays.
En octobre, les autres partis de la gauche ne soutiendront pas le projet de loi de finances du gouvernement. Ce divorce rendra inéluctable la tenue d’élections législatives anticipées.
Ses anciens alliés ne cachent plus leur méfiance et certains voient même en lui "un obstacle" à une nouvelle union de la gauche.
Issus des milieux intellectuels de gauche
Né le 17 juillet 1961 à Lisbonne, Antonio Costa a grandi dans les milieux intellectuels fréquentés par ses parents, la journaliste Maria Antonia Palla, une socialiste, et l'écrivain communiste Orlando da Costa, descendant d'une grande famille de Goa, ancien comptoir colonial portugais en Inde.
Dès 14 ans, "Babush" ("enfant" en konkani, la langue de Goa), qui affirme avoir souffert du divorce de ses parents, mais pas de sa couleur de peau, s'engage dans la Jeunesse socialiste. Une licence en droit et sciences politiques en poche, il devient avocat en 1988.
À 34 ans, il est nommé secrétaire d'État aux Affaires parlementaires, un poste clef dans le gouvernement minoritaire d'Antonio Guterres, l'actuel secrétaire général de l'ONU, avant de devenir son ministre de la Justice.
Après un bref passage au Parlement européen, il revient aux affaires en 2005 comme ministre de l'Intérieur, mais quitte le gouvernement au bout de deux ans pour la mairie de Lisbonne, où il fait ses premiers pas à la tête d'une union de la gauche.
Cette fonction lui permet aussi de prendre ses distances avec l'ancien Premier ministre José Socrates, évincé du pouvoir en 2011, puis mis en examen pour corruption en 2014, deux mois après l'élection d'Antonio Costa à la tête du Parti socialiste.