Peu dépendants de la Russie et adaptés au gaz naturel liquéfié, l'Espagne et le Portugal pourraient tirer leur épingle du jeu.
L'Union européenne souhaite mettre fin à sa dépendance au gaz russe en diversifiant ses approvisionnements. Dans ce secteur, la péninsule ibérique peut tirer son épingle du jeu.
Leaders dans le renouvelable, l'Espagne et le Portugal importent du gaz algérien, et américain sous forme de gaz naturel liquéfié (GNL). Les deux pays disposent de sept usines de traitement du GNL, l'une au Portugal, les six autres en Espagne.
"Ensemble, les six centrales espagnoles gèrent 40% de la capacité totale de l'Europe continentale" explique Claudio Rodríguez, directeur général des infrastructures d'Enagas.
"Le fait de disposer de ce type d'infrastructure dans un système gazier ajoute de la flexibilité et renforce l'approvisionnement, par rapport aux systèmes des autres pays européens, qui dépendent totalement d'infrastructures physiques telles que les gazoducs" poursuit-il.
Mais il existe peu d'infrastructures permettant d'acheminer le gaz de la péninsule ibérique vers le reste de l'Europe. L'Espagne et la France, par exemple, partagent deux petits gazoducs qui peuvent transporter l'équivalent de sept cargaisons de GNL par mois. Une capacité insuffisante sachant que Madrid a reçu 27 cargaisons dans ses terminaux au mois de mars, en plus du gaz naturel algérien importé via gazoduc.
Les États-Unis ont d'ailleurs déjà augmenté leurs exportations de GNL vers l'Europe de 15 milliards de mètres cubes cette année, permettant à Washington de ravir la place d'Alger en tant que premier fournisseur de l'Espagne.
Face à la volonté de la Commission européenne de se passer des énergies fossiles russes d'ici 2030, Madrid et à Bruxelles projettent de lancer un projet de construction d'un grand gazoduc traversant les Pyrénées, pour approvisionner le reste du continent. Une initiative qui prendra du temps.
L'Espagne et le Portugal, qualifiés "d'île énergétique" par le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, pourraient être l'une des clés de l'avenir du bouquet énergétique européen.