Loi immigration : l'adoption du texte au Parlement ouvre une crise dans la majorité

Le groupe RN de Marine Le Pen a revendiqué une "victoire idéologique" après l'adoption de la nouvelle loi immigration par l'Assemblée nationale et le Sénat français.
Le groupe RN de Marine Le Pen a revendiqué une "victoire idéologique" après l'adoption de la nouvelle loi immigration par l'Assemblée nationale et le Sénat français. Tous droits réservés LUDOVIC MARIN/AFP or licensors
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Par euronews avec agences
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Au moins un ministre a déjà présenté sa démission après l'adoption de la loi immigration. La majorité s'est divisée. Le Rassemblement national de Marine Le Pen revendique une "victoire idéologique".

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L'adoption de la loi immigration par le Parlement français laissera des traces. Au moins un ministre a déjà présenté sa démission, il s'agit du ministre de la Santé Aurélien Rousseau, sans que l'on sache si elle avait été acceptée. Son absence a été remarquée au Conseil des ministres mercredi matin. Emmanuel Macron "n'a pas reçu la démission" du ministre, a de son côté affirmé la Première ministre Elisabeth Borne. 

Plusieurs autre ministres défavorables au texte, comme Clément Beaune (Transports), Patrice Vergriete (Logement) ou Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur), ont été reçus dans la soirée à Matignon.

M. Vergriete et Mme Retailleau, en désaccord avec le texte, avaient également "mis leur démission dans la balance" mardi après le ralliement du RN, selon une source ministérielle.

Après 18 mois de revirements et rebondissements autour de ce projet de loi inflammable, l'Assemblée l'a voté avec 349 voix pour et 186 voix contre, sur 573 votants, Républicains et Rassemblement national joignant leurs voix à celle de la majorité. Cette dernière s'est divisée : 59 voix lui ont manqué, sur 251 députés, entre votes contre et abstentions.

Le Sénat, dominé par la droite et le centre, avait adopté par 214 contre 114 le texte issu des longues et douloureuses tractations de la Commission mixte paritaire, conclave de sept sénateurs et sept députés dominé par la droite.

Sur X, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est félicité de l'adoption d'un texte "fort et ferme", "sans les voix des (88) députés RN". "La majorité a fait bloc, la manœuvre du RN a échoué", a estimé de son côté la Première ministre Elisabeth Borne, semblant passer outre la défection de près du quart de ses députés.

Une "victoire idéologique" pour Marine Le Pen

Le chef de file de la France Insoumise (gauche radicale), Jean-Luc Mélenchon, a de son côté dénoncé une "écœurante victoire" acquise au contraire grâce aux voix de l'extrême droite. "Un nouvel axe politique s'est mis en place", a-t-il réagi sur X.

Le texte aurait en effet été tout de même adopté si les parlementaires d'extrême droite s'étaient abstenus. Le résultat aurait en revanche été différent s'ils avaient voté contre.

Dans l'hémicycle, Gérald Darmanin a vanté un texte méritant d'être voté "pour la protection des Français", pour la "régularisation des travailleurs sans papiers", "pour la simplification de notre droit".

Il s'en est pris avec virulence à la gauche, l'accusant d'avoir trahi la "morale" en "quémandant les voix du RN" - une manière de prendre sa revanche sur la Nupes, dont la motion de rejet, votée par la droite et le RN, avait brutalement mis fin aux débats sur ce texte la semaine dernière dans l'hémicycle de l'Assemblée. Plongeant la macronie dans des tractations de la dernière chance avec la droite.

Gérald Darmanin a aussi vivement attaqué le RN, qui a décidé en dernière minute de voter pour le projet de loi, l'accusant de faire un "petit coup" politique pour mettre dans l'embarras la majorité, alors qu'il l'avait jusqu'à présent rejeté.

La gauche elle n'a eu de cesse de pointer dans le texte "une loi directement inspirée du programme de Jean-Marie Le Pen", le fondateur du Front national: "préférence nationale dans les prestations sociales, déchéance de nationalité, remise en cause du droit du sol", a énuméré la présidente du groupe LFI, Mathilde Panot.

Le RN a applaudi ces prises de parole dans l'hémicycle, se réjouissant de sa "victoire idéologique", comme avait dit Marine Le Pen plus tôt dans la journée.

"Ce soir, si les députés du Rassemblement national votaient contre, ce texte ne passait pas contrairement aux mensonges proférés par M. Darmanin. C'est une victoire totale des idées défendues par Marine Le Pen", s'est félicité le député d'extrême droite Jean-Philippe Tanguy.

La cheffe des députés écologistes Cyrielle Chatelain a elle fustigé Emmanuel Macron qui "a enterré le dépassement". "Il a trahi ses électeurs. Le seul mandat donné au président était de faire barrage à l'extrême droite et il a permis d'inscrire ses idées dans la loi", s'est-elle insurgée.

Signe du malaise dans la majorité, le président de la commission des Lois, Sacha Houlié, a voté contre le projet de loi. Et le président du groupe MoDem, Jean-Paul Mattei, s'est abstenu. "On est dans la main du RN, on a perdu sur tous les tableaux" et Marine Le Pen "a tout gagné", s'exaspérait une députée Renaissance.

Dans cette atmosphère pesante, les membres du gouvernement se retrouveront pour un Conseil des ministres à l'Elysée mercredi matin.

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