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Élection de Donald Trump : quelles conséquences pour l'OTAN ?

Le président américain Donald Trump pointe son doigt lors d'une conférence de presse après un sommet des chefs d'État et de gouvernement au siège de l'OTAN à Bruxelles, en Belgique, jeudi juillet.
Le président américain Donald Trump pointe son doigt lors d'une conférence de presse après un sommet des chefs d'État et de gouvernement au siège de l'OTAN à Bruxelles, en Belgique, jeudi juillet. Tous droits réservés  Geert Vanden Wijngaert/Copyright 2018 The AP. All rights reserved
Tous droits réservés Geert Vanden Wijngaert/Copyright 2018 The AP. All rights reserved
Par Sergio Cantone
Publié le Mis à jour
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La victoire de Donald Trump lors de la présidentielle américaine risque de susciter bien des craintes du côté des pays européens, membres de l'alliance atlantique, notamment en ce qui concerne le dossier ukrainien.

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Ce mercredi matin, les capitales européennes ont pris acte de la victoire de Donald Trump, qui va retrouver son fauteuil présidentiel à la Maison Blanche.

Désormais, de ce côté-ci de l'Atlantique, l'heure est aux interrogations dans les plus hautes instances, quant au sort que Washington réservera à l'OTAN.

Plusieurs chefs d'État européens se sont empressés de féliciter Donald Trump et d'exprimer leur volonté de travailler avec lui, tout en soulignant qu'ils protégeraient les intérêts de l'Europe. Au cours de la période qui a précédé l'élection américaine, plusieurs responsables politiques européens se sont dits préoccupés par les conséquences potentielles d'une victoire de Donald Trump, notamment en ce qui concerne le dossier ukrainien, ou encore l'avenir de l'OTAN.

Le fait n'a rien de nouveau : au cours de son premier mandat, déjà, le dirigeant républicain n'a cessé de fustiger l'alliance atlantique, déplorant une contribution américaine trop élevée à son goût, et estimant que les pays membres devaient prendre leurs responsabilités et revoir leurs budgets à la hausse en matière de défense.

Pendant sa campagne électorale, Donald Trump a martelé que les États-Unis défendraient les membres de l'OTAN face à une éventuelle attaque de la Russie, à la seule condition qu'ils respectent leurs obligations budgétaires relatives à la défense.

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, qui a rencontré Donald Trump à plusieurs reprises au cours des 14 années pendant lesquelles il a été premier ministre des Pays-Bas, a tenu des propos élogieux à l'égard du Président américain fraîchement élu, dans un message publié sur X, tout en soulignant l'importance de l'OTAN.

Mark Rutte a également évoqué les nombreux défis auxquels l'alliance est confrontée, mais sans faire mention de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, amorcée en 2022.

"Nous sommes confrontés à des défis de plus en plus nombreux au niveau mondial, que ce soit face à une Russie plus agressive, au terrorisme, à la concurrence stratégique avec la Chine ou en raison de l'alignement plus notable entre la Chine, la Russie, la Corée du Nord et l'Iran", a-t-il déclaré.

Le secrétaire général de l’OTAN a aussi affirmé que Donald Trump serait accueilli par une "alliance plus forte, plus large et plus unie" ,et a insisté sur l'augmentation des dépenses militaires dans ses rangs.

Selon l'OTAN, 23 de ses 32 membres atteindront son objectif de consacrer au moins 2 % du PIB à la défense cette année, contre seulement trois pays il y a dix ans.

Un résultat qui s'explique en partie par les pressions exercées sur l'alliance par Trump au cours de son dernier mandat, mais surtout par l'invasion massive de l'Ukraine par la Russie, selon certains dirigeants et observateurs.

De l'importance du pragmatisme

Alors que, sur le plan politique, Mark Rutte doit marcher sur une corde raide face au retour du milliardaire américain à la Maison Blanche, d'autres, en Europe, ne s'encombrent pas de ces considérations diplomatiques.

Marko Mihkelson, président de la commission parlementaire estonienne des affaires étrangères, a averti dans un post publié sur X ce mercredi que l'Europe devait se tenir "prête à se battre pour elle-même et ses alliés."

"Indépendamment du fait que le prochain président des États-Unis sera très probablement Donald Trump, l'Europe doit tout faire pour préserver l'alliance transatlantique. Les années les plus difficiles de l'OTAN sont devant nous", a écrit M. Mihkelson, qui occupe aussi les fonctions de chef de la délégation estonienne auprès de l'OTAN.

Selon certains analystes politiques, le pragmatisme sera de mise pour pouvoir aborder avec Donald Trump les questions relatives à l'OTAN.

Ce qui ne semble pas faire défaut à Mark Rutte, dont l'agilité et la souplesse lui ont valu le surnom de "Teflon Mark" aux Pays-Bas, et qui pourrait profiter à l'UE.

Les relations entre le magnat de l'immobilier et le dirigeant néerlandais seraient plutôt placées sous des auspices favorables, Donald Trump ayant une estime relativement bonne de Mark Rutte.

Lors d'un sommet de l'OTAN qui s'est tenu en 2018, lors duquel Donald Trump a laissé entendre que les États-Unis pourraient quitter l'alliance, le Premier ministre néerlandais de l'époque avait fait l'éloge du président américain, pour avoir poussé l'Europe à augmenter ses dépenses en matière de défense - même si ce n'était pas le cas -, selon Dick Zandee, responsable du programme de sécurité et de défense de l'Institut Clingendael, basé à La Haye.

"[Rutte] a donné du crédit à Trump, et ce dernier en a été flatté. Depuis lors, M. Rutte a eu son ticket d'entrée à la Maison Blanche, sous [la présidence de] M. Trump ", a indiqué M. Zandee, lors d'une récente interview à Euronews.

De traditionnelles matriochkas à l'effigie de Donald Trump et de Vladimir Poutine.
De traditionnelles matriochkas à l'effigie de Donald Trump et de Vladimir Poutine. Dmitri Lovetsky/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Une question d'argent

Les États-Unis sont de loin le principal bailleur de fonds de l'OTAN, puisqu'ils dépenseront près de 968 milliards de dollars (900 milliards d'euros) en faveur de la défense en 2024, selon les dernières estimations de l'alliance.

Pourtant, ces derniers sont confrontés à une crise de la dette, qui ne manque pas de soulever des questions quant à la manière dont le gouvernement américain pourra maintenir - ou revoir à la hausse- les dépenses relatives à la défense, alors que les intérêts sur la dette fédérale ont atteint un niveau record, et que les projets de Donald Trump sur ce volet ne feront probablement qu'alourdir ce fardeau.

Au sein de l'UE, les États membres - à leur échelle - font monter les enchères : pour la première fois depuis la fin de la guerre froide, l'Allemagne atteint cette année l'objectif de 2 % du PIB dévolus à la défense, la France se situant au même niveau. De nombreux pays limitrophes de l'Ukraine et de la Russie, comme l'Estonie, la Finlande, la Roumanie, la Hongrie et la Pologne, ont eux aussi revu leurs dépenses à la hausse sur le plan militaire, compte tenu du conflit qui se tient en ce moment à leurs portes.

La Pologne a notamment doublé ses dépenses liées à la défense, qui ont représenté plus de 4 % du PIB au cours de la dernière décennie, et le gouvernement s'est engagé à porter ces dépenses à 5 % du PIB l'année prochaine, ce qui en ferait le plus grand contributeur de l'alliance, en termes de ratio rapporté à la production économique du pays.

Ce mardi, Mark Rutte s'est rendu en Italie pour rencontrer la Première ministre Giorgia Meloni et le président Sergio Mattarella, pour évoquer les questions de défense et le soutien à l'Ukraine.

Alors que le secrétaire général de l'OTAN a rappelé à Giorgia Meloni l'importance de l'objectif de 2 % du PIB dévolus à des fins militaires, Rome compte au contraire ne pas dépasser 1,49 %, soit une légère baisse par rapport à l'enveloppe de 1,5 % en 2023, et la dirigeante italienne a appelé les pays européens à jouer un rôle plus important au sein de l'alliance.

"Comme vous le savez tous, nous pensons qu'il est nécessaire qu'à côté du pilier nord-américain de l'alliance, il y ait un pilier européen", a déclaré Giorgia Meloni.

L'objectif est double : il pourrait à la fois permettre d'apaiser Washington en démontrant un engagement et une efficacité accrus de la part des membres de l'UE, mais aussi renforcer la capacité du continent à se défendre, au cas où les États-Unis décideraient d'ébranler l'alliance, voire de la quitter.

Le président Donald Trump, à gauche, accueille le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, à droite, dans l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, lundi 2 juillet 2018.
Le président Donald Trump, à gauche, accueille le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, à droite, dans l'aile ouest de la Maison Blanche à Washington, lundi 2 juillet 2018. Susan Walsh/Copyright 2018 The AP. All rights reserved.

Des inquiétudes concernant l'Ukraine

L'Italie accueillera en 2025 la prochaine conférence sur la reconstruction de l'Ukraine. Depuis son entrée en fonction il y a quelques mois, Mark Rutte s'est efforcé d'obtenir le soutien de l'Occident en faveur de Kiev. L'alliance est en passe d'aider l'Ukraine à hauteur de 40 milliards d'euros cette année, a-t-il déclaré, et aurait accepté de maintenir ce niveau de financement en 2025.

De quoi étonner, quand on sait que Donald Trump a souvent tancé le niveau de soutien de Washington à Kiev, l'administration de Joe Biden ayant accordé à l'Ukraine des dizaines de milliards de dollars d'aide militaire et financière.

La promesse électorale de Donald Trump de mettre un terme à ce conflit - sans autre précision - a suscité l'inquiétude quant aux conséquences à prévoir sur l'effort de guerre de l'Ukraine, compte tenu notamment des critiques répétées à l'encontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky et des éloges réguliers formulés à l'égard du président russe Vladimir Poutine.

Selon une étude de l'université allemande de Kiel, le poids des armes fournies à l'Ukraine passerait de 59 milliards d'euros à 34 milliards d'euros, si Washington venait à supprimer son aide auprès de Kyiv.

En début d'année, les alliés de l'OTAN ont décidé d'occuper un rôle plus important pour coordonner l'approvisionnement en armes de l'Ukraine, en prenant le relais des États-Unis pour garantir le processus, alors que la présidence à venir de Donald Trump ne manque pas de susciter des inquiétudes.

Le président américain nouvellement élu, tout comme le parti républicain, affichent un nationalisme et un protectionnisme encore plus décomplexés, qui laissent deviner une tendance inexorable vers l'isolationnisme, estiment certains observateurs. De quoi nourrir encore des craintes quant aux effets à prévoir sur l'avenir de l'OTAN et de la sécurité mondiale.

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