Le vote des députés doit maintenant être validé par la Cour constitutionnelle du pays. Dans l'attente, le président Yoon Suk Yeol est suspendu de ses fonctions et a été remplacé par son Premier ministre.
Onze jours après avoir tenté d'imposer une loi martiale particulièrement controversée, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol vient de faire face à un vote de destitution. Par 204 voix sur 300, les députés de l'assemblées nationale ont voté ce samedi une motion contre le président. 200 voix étaient nécessaires pour renverser le président selon la constitution sud-coréenne. 85 députés du camps présidentiel ont voté contre (trois députés se sont abstenus).
Ce vote est intervenu alors que des dizaines de milliers de manifestants pro et anti-Yoon étaient rassemblés à Séoul, les premiers devant le Parlement et les seconds dans le centre-ville.
Dans son discours avant le vote, le chef de file de l'opposition, Park Chan-dae, du Parti démocrate, a justifié cette destitution estimant que la loi martiale avait constitué "une violation claire de la Constitution et une grave infraction à la loi" et que Yoon Suk Yeol était "le cerveau de cette rébellion".
Le scrutin s'est déroulé à bulletin secrets. Samedi dernier déjà une première motion de destitution avait échoué, la plupart des députés du Parti du pouvoir au peuple de M. Yoon ayant quitté l'hémicycle avant le vote pour empêcher le quorum d'être atteint.
Pour devenir effective, la motion de destitution doit encore être validée par la Cour constitutionnelle du pays. Dans l'attente, le président Yoon est suspendu de ses pouvoir et est remplacé par son Premier ministre Han Duck-soo.
Dans les faits, la Cour suprême sud-coréenne dispose de 180 jours pour se prononcer. Et si elle confirme le vote des députés ce serait la seconde fois qu'un président sud-coréen est destitué. Mais la destitution n'est pas automatique. En 2004, la Cour constitutionnelle avait invalidé le vote des députés en faveur du président Roh Moo-hyun.
Mais la situation actuelle semble cette fois différente. Outre les questions constitutionnelles, le président Yoon fait également l'objet d'une enquête pénale pour "rébellion" et s'est déjà vu interdire de quitter le pays.
Vendredi, le chef du commandement militaire de Séoul a été interpellé, et des mandats d'arrêt ont été lancés contre le chefs de la police nationale et celui de la police de Séoul, citant un "risque de destruction de preuves".
Quant au ministre de la Défense Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président à imposer la loi martiale, il a tenté de se suicider après son arrestation.
A l'annonce du vote des députés sud-coréens, le service diplomatique européen a pris note de leur décision tout en indiquant qu'il était "important à présent de garantir une résolution rapide et ordonnée de la crise politique actuelle, conformément à la Constitution coréenne".
La République de Corée est un partenaire stratégique important pour l'UE.