L'armée israélienne doit se retirer du Sud-Liban en vertu de l'accord de cessez-le-feu conclu en novembre avec le Hezbollah. Mais Israël accuse l'armée libanaise de ne pas avoir respecté ses engagements.
Les forces israéliennes dans le sud du Liban ont ouvert le feu sur des manifestants qui exigeaient leur retrait conformément à un accord de cessez-le-feu, tuant au moins 15 personnes et en blessant plus de 80, dimanche, selon les autorités libanaises.
Parmi les victimes figurent deux femmes et un soldat de l'armée libanaise, affirme le ministère libanais de la Santé.
Des manifestants, dont certains portaient des drapeaux du Hezbollah, ont tenté de pénétrer dans des villages situés le long de la frontière pour protester contre le non-retrait d'Israël dans le délai de 60 jours prévu par l'accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah conclu en novembre.
Israël a justifié le maintien de sa présence en affirmant que l'armée libanaise ne s'était pas entièrement déployée dans la région pour empêcher le retour du Hezbollah. Cependant, l'armée libanaise a également déclaré qu'elle ne pouvait pas se déployer tant que les forces israéliennes ne se seraient pas retirées.
Israël accuse le Hezbollah d'avoir organisé les manifestations
L'armée israélienne a attribué les manifestations au Hezbollah, affirmant dans un communiqué que les troupes avaient tiré des coups de semonce pour "écarter les menaces" des individus qui s'approchaient de leurs positions. Plusieurs suspects auraient été arrêtés et sont actuellement interrogés.
Le président libanais Joseph Aoun s'est exprimé sur la question, soulignant la souveraineté du Liban et appelant à la retenue.
"La souveraineté et l'intégrité territoriale du Liban ne sont pas négociables", affirme-t-il, appelant à faire confiance aux forces armées libanaises pour protéger les civils.
Le président du Parlement, Nabih Berri, dont le parti, le Mouvement Amal, est allié au Hezbollah et qui a servi de médiateur entre le groupe militant et les États-Unis lors des négociations sur le cessez-le-feu, a décrit les violences comme un "appel clair et urgent à la communauté internationale pour qu'elle agisse immédiatement et contraigne Israël à se retirer des territoires libanais occupés".
Avichay Adraee, porte-parole en langue arabe de l'armée israélienne, a publié sur le réseau social X un message accusant le Hezbollah d'envoyer des "émeutiers" et de "tenter d'aggraver la situation pour détourner l'attention de sa position et de son statut au Liban et dans le monde arabe".
Dimanche matin, il a exhorté les habitants de la zone frontalière à ne pas retourner dans leurs villages.
Escalade des tensions dans la zone frontalière
Des représentants des Nations unies, dont la coordinatrice spéciale pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, et le chef de la mission de la FINUL, Aroldo Lázaro, ont exhorté Israël et le Hezbollah à respecter l'accord de cessez-le-feu, avertissant que la poursuite de la violence mettait en péril la sécurité fragile de la région.
"Les délais prévus dans l'accord de novembre n'ont pas été respectés", peut-on lire dans la déclaration de l'ONU, qui souligne la nécessité du retrait des forces israéliennes, du retrait des armes non autorisées au sud du fleuve Litani et du redéploiement de l'armée libanaise.
Dimanche, la FINUL a fait état d'une escalade des tensions près de la Ligne bleue - la démarcation de la frontière entre le Liban et Israël établie par les Nations unies en 2000 -, des manifestations et des coups de feu y ayant perturbé les opérations de maintien de la paix.
Des journalistes intégrés aux forces de maintien de la paix ont déclaré avoir entendu des coups de feu près de Mays al-Jabal et avoir vu des manifestants se rassembler à proximité de leur base.
La guerre a déplacé plus d'un million de Libanais, dont plus de 112 000 n'ont toujours pas pu rentrer chez eux. La FINUL a appelé au retour en toute sécurité et dans la dignité des civils déplacés des deux côtés de la frontière.