À Genève, les ministres des Affaires étrangères français, allemand, britannique et la cheffe de la diplomatie européenne ont tenté de reprendre le chemin des négociations. Téhéran exige au préalable l’arrêt des frappes israéliennes.
Une réunion de quatre heures, dans un hôtel de Genève, n'a pas abouti à une percée diplomatique, alors que la guerre entre Israël et l'Iran est entrée dans sa deuxième semaine avec une nouvelle série de frappes entre les deux adversaires.
Les ministres des Affaires étrangères du Royaume-Uni, de la France et de l'Allemagne, ainsi que la cheffe de la diplomatie de l'Union européenne, Kaja Kallas, ont retrouvé leur homologue iranien, Abbas Araghchi, pour exhorter Téhéran à "poursuivre des discussions" avec Washington sur son programme nucléaire alors que le président Donald Trump continue d'envisager une implication militaire des États-Unis.
Il s'agissait de la première rencontre en tête-à-tête entre des responsables occidentaux et iraniens depuis le début du conflit.
Dans une déclaration écrite commune publiée à l'issue des pourparlers, les trois pays européens et l'UE ont indiqué qu'ils avaient "discuté des moyens de parvenir à une solution négociée concernant le programme nucléaire iranien".
Ils ont réitéré leurs inquiétudes quant à "l'expansion" du programme nucléaire, ajoutant qu'il n'avait "aucune finalité civile crédible".
Les responsables européens ont exprimé l'espoir de futures négociations, et l'Iranien Abbas Araghchi s'est dit ouvert à la poursuite du dialogue, tout en soulignant que Téhéran n'avait aucun intérêt à négocier avec les États-Unis alors qu'Israël poursuivait ses attaques.
"L'Iran est prêt à envisager la diplomatie si l'agression cesse et si l'agresseur est tenu pour responsable des crimes qu'il a commis", a-t-il déclaré aux journalistes.
Trump tacle les Européens
Donald Trump qui s’était donné un délai "maximum" de deux semaines pour décider ou non d’une intervention américaine, s'en est pris aux Européens quelques heures après la rencontre de Genève, en qualifiant leurs efforts d'"inutiles".
"L’Iran ne veut pas parler à l’Europe. Ils veulent nous parler à nous. L’Europe ne va pas pouvoir aider sur ce sujet", a-t-il déclaré.
"Nous avons le droit de défendre notre intégrité territoriale"
Face à une éventuelle entrée en guerre des États-Unis, l'ayatollah Khamenei a rejeté les appels à la "reddition" lancés par Donald Trump mercredi et a averti que toute implication militaire des Américains leur causerait "des dommages irréparables".
Juste avant de rencontrer les diplomates européens vendredi, le ministre des Affaires étrangères Araghchi a fait une brève apparition devant le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève, déclarant que les "attaques d'Israël contre les installations nucléaires constituent de graves crimes de guerre".
"L'Iran est déterminé à défendre son intégrité territoriale, sa souveraineté nationale et sa sécurité avec toute la force nécessaire", a-t-il insisté.
Téhéran affirme depuis longtemps sur le caractère pacifique de son programme nucléaire, bien qu'il soit le seul État non doté d'armes nucléaires à enrichir de l'uranium jusqu'à 60 %, qui se rapproche de niveaux de "qualité militaire" (environ 90 %).
L'accord nucléaire initial de 2015 entre l'Iran et les puissances mondiales avait été négocié en grande partie par les trois nations européennes.
Toutefois, la coopération de l'Iran avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'organe de surveillance nucléaire de l'ONU, a été jugée insuffisante, ce qui a conduit les puissances européennes à mettre en garde contre la réimposition des sanctions qui avaient été suspendues dans le cadre de l'accord.
Aucune date n'a été fixée pour le prochain cycle de négociations entre Européens et Iraniens.
Samedi, au lendemain de la rencontre de Genève, le chef de la diplomatie iranienne est arrivé à Istanbul pour une réunion avec des diplomates des pays membres de l'Organisation de la coopération islamique (OCI).