L'Otan travaille avec le secteur privé pour concevoir de nouvelles technologies de défense et pouvoir répondre à l'Ukraine, engagé dans une guerre hybride face à la Russie.
Les drones et les nouvelles technologies jouent un rôle de plus en plus déterminant sur le champ de bataille en Ukraine. Qu’il s’agisse de défense aérienne, d’acheminement de poches de sang ou de frappes en profondeur en territoire ennemi, ces systèmes deviennent essentiels à un moment où les effectifs humains sont soumis à une forte pression sur la ligne de front.
La ville de garnison finlandaise de Riihimäki aspire à devenir un pôle de l’Otan dans ce domaine crucial de l’innovation en matière de défense. Historiquement connue pour sa production d’armes à feu, cette localité du sud du pays a récemment lancé une initiative baptisée Define, qui associe des technologies militaires et des solutions issues du secteur privé afin d’assister – voire de remplacer – les soldats sur le front.
Parmi ces technologies figurent notamment des véhicules sans pilote d'Arx Robotics, déjà en cours sur le front ukrainien. Ces derniers servent à "transporter un soldat blessé sans nuire aux autres soldats ou d'effectuer toute sorte de reconnaissance et de surveillance permettant d'identifier les activités ennemies", explique Roberta Randera, directrice du développement commercial chez Arx Robotics
L'innovation en matière de nouvelles technologies progresse rapidement, qu'il s'agisse de drones ou de véhicules sans pilote. Toutes ces technologies sont essentielles pour la ligne de front en Ukraine et pour le flanc est de l'Europe.
Mais si l'Ukraine et ses alliés innovent, c'est aussi le cas de la Russie. "Je dirais qu'elle est dans une bien meilleure position que l'Otan. Parce que Moscou a déclenché une guerre contre l'Ukraine et développe des technologies beaucoup plus rapidement que d'autres pays", assure Gediminas Guoba, PDG de Granta Autonomy.
Une ligne de tir "de plus en plus dense"
Oleksander Voitko, commandant adjoint des forces armées ukrainiennes, opère sur la ligne de front à Kherson. Selon lui, les drones sont d'une importance capitale pour l'Ukraine en raison de la pénurie de main-d'œuvre. "Les Russes apprennent tout le temps. Ils ont également amélioré leurs drones. Ce n'est donc pas un ennemi stupide, c'est un ennemi très intelligent. La Russie est donc un ennemi très dangereux, et nous ne pouvons pas la sous-estimer", a-t-il prévenu.
Jan-Erik Saarinen, PDG de Double-Tap Investments, vient de rentrer de la ligne de front à Kherson, où il a testé de nouvelles technologies avec l'armée ukrainienne. Selon lui, l'Ukraine fait gagner du temps à l'Europe pour renforcer ses défenses.
Il décrit une "pression terrible" sur la ligne de front avec une zone de tir qui devient "de plus en plus dense". "Cela signifie qu'il n'y a pas de ligne de front comme vous l'imaginez. Elle s'étend sur dix ou vingt kilomètres", poursuit-il.
"Nous avons des capteurs acoustiques qui alertent les drones, nous avons des contre-tactiques, des contre-mesures", poursuit-il, listant les nouvelles technologies qu'il a pu voir en conditions réelles.
Mais malgré cela, il sait que la situation est critique. "Ce n'est pas facile, mais ils n'abandonnent pas. Je leur en suis très reconnaissant. Ils nous font gagner du temps", conclut-il.
L'Otan affirme qu'elle intensifie ses essais de nouvelles technologies de défense afin de renforcer la résilience opérationnelle de l'Alliance.