La guerre déclenchée par la Fédération de Russie contre l'Ukraine tue non seulement des personnes, mais aussi la nature, à tel point que certains évoquent le terme d'écocide.
Les écologistes résument les résultats alarmants de la marée noire survenue à partir du 15 décembre 2024 dans le détroit de Kertch, passage maritime reliant la mer d'Azov et la mer Noire, qui sépare la péninsule de Crimée et la Ciscaucasie.
Suite à l'accident impliquant deux pétroliers russes, du carburant s'est déversé dans l'eau, polluant le littoral nord de la mer Noire et certaines zones de la mer d'Azov, et causant la mort d'oiseaux et d'animaux. Les navires coulés, appartenant à la "flotte fantôme" russe, transportaient des produits pétroliers de la Russie, en violation des sanctions internationales.
Le Centre de sauvetage scientifique et écologique Delfa vient en aide aux dauphins blessés en surveillant les côtes du kraï de Krasnodar, en Russie. Il a recensé 688 décès de cétacés le long de ces côtes depuis la marée noire.
Les spécialistes de Delfa précisent que ce chiffre reste dans la fourchette haute, mais qu'ils ont constaté « une forte augmentation des décès au cours du premier mois suivant la catastrophe, une hausse prévisible pendant la saison des échouages, ainsi qu'une augmentation du nombre de décès fin octobre et en novembre ».
« L'impact d'une marée noire d'une telle ampleur sur les populations de cétacés reste à déterminer. Selon des études scientifiques, des effets différés pourraient se faire sentir pendant plusieurs années », indique le centre Delfa.
La guerre menée par la Russie contre l'Ukraine tue non seulement des personnes, mais aussi la faune sauvage. En raison des combats et des restrictions liées au conflit, l'accès à de nombreuses zones de la mer Noire est interdit.
Le centre de réhabilitation des dauphins « Bespetchnoïe More » (Mer Tranquille), situé en Crimée annexée, a indiqué dimanche que, selon ses estimations, « 457 dauphins se sont échoués sur les côtes de Crimée (illégalement annexée par la Russie en 2014, NDLR) et de Sébastopol », un chiffre conforme à la moyenne annuelle. Cependant, une partie importante de la côte ouest de la Crimée annexée reste non surveillée.
Selon le centre, « malheureusement, nous constatons une baisse d'efficacité du réseau de surveillance en raison de la situation politique actuelle », citant en exemple la côte du district de Saky et le littoral de l'ouest de la Crimée annexée.
« Il pourrait en être de même dans d'autres zones, ce qui signifie que les taux de mortalité réels des dauphins pourraient être supérieurs à ceux que nous sommes en mesure d'enregistrer », a précisé l'organisation.
L'inspection écologique d'État du district du sud-ouest de l'Ukraine a publié en décembre une étude décrivant l'impact de la guerre sur les ressources aquatiques de l'Ukraine.
Le rapport indique qu'une mortalité massive de mammifères marins a été enregistrée.
« Des décès de dauphins ont été constatés en mer Noire, causés par le stress acoustique et la pollution engendrés par la guerre », précise l'Inspection d'État.
L'agence ukrainienne note également qu'il est difficile d'établir un bilan complet des pertes en raison des opérations militaires et de l'occupation de certains territoires ukrainiens suite à l'agression militaire russe.
La pollution toxique a un impact dévastateur sur l'écosystème. Les bombardements et les frappes de missiles sur les installations industrielles, les dépôts pétroliers et les usines chimiques entraînent le rejet de métaux lourds, de produits pétroliers et d'explosifs dans les rivières, les lacs et les mers, empoisonnant et provoquant la mort massive des organismes aquatiques.
La guerre cause des dégâts matériels à l'environnement. « Les combats, la destruction des infrastructures hydrauliques, les explosions et le déplacement d'engins lourds détruisent les frayères, les zones d'alimentation et les zones côtières, perturbant les écosystèmes naturels », indique le rapport.
L'écosystème souffre également de la pollution acoustique due aux explosions sous-marines, aux navires militaires et aux sonars. La destruction des barrages et autres infrastructures modifie le régime hydrologique, entraînant des pertes d'eau incontrôlées ou des inondations, et altérant le débit naturel des rivières et les habitats des organismes aquatiques.