Le texte de ce chant a été commandé à l'époque des Lumières par la fondatrice du premier musée national de Pologne, Izabela Czartoryska, et a été écrit par l'auteur de poèmes religieux Franciszek Karpinski, dont les œuvres sont encore chantées aujourd'hui dans les églises polonaises.
"Dieu est né". C'est ainsi que commence un beau chant polonais, communément connu sous ce nom. Peu de gens savent cependant que son véritable titre est "Pieśń o Narodzeniu Pańskim", ce qui signifie "Le chant de la Nativité", et que les paroles ont été écrites par Franciszek Karpiński, éminent poète du Siècle des Lumières, à la demande d’Izabela Czartoryska, grande mécène et conservatrice d’art, fondatrice du premier musée national polonais.
Poésie religieuse
Izabela Lubomirska, née Czartoryska, était l’épouse du maréchal Stanisław Lubomirski. Lors de son séjour à Dubiecko, sur le San près de Przemyśl, elle aurait commandé ce chant à Karpiński. Bien que Dubiecko reste gravé dans la mémoire populaire comme le lieu de composition, aucune preuve ne le confirme vraiment. Le manoir Branicki à Białystok est aujourd’hui considéré comme un lieu plus probable.
Le chant figure dans le recueil "Pieśni nabożne" - qui signifie "Chants pieux" - de Franciszek Karpiński, publié anonymement en 1792 par le monastère des Pères Basiliens de Supraśl. Il a été interprété pour la première fois la même année dans l’ancienne église paroissiale de Białystok. Le recueil contient également d’autres pièces célèbres, comme le "Chant du matin", encore chanté dans les églises polonaises aujourd’hui.
"Et la parole s'est faite chair..."
Dès la première strophe, Karpiński juxtapose des contrastes pour illustrer la puissance de Dieu : bien qu’" il ait des limites", il est "infini " ; bien que "mortel ", il est "roi à travers les âges ".
Les experts littéraires que le poète s’inspire directement du Prologue de l’Évangile selon saint Jean : "Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous".
Franciszek Karpiński
Franciszek Karpiński étudia à Lviv et à Vienne avant de devenir professeur. Sa vie amoureuse fut marquée par trois grands amours, toutes appelées "Justyna " , bien qu’aucune ne portât réellement ce nom.
Son premier amour, Marianna Broselówna, inspira son poème "À Justyna. Désir de printemps". Les deux autres furent Marianna Ponińska et Franciszka Koziebrodzka. Franciszek Karpiński ne se maria cependant avec aucune d'elles.
En 1783, il dirigea la bibliothèque Czartoryski à Varsovie et fréquenta les célèbres dîners du jeudi chez le dernier roi de Pologne, Stanisław August Poniatowski. Entre 1785 et 1818, il vécut à la cour des Branicki à Białystok, où il composa ses "Chants de dévotion". Mais sa production ne se limitait pas à la poésie religieuse : il écrivit aussi des idylles, des poèmes d’amour et des œuvres patriotiques.
En 1818, il acquit le village de Chorowszczyzna, où il termina son journal, rédigé de 1801 à 1822, publié plus tard sous le titre "Histoire de mon époque et des gens avec lesquels j’ai vécu ". Franciszek Karpiński y vécut jusqu’à sa mort et fut enterré dans le cimetière de l’église de Łysków, dans une tombe en forme de maison de campagne portant l’inscription : "Voici ma pauvre maison ".
Izabela Czartoryska
La duchesse Izabela Lubomirska, née Czartoryska, qui lui commanda "Le chant de la Nativité", a fondé le premier musée polonais à Puławy, soutenu par des artistes tels que Canaletto, et sa célèbre collection comprenant la "Dame à l'hermine" de Léonard de Vinci, toujours exposée au musée des Princes Czartoryski (une branche du musée national) à Cracovie.
Culture de masse
"Dieu est né " continue d’être interprété lors des célébrations de Noël et par des formations prestigieuses, comme le chœur et l’orchestre de la Philharmonie nationale de Varsovie.
La chanson a même trouvé sa place dans la culture populaire moderne : elle apparaît dans le module complémentaire " New Holiday World" du jeu vidéo Civilization V, où on peut l'entendre dès la 37ᵉ seconde en jouant avec la civilisation polonaise.
Joyeux Noël !