Un an après le crash de la compagnie aérienne Azerbaijan Airlines près d'Aktau, la tragédie résonne encore chez les habitants et les secouristes appelés sur le lieu de l'incident, qui a fait 38 morts et 29 blessés.
Un an après l'accident d'avion de la compagnie Azerbaijan Airlines près de la ville kazakhe d'Aktau, les habitants et les secouristes pensent encore à ce jour où 38 personnes ont perdu la vie.
Le 25 décembre 2024 à 11 heures, heure d'Astana (7 heures CET), le contrôle aérien de l'aéroport d'Aktau a signalé qu'un avion de ligne d'Azerbaijan Airlines reliant Bakou à Grozny avait déclaré une urgence et demandé à atterrir à l'aéroport.
L'avion, qui devait atterrir à 11h25, s'est écrasé cinq minutes plus tard entre l'aéroport et le village d'Akshukyr, à environ 3 kilomètres de la piste.
L'avion transportait 67 personnes, dont cinq membres d'équipage. 38 personnes ont péri dans l'accident, tandis que 29 ont survécu avec des blessures.
Les médecins du centre médical régional d'urgence de Mangystau ont été les premiers à arriver sur le site de l'accident. Ospan Orazbekov a confié à Euronews qu'il avait vu la scène se dérouler sous ses yeux.
"Avec un secouriste et un ambulancier, je me suis immédiatement rendu à l'aéroport. Sur le chemin, j'ai vu l'avion dans le ciel, se déplaçant extrêmement vite et son nez plongeant vers le sol", se souvient le médecin.
"J'espérais que les pilotes pourraient atterrir sur la piste, mais l'avion a dépassé l'aéroport en direction du village d'Akshukyr. J'ai dit au chauffeur que nous devions le suivre", se rappelle-t-il.
"Nous roulions en gardant un œil sur l'avion, mais de la fumée noire est apparue. Nous avons accéléré et essayé d'arriver le plus vite possible. Lorsque nous sommes arrivés, nous avons vu que l'avion s'était brisé en deux parties", raconte-t-il.
"La partie avant était en feu, alors nous nous sommes immédiatement rendus à la partie arrière parce qu'il y avait des gens. Nous avons fait tout ce que nous pouvions. Nous avons détaché huit passagers blessés. Ensuite, je me suis enfoncé dans l'épave pour voir s'il y avait des enfants ou des femmes enceintes à l'intérieur".
"Je me souviens du visage de chaque personne que j'ai sauvée de l'avion, et je les vois encore", a déclaré Ospan Orazbekov.
Dans les premiers instants qui ont suivi le crash, les habitants se sont précipités sur le site. Les automobilistes se sont arrêtés pour aider les passagers à sortir de l'avion. Les blessés ont été transportés à l'hôpital régional multidisciplinaire de Mangystau.
Pour le médecin réanimateur Bakytzhan Koybekov, le 25 décembre 2024 a commencé comme n'importe quel autre jour. Après l'accident d'avion, l'hôpital a été informé que des personnes blessées dans l'accident étaient en route.
Les médecins ont rapidement organisé une réunion d'urgence et préparé des lits et des zones de traitement. Au total, 29 personnes ont été transportées dans les hôpitaux d'Aktau, dont onze dans un état critique dans l'unité de soins intensifs.
"Les patients étaient dans un état critique. Beaucoup souffraient de traumatismes crâniens et cérébraux, de clavicules, de bras et d'épaules cassés. Certains patients avaient toutes les côtes cassées", explique Bakytzhan Koybekov, chef de l'unité de soins intensifs de l'hôpital régional multidisciplinaire de Mangystau.
Les habitants d'Aktau ont rapidement répondu à un appel urgent. Au centre de transfusion de la ville, les gens font la queue pour donner leur sang et aider les blessés de l'accident.
"En tant que médecins, nous sommes confrontés à de nombreuses urgences chaque jour, mais nous ne nous attendions pas à recevoir autant de monde en même temps. Le même jour, des citoyens russes ont été évacués de l'unité de soins intensifs par hélicoptère. Plus tard, des patients du Kirghizstan et d'Azerbaïdjan ont été progressivement évacués au fur et à mesure que leur état se stabilisait", a-t-il ajouté.
"Tous les patients ont été soignés et sont rentrés sains et saufs dans leur pays. Nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. Je suis reconnaissant à mon équipe, qui a travaillé jour et nuit pour s'occuper des patients".
Le ministère kazakh des Situations d'urgence a indiqué que l'incendie de la section en feu de l'avion avait été éteint dans les 30 minutes qui ont suivi le crash.
Le site de l'accident reste marqué par la tragédie
En février, le ministère des Transports du Kazakhstan a publié un rapport préliminaire sur l'accident du vol 8243, indiquant que l'avion avait été frappé à deux reprises en l'espace de quelques secondes par des "objets extérieurs" ,dont il a été établi par la suite qu'il s'agissait d'éclats d'obus provenant de l'explosion de missiles de défense aérienne russes, alors qu'il approchait de Grozny depuis Bakou.
Les pilotes ont d'abord demandé à se dérouter vers l'aéroport de Mineralnye Vody et l'aéroport d'Uytash à Makhachkala, mais après que le contrôle aérien russe a refusé les atterrissages, l'équipage a déclaré un squawk 7700 et a demandé un atterrissage d'urgence à l'aéroport international d'Aktau au Kazakhstan.
L'avion avait été autorisé à atterrir par le contrôle aérien d'Aktau, mais après avoir pénétré dans l'espace aérien du Kazakhstan, il a fait deux fois le tour de la piste avant de s'écraser tragiquement lors de sa troisième approche.
Le 28 décembre 2024, le président russe Vladimir Poutine a présenté ses excuses au président azerbaïdjanais Ilham Aliyev pour le "tragique incident" impliquant l'avion dans l'espace aérien russe, déclarant que des drones ukrainiens avaient visé Grozny sans pour autant assumer la responsabilité de l'accident.
Cependant, le 9 octobre de cette année, lors d'une rencontre avec Aliyev à l'occasion d'un sommet régional à Douchanbé, Poutine a admis que les défenses aériennes russes étaient responsables de l'abattage de l'avion de ligne azerbaïdjanais.
L'année dernière, alors qu'il se rendait à Saint-Pétersbourg pour le sommet informel de la CEI, Ilham Aliyev a été informé de l'accident d'avion alors qu'il survolait l'espace aérien russe et a rapidement ordonné le retour de l'appareil à Bakou.
À l'approche du premier anniversaire de la tragédie, Aliyev a refusé de participer au sommet informel de la CEI de cette année, qui s'est tenu le 22 décembre à Saint-Pétersbourg.
Même un an plus tard, le site de l'accident porte les traces de la tragédie. Des objets personnels des passagers, des masques à oxygène, des consignes de sécurité, des fragments de bagages et des morceaux de fuselage fondu sont éparpillés dans la steppe.
Les habitants de la région de Mangystau ont érigé un mémorial sur le site en l'honneur de l'équipage et des victimes de l'accident.