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G20 : la création d'une taxe sur les super-riches déja contestée par les Etats-Unis

Une manifestation  Londres en faveur d'une taxe sur les super riches
Une manifestation Londres en faveur d'une taxe sur les super riches Tous droits réservés AP Photo
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Par Jean-Philippe Liabot avec APTN
Publié le Mis à jour
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Alors que la présidence brésilienne du G20 réfléchit à la création d'une taxe sur les super riches, les Etats-Unis ont déjà fait savoir qu'ils n'étaient pas intéressés et que chaque pays devait instaurer un système fiscal "juste et progressif".

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Le soufflé est rapidement retombé : alors que le Brésil vient de prendre la présidence du G20, son emblématique président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva comptait faire avancer un dossier qui lui tenait à coeur : la création d'une taxe mondiale pour les super riches.

La présidence brésilienne avait d'ailleurs commandé un rapport sur les détails et la faisabilité d'un impôt minimum coordonné sur les milliardaires du monde entier. Une première étape importante pour garantir l'engagement politique en faveur d'un véritable programme d'imposition des super-riches.

Mais ce jeudi, les Etats-Unis ont ont déjà fait savoir qu'ils n'étaient pas très emballés. La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a ainsi déclaré qu'il n'était pas nécessaire de négocier à l'échelle internationale une telle taxation.

"La politique fiscale est très difficile à coordonner à l'échelle internationale, et nous ne voyons pas le besoin, ni ne pensons qu'il soit souhaitable d'essayer de négocier un accord international sur cela", a affirmé la dirigeante américaine au cours d'une conférence de presse à Rio de Janeiro. Et Janet Yellen d'appeler les Etats à instaurer un système fiscal "juste et progressif" plutôt qu'une taxe coordonnée.

L'Union africaine, nouveau membre du G20, a exprimé son intérêt pour cette proposition, de même que la France et l'Espagne, la Belgique, et la Colombie. Mais le ministre allemand des Finances s'est montré, comme son homologue américaine, très réservé jugeant qu'une taxe minimale n'était par pertinente.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors de l'ouverture d'une réunion du G20 au Brésil.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva lors de l'ouverture d'une réunion du G20 au Brésil. Bruna Prado/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

Que dit le rapport ?

Dans la pratique, les personnes possédant plus d'un milliard de dollars d'actifs totaux devraient payer l'équivalent de 2 % de leur richesse en impôt sur le revenu, selon la proposition du rapport de Gabriel Zucman, un économiste français qui est aussi enseignant à Paris.

Le rapport indique que les milliardaires du monde entier paient actuellement l'équivalent de 0,3 % de leur fortune en impôts. Il indique qu'une taxe de 2 % permettrait de collecter 200 à 250 milliards de dollars par an au niveau mondial auprès d'environ 3 000 personnes, ce qui permettrait de financer des services publics tels que l'éducation le système de santé, ainsi que d'engager pleinement la lutte contre le changement climatique.

"Les super-riches paient proportionnellement moins d'impôts que les autres groupes socio-économiques", ajoute Gabriel Zucman, et "cette pratique alimente les inégalités". Il a qualifie un système fiscal progressif de "pilier essentiel de nos sociétés démocratiques" indispensable pour renforcer la cohésion sociale et la confiance dans les gouvernements.

Selon le nouveau rapport, les milliardaires détiennent actuellement l'équivalent de 13 % du PIB mondial, contre seulement 3 % en 1987

Le fossé entre les super-riches et la majorité de la population mondiale s'est creusé depuis la pandémie de coronavirus, selon l'organisation de lutte contre la pauvreté Oxfam International, qui a fait l'éloge de ce nouveau rapport.

"Il s'agit d'une proposition sensée et sérieusequi est dans l'intérêt économique stratégique de chaque gouvernement", a déclaré Amitabh Behar, directeur exécutif par intérim, dans un communiqué.

Enfin, selon une étude réalisée en 2023 par le groupe de pression Tax Justice Network, les pays du monde entier pourraient perdre jusqu'à 4 800 milliards de dollars de recettes fiscales au cours de la prochaine décennie en raison de l'utilisation des paradis fiscaux par les particuliers et les entreprises. Un véritable défi à relever pour de nombreux pays déjà lourdement endettés.

Ce n'est pas la première fois qu'un projet de taxe est discuté à l'échelle internationale. En 2021 , cent-trente-six pays représentant 90% du PIB, s'étaient finalement accordés pour imposer une taxation minimale à 15 % sur les multinationales.

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