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Financement du terrorisme en Syrie : Lafarge à la barre lors d'un procès historique

PHOTO D'ARCHIVES - Un site du cimentier Lafarge à Paris, le 14 novembre 2017.
PHOTO D'ARCHIVES - Un site du cimentier Lafarge à Paris, le 14 novembre 2017. Tous droits réservés  Christophe Ena/Copyright 2017 The AP. All rights reserved.
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Par euronews
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Le groupe Lafarge et huit anciens responsables sont accusés d'avoir payé des groupes jihadistes, dont le groupe État islamique, en Syrie jusqu'en 2014 dans le but d'y maintenir l'activité d'une cimenterie.

Le procès du cimentier français Lafarge, désormais filiale du groupe suisse Holcim, et de huit anciens responsables, employés ou intermédiaires pour financement d'entreprise terroriste et non-respect de sanctions financières internationales s'est ouvert ce mardi 4 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris.

L'entreprise est accusée d'avoir versé, via sa filiale syrienne Lafarge Cement Syria (LCS), plusieurs millions d'euros à des groupes jihadistes en Syrie, y compris le Daech, entre 2013 et 2014, afin de pouvoir maintenir l'activité de son usine de Jalabiya, dans le nord de la Syrie, en pleine guerre civile, en payant des droits de passages, des dons mensuels ou en se fournissant auprès de ces groupes.

Outre l’entreprise elle-même, rachetée par le groupe suisse Holcim en 2015, le procès de Paris concernera également l'ancien PDG du cimentier français, Bruno Lafont, cinq anciens responsables de la chaîne opérationnelle ou de sécurité, et deux intermédiaires syriens. L'un d'eux, visé par un mandat d'arrêt international, devra donc être absent lors du procès.

Près de 180 anciens salariés syriens se sont constitués partie civile. L'information judiciaire avait été ouverte à Paris en 2017 après plusieurs révélations médiatiques et deux plaintes en 2016, une du ministère de l'Économie pour violation d'embargo et l'autre des associations Sherpa, Centre européen pour les droits constitutionnels (ECCHR) et de onze anciens salariés de LCS pour financement du terrorisme.

Alors que d'autres multinationales quittaient le pays en 2012, Lafarge n'a évacué que ses employés étrangers, maintenant ainsi l'emploi des travailleurs syriens jusqu'en septembre 2014, date à laquelle l'État islamique s'est emparé de l'usine.

Durant cette période, LCS aurait versé des sommes d'argent à des intermédiaires pour acheter des matières premières auprès de l'État islamique et d'autres groupes, ainsi que pour transporter des employés et des marchandises.

Lafarge risque une amende pouvant atteindre 1,125 million d'euros pour financement du terrorisme. Pour violation de l'embargo, l'amende potentielle est encore plus élevée, pouvant atteindre dix fois le montant de l'amende retenue par le tribunal.

Un autre aspect important de l'affaire fait toujours l'objet d'une enquête, le groupe étant également accusé de complicité dans des crimes contre l'humanité en Syrie et en Irak.

Un procès "historique"

"C'est historique, c'est la première fois qu'une entreprise va être jugée pour financement de terrorisme, avec ses dirigeants", salue sur France Inter Anna Kiefer, chargée de plaidoyer et de contentieux à l’association Sherpa, partie civile dans le procès, qui a porté plainte contre Lafarge en 2016.

Elle espère que ce procès pourra faire jurisprudence et pointer du doigt la responsabilité des multinationales qui opèrent dans les zones de conflit. "Ça envoie un message fort" à "toutes les entreprises qui se retrouvent avec des activités dans des zones de conflit" pour les inciter à "ne pas faire prévaloir les intérêts économiques sur les droits humains", souligne Anna Kiefer. "Il faut respecter les droits humains en tout temps, que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre", insiste-t-elle.

Sources additionnelles • franceinfo, France24, France Inter

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