"Le Fils de Saul" : raconter l'immontrable

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Par Euronews
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De temps en temps sur la Croisette, loin des people, on prend une leçon de cinéma. “Le Fils de Saul” est le premier long métrage du Hongrois László

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De temps en temps sur la Croisette, loin des people, on prend une leçon de cinéma. “Le Fils de Saul” est le premier long métrage du Hongrois László Nemes : un film d’une force inouïe.

Auschwitz. 1944. Saul est un déporté. Il a été choisi par les SS pour conduire les Juifs dans la chambre à gaz, les brûler et tout nettoyer avant l’arrivée d’un nouveau convoi. Pour ce travail, il bénéficie d’un sursis. Un jour, Saul croit reconnaître le corps de son fils. Il décide de lui offrir un enterrement.

“On n’a pas voulu faire un film beau, on s’est refusé toute approche esthétique classique”, explique le jeune réalisateur. “Vous aurez du mal à trouver dans le film des belles compositions, on s’est interdit ce genre de choses. Ce n’est pas un film iconographique. C‘était très important de ne pas tomber dans le sentimentalisme des films sur la Shoah.”

La caméra ne lâche jamais Saul, interprété par Geza Röhrig. Pour construire son personnage, il s’est inspiré d’un livre de l’historien israélien Gideon Greif :

“Ça s’appelle “Nous pleurions sans larmes”. C’est simplement 8 entrevues avec d’anciens déportés qui faisaient ce travail dans les camps et qui vivent aujourd’hui en Israël. Il en reste 20 dans le monde qui sont encore vivants.”

“Ils ont gardé ça en eux pendant des décennies avant de partager leur histoire avec cet historien, qui a mis 13 ans à les interviewer. Parce que raconter cela, ça se fait lentement, mot après mot. Ils n’avaient jamais dit, même à leurs proches, quel était leur rôle à Auschwitz.”

La violence et l’horreur sont là. Le spectateur connaît l’issue de ces meurtres organisés. Mais c’est en arrière-plan, dans le flou ou hors-champ, qu’il montre la mort sans pathos ni sensationnalisme.

“Pour moi, il y a un hors-champ mais il est dans la tête du spectateur, son imagination”, explique László Nemes. “On essaye de montrer, d’offrir une passerelle vers ce hors-champ, c’est ça la grande question du film : est-ce qu’on arrive à faire naître des choses, des émotions, des impressions qui ne sont pas montrables autrement que par l’intermédiaire de l’imagination. “

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