De la crise des Rohingyas en Birmanie à la guerre oubliée du Yémen, le festival international du photojournalisme de Perpignan Visa pour l'image présente, du 1er au 16 septembre, les clichés les plus saisissants d'un monde qui va mal.
Le monde vu sans filtres. Direction le festival international du photojournalisme de Perpignan. Du 1er au 16 septembre, Visa pour l'image met en avant les clichés saisissants de photo-reporters du monde entier. De la crise des Rohingyas en Birmanie à la guerre oubliée du Yémen, les images parlent d'elles-mêmes.
Dans ce cliché, un habitant de Caracas en flammes lors d'affrontements entre la police et des manifestants opposés au président vénézuélien Nicolas Maduro. Cette photo prise par Ronaldo Schemidt, figurera dans la sélection des clichés du festival.
« Là, on vous montre le monde tel qu’il est. Avec ses drames, avec ses joies, avec ses problèmes. Et je pense que nos informations sont vérifiées… ce qui n’est pas toujours le cas sur les réseaux sociaux. Pendant la durée du festival, on remet plus de 130.000 euros à des photographes à travers tous nos prix. Ce qui est pas mal parce que quand vous distribuez 8.000 euros à un photographe, ça lui permet de faire un sujet dans des conditions acceptables » confie Jean-François Leroy, le directeur et co-fondateur de Visa pour l’image.
Plus de 1.500 photos, 25 expositions, des conférences et rencontres avec des photo-reporters venus du monde entier. En plus, "on a réussi à maintenir la gratuité pendant 30 ans, ce n'était pas évident", souligne-t-il.
Si l'année dernière, tous les nominés au Visa d'Or Paris Match News, le plus prestigieux de ce rendez-vous incontournable du photojournalisme, avaient documenté la stratégique bataille de Mossoul en Irak, la sélection 2018 est nettement plus éclectique.
Ci-dessous, des clichés de la bataille de Mossoul.
Pour cette 30ème édition, les nominés sont la Française Véronique de Viguerie (The Verbatim Agency pour Time et Paris Match) avec "Yémen: la guerre qu’on nous cache".
Khalil Hamra (Associated Press), né de parents palestiniens, avec "Pourquoi Gaza ?"
l'Italien Emanuele Satolli (Time), déjà nominé dans cette catégorie en 2017, avec "Gaza Border Killings"
Daniele Volpe, né en Italie, avec "Guatemala, le volcan de feu".
La crise des migrants tient toujours le haut de l'affiche avec l'Américaine Paula Bronstein, qui témoigne depuis 2012 des discriminations et persécutions dont est victime la minorité musulmane des Rohingyas.
Et aussi sur le même thème, la belle exposition du Canadien Kevin Frayer.
Ne pas manquer également les images stupéfiantes du Belge Gaël Turine sur le désastre écologique qui frappe les cours d'eau traversant Dhaka, capitale du Bangladesh et ses 18 millions d'habitants. Chaque jour, quelque 10.000 mètres cubes de déchets toxiques, essentiellement d'origine industrielle, y sont directement évacués.
Ou encore celles du Français Samuel Bollendorff qui a fait un tour du monde de zones contaminées par l’Homme et ses industries chimiques, minières ou nucléaires, "laissant des pans entiers de notre planète souillés en héritage pour les générations à venir".
Autre sujet peu traité dans les médias et présenté à Perpignan, l'absence de latrines et la défécation en plein air. L'Américaine Andrea Bruce, a quitté les terrains de guerre en Irak et en Afghanistan pour se rendre en Haïti, au Vietnam et en Inde afin de documenter ce fléau sanitaire.
Aujourd’hui, près de 950 millions de personnes défèquent encore en plein air, dont 569 millions en Inde où l'eau insalubre et l’absence d’assainissement provoquent maladies et épidémies.
Le festival rend hommage par ailleurs au travail des photojournalistes de l’AFP sur le continent africain avec l’exposition de John Wessels en République Démocratique du Congo, celle de Luis Tato sur les élections au Kenya ainsi que la projection de Mohamed Abdiwahab sur la Somalie. Sans oublier l’hommage rendu à Shah Marai, chef de la Photo à Kaboul, tué dans un attentat en avril.
Souffrant de précarité, de nombreux photographes ont lancé cet été un cri d'alarme dans une tribune publiée par Libération et signée par des indépendants ou membres d'agences et de collectifs (Raymond Depardon, Bernard Plossu, Françoise Huguier, l'agence Myop, le collectif Tendance Floue).
"La photographie ne s'est jamais aussi bien portée en France, les photographes jamais aussi mal", relevaient les signataires. La ministre de la Culture, Françoise Nyssen, a présenté plusieurs propositions pour une meilleure rémunération des photographes.
Rendez-vous incontournable du photojournalisme, l’événement accueille en moyenne 200.000 visiteurs.