Elsa Dreisig et Piotr Beczala, couple irrésistible dans "Manon" à Zürich

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Par Andrea BuringStéphanie Lafourcatère
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L'amour et la mort, la passion et la foi, le luxe et le vice, il y a tout cela dans l'opéra "Manon". Soprano au talent reconnu, Elsa Dreisig fait ses débuts dans le rôle-titre à l'opéra de Zürich aux côtés du ténor Piotr Beczala dans une mise en scène du néerlandais Floris Visser.

L'amour et la mort, la passion et la foi, le luxe et le vice, il y a tout cela dans l'opéra "Manon". Soprano au talent reconnu, Elsa Dreisig fait ses débuts dans le rôle-titre à l'opéra de Zürich dans une mise en scène de Floris Visser.

Le pari est réussi pour Elsa Dreisig. Pour la première fois, la soprano franco-danoise et lauréate d'Operalia interprète le rôle-titre de "Manon" de Jules Massenet. Un défi vocal relevé à l'Opéra de Zürich aux côtés du ténor star Piotr Beczala.

"J'expérimente à ma façon, comme un peintre qui prend un toile et essaie de réaliser son œuvre, je fais la même chose," confie la jeune femme.  "J'ai vraiment voulu essayer de trouver ce qui émane de moi à mon âge, à 27 ans, aujourd'hui, dans ma vie, quelle Manon peut sortir de moi," souligne-t-elle.

"Manon est beaucoup trop curieuse pour son époque"

L'opéra est centré sur l'amour impossible entre un chevalier pauvre et Manon. Le personnage de "Manon Lescaut" de l'Abbé Prévost reste un mystère depuis 1731, année de la première publication du roman.

"On peut vraiment comparer Manon à Carmen," estime Piotr Beczala. "C'est une jeune fille qui n'est pas conventionnelle, qui ne trouve pas sa place dans la société : en fait, elle est beaucoup trop curieuse pour son époque," poursuit le chanteur polonais.

Manon sacrifie son amour pour le chevalier dans l'objectif de gravir l'échelle sociale quelles qu'en soient les conséquences.

"Il y a une valise abandonnée à la gare et elle l'ouvre," décrit le metteur en scène néerlandais Floris Visser. "Cela ne lui pose aucun cas de conscience de regarder à l'intérieur et c'est ce qui fait d'elle, le profil type de quelqu'un qui dépasse les limites : il y a en elle ce manque de moralité," précise-t-il avant ajouter : "Plus la soirée avance, plus on se rend compte que son comportement n'est pas celui de quelqu'un de naïf, mais plutôt celui d'une personne malade en réalité."

Elsa Dreisig renchérit : "Il y a ce contraste entre les différents actes : le premier est très enfantin, naïf et léger et petit à petit, le drame va s'installer et cela doit aussi se sentir dans le personnage qui évolue. Et par la suite," dit-elle, "tout d'un coup, il y a aussi des passages où en plus de devoir trouver ce dramatisme dans la voix, il faut trouver les coloratures."

"Une séduction diabolique"

La production minimaliste de Floris Visser s'harmonise avec l'œuvre romantique de Massenet. Le metteur en scène a placé son récit à l'époque du compositeur : à la fin du XIXe siècle. Il présente sur scène, les visions qui agitent Manon comme autant de signes annonçant son tragique destin.

Comme l'indique Piotr Beczala, "c'est presque une séduction diabolique [ndlr : entre Manon et le chevalier qu'il incarne]. Et je m'efforce de l'interpréter de cette manière," fait-il remarquer. "Mon désespoir est tellement grand : à vrai dire, dès le début, j'ai déjà perdu," conclut-il.

Une telle production ne serait possible sans un travail intense en coulisses. Floris Visser et Elsa Dreisig échangent jusqu'aux dernières minutes avant la représentation. Dans la loge de la soprano, ils peaufinent une dernière fois, la scène-clé et évoquent le passage où Manon chante "Oublions le passé..." "Ce dernier souffle... Tu te souviens de ce que nous avons dit, du fait que c'est comme dans La Traviata," précise le metteur en scène à Elsa Dreisig qui lui répond par l'affirmative. Les deux artistes se comprennent aussitôt en entonnant quelques notes tous les deux.

De nouvelles représentations sont programmées les 4, 12 et 15 mai 2019 à l'Opéra de Zürich.

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