Le nouveau film d'Ali Tabrizi fait polémique : acclamé par de nombreux spectateurs, il est aussi critiqué par certains intervenants, qui estiment que leurs propos ont été déformés ou sortis de leur contexte.
Après Cowspiracy en 2014, qui révélait les ravages de l'élevage intensif, le réalisateur britannique Ali Tabrizi enquête sur l'impact de la pêche industrielle avec son nouveau documentaire choc, Seapiracy.
Sorti la semaine dernière, il est l'un des films les plus visionnés sur la plateforme Netflix. Plusieurs personnalités l'ont acclamé, comme le chanteur canadien Bryan Adams qui a encouragé ses fans à le visionner ou le cycliste britannique Chris Froome qui s'est dit bluffé par le documentaire.
Mais Seaspiracy essuie également une vague de critiques, notamment de la part d'intervenants ayant participé au film. Comme le révèle un article du journal britannique The Guardian, des représentants des labels de pêche durable Dolphin Safe et Marine Stewardship Council ont accusé le film d'avoir déformé leur propos ou de les avoir sorti de leur contexte. Des experts et des organisations marines ont, eux, dénoncé des inexactitudes et des chiffres erronés.
Egalement présent dans le film, le biologiste en conservation marine Callum Roberts a lui pris sa défense, estimant que l'objectif de Seaspiracy n'est pas d'être absolument exact scientifiquement, "mais de montrer que l'homme cause d'énormes dégâts aux océans", ce qui est "une réalité", ajoute le scientifique.
Seaspiracy nous alerte en effet sur plusieurs phénomènes néfastes, comme la pollution colossale des filets de pêches (formant 46% du vortex de déchets du Pacifique nord), ou le problème des "prises accessoires", ces nombreux poissons involontairement capturés lors de la pêche et qui ne survivent généralement pas, même après avoir été relâchés. Selon l'ONG WWF, 40% des prises de pêche mondiales sont inutilisées, gaspillées, ou introuvables. Seaspiracy torpille également les labels de pêche durable, démontrant qu'ils ne peuvent garantir que leurs chartes soient respectées.
Et alors qu'une étude de l’Université de Kiel estime que les poissons pourraient disparaître complètement des océans d'ici 2050 si rien ne change, Seaspiracy lance un cri d'alarme : il est indispensable de refondre le modèle de la pêche industrielle et de réduire la consommation de poisson à l'échelle mondiale.