Le film de la semaine : Flee de Jonas Poher Rasmussen

Flee de Jonas Poher Rasmussen
Flee de Jonas Poher Rasmussen Tous droits réservés Haut et Court
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Par Frédéric Ponsard
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Notre film de la semaine est Flee, un documentaire tourné en animation, et nommé trois fois aux Oscars. Une histoire d'une grande puissance humaine et esthétique, à travers l'histoire d'Amin, réfugié afghan au Danemark, et dont le passé n'est pas encore passé...

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C’est l’un des événements de cette rentrée cinématographique : Flee du danois Jonas Poher Rasmussen, qui nous emmène aux frontières du documentaire et de l’animation à travers l’histoire intérieure de son ami Amin, afghan exilé au Danemark. Un chef d’œuvre d’humanité servi par la puissance du dessin.

Flee de Jonas Poher Rasmussen (Danemark, France, Norvège, Suède). 1h29, documentaire, animation.

Flee a été le premier documentaire de l’histoire à être nommé aux Oscars dans trois catégories : à la fois dans la catégorie Meilleur documentaire, celle du Meilleur film d’animation ainsi que celle du Meilleur film étranger. Et même s’il est reparti injustement bredouille de la cérémonie hollywoodienne, sa présence à niveau-là montre bien l’importance du film. Le film avait aussi reçu précédemment le Globe de Cristal au Festival du Film d’animation d’Annecy, référence du genre. Nous avions rencontré et interviewé le réalisateur sur les rives du Lac d’Annecy et touché son humilité et fier, avant tout, d’avoir pu raconter et faire partager l’histoire de son ami Amin.

Une histoire vraie, donc, celle d’un homme, qui a dû fuir encore adolescent Kaboul et l’Afghanistan, et qui se retrouve des années après sur le divan d’un psy auquel il va livrer ses secrets les plus enfouis, révélant au passage ses failles, sa résilience, et l’espoir de se libérer de ses fardeaux. On pense immanquablement à Valse avec Bashir d’Ari Folman à la vision de Flee : une plongée dans les heures les plus sombres d’un homme qui porte les stigmates d’un destin qu’il ne s’est pas choisi, hanté par les fantômes d’un passé qui peut ressurgir à tout moment. L’inconscient émerge, et le dessin et l’animation s’accordent parfaitement au récit pour nous faire passer du passé au présent, des songes à la réalité. La forme sert constamment la narration en lui apportant une dimension esthétique qui réhausse le propos, en l’habillant sans le phagocyter. Une osmose rare.

Flee est un exemple parfait de ce qu’une coproduction européenne peut donner. Le film a été, en effet, porté par quatre pays européens, un réalisateur danois, une équipe de développement et de production franco-danoise, et par la participation aussi de deux autres pays scandinaves, la Norvège et la Suède. Outre d’être la garantie que ce film va sortir sur tous ces territoires, ce sont des histoires qui traversent l’histoire européenne, contemporaine en l’occurrence. Les migrants, la montée de l’islamisme radical, les conflits héritées de la guerre froide ou de la colonisation et qui viennent par ricochet toucher l’occident. L’Afghanistan est l’un des plus vieux exemple de cette décomposition de certains pays, et l’on entend dans le film la voix de Jean-Pierre Pernod, avec des archives (redessinées) des années 80 qui nous rappelle que ce conflit touche plusieurs générations successives. Amin en est le catalyseur et celui qui va devoir traverser les limbes pour revenir parmi les vivants.

"Flee" veut dire en anglais s’échapper. Et c’est bien à une évasion du passé que réalise Amin au long de ce film qui reste longtemps gravé dans la mémoire. Flee a été diffusé sur Arte au printemps, mais sa sortie en salle (grâce à Haut et Court) est l’occasion de se plonger dans le noir et de voir projeter sur grand écran une histoire sombre, mais pleine de lumière.

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