À Paris, l’atelier d’Ary Scheffer réunissait peintres, écrivains et musiciens comme Chopin, Sand et Delacroix. Leur esprit et leur amitié renaissent aujourd’hui au musée Frédéric Chopin de Varsovie.
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Chopin, Sand, Scheffer et Delacroix se sont côtoyés pendant plusieurs années dans le quartier parisien de la Nouvelle Athènes. Ils partageaient des liens amicaux et s'inspiraient mutuellement.
Le cœur de cette communauté, du romantisme et de la vie romantique était l'atelier du célèbre peintre Ary Scheffer, rue Chaptal, qui abrite aujourd'hui le musée de la vie romantique à Paris.
L'atmosphère du romantisme de la première moitié du XIXe siècle a été recréée au musée Frédéric Chopin de Varsovie par les auteurs de l'exposition La vie romantique . Chopin, Scheffer, Delacroix, Sand . Comme ils le disent, il s'agit d'une histoire sur l'art, la musique, l'amitié, les émotions et la mémoire.
Chopin joue derrière le mur
En entrant dans l’exposition, on a l’impression de se retrouver dans la propriété de George Sand, la compagne de Frédéric Chopin, à Nohant, explique le directeur de l’Institut Frédéric Chopin, le Dr Artur Szklener, également commissaire de l’exposition pour la musique.
Au fil de la visite, on a le sentiment d’entendre, depuis une autre pièce, la musique du célèbre pianiste, qui ne cessait jamais de jouer.
« Nous avons supposé dès le départ que la couche musicale ne serait pas un simple fond sonore, mais qu’elle constituerait l’un des fils narratifs de cette exposition. Sur le plan acoustique, cela fait écho à une lettre d’Eugène Delacroix, écrite depuis Nohant, la propriété de George Sand. Il y décrit ses hôtes, Chopin et Sand, comme formidables, et dit se sentir parfaitement bien dans ce lieu merveilleux. Chaque jour, en ouvrant la fenêtre, il entend la musique ininterrompue de Frédéric Chopin », explique le directeur, le Dr Artur Szklener.
Physiquement, l’exposition s’articule autour de deux objets clés. « Deux éléments qui, par leur énergie et leur poids symbolique, organisent l’ensemble du parcours », précise-t-il. Il s’agit, d’un côté, d’un éventail ayant appartenu à George Sand, et de l’autre, d’un précieux manuscrit de la Ballade en fa mineur de Chopin.
"Une accumulation aussi extraordinaire d'objets presque symboliques et leur assemblage en différents types de récits est vraiment une grande entreprise et une grande aventure", souligne le directeur de l'Institut Fryderyk Chopin.
L’exposition présente 59 objets prêtés par la collection permanente du Musée de la Vie romantique à Paris. Ces pièces sont réparties en quatre parties.
La première est consacrée à l’atelier d’Ary Scheffer. C’est dans ce lieu que se rencontraient les principaux protagonistes de l’exposition. On y découvre des œuvres d’Ary Scheffer, mais aussi celles de ses amis. Car c’est ici que tout a commencé.
« Ary Scheffer était un peintre hollandais installé à Paris. Sa maison, aujourd’hui le Musée de la Vie romantique, fut son lieu de vie entre 1830 et 1858. Il était un grand ami de George Sand et de Frédéric Chopin, qui vivaient d’ailleurs à proximité », explique Gaëlle Rio, du Musée de la Vie romantique à Paris.
La deuxième partie de l'exposition est consacrée aux thèmes romantiques. "Nous voulions montrer qu'il y a certains thèmes dans l'art du romantisme, dans la musique, dans la littérature, dans les arts visuels, qui sont communs à tous" - explique Urszula Król, co-autrice de l'exposition.
"Nous les retrouvons dans l'art polonais, l'art français et l'art allemand. Ces thèmes romantiques nous montrent donc les héros communs du romantisme, les genres communs, et le cœur des thèmes romantiques est également la ballade, que l'on retrouve à la fois dans la littérature, dans la peinture et, bien sûr, dans la musique. C'est là que l'on trouve les ballades de Frédéric Chopin".
Ensuite, le cercle social, c'est-à-dire Sand, Frédéric Chopin et leurs amis.
L'amitié et la relation complexe entre George Sand et Frédéric Chopin est un sujet extrêmement intéressant.
"Deux grandes figures, deux personnalités, vivant ensemble à Paris et à Nantes. Mais ils étaient, après tout, entourés d'autres personnes. Parmi leurs amis très proches, il y avait Eugène Delacroix, Pauline Viardot. Ces personnages sont également présentés de diverses manières dans l'exposition". - explique la co-autrice de l'exposition. "Nantes, la propriété de Sand, où Chopin a passé de nombreux mois de sa vie française. Un lieu de travail, de création, mais aussi de détente, de promenades, de jeux avec les animaux domestiques, qui sont très présents ici.
La section suivante, très proche et importante pour les auteurs de l’exposition, s’intitule « Souvenirs ».
« Il s’agit d’objets créés pour se souvenir de ses amis, de ses proches. Pour que la mort, que la vie éphémère ne nous les enlève pas. Pour qu’ils restent toujours avec nous », explique Urszula Król.
« Parfois, ces souvenirs nous surprennent par leurs formes inhabituelles ou les matériaux dont ils sont faits. Mais ils sont là pour prolonger le souvenir, pour faire durer l’amitié, l’amour, au-delà de la vie humaine. »
La dernière partie de l’exposition est consacrée aux petites sculptures, très populaires à l’époque de Frédéric Chopin.
« Elles illustrent le monde esthétique, le monde de l’art que les gens aimaient, qui leur était accessible, qu’ils avaient envie de collectionner », expliquent les auteurs.
« Cette exposition montre que la beauté, l’art, l’amitié et l’amour sont des valeurs qui survivent à tout ».
Et enfin, conclut Seweryn Kuter, coauteur de l’exposition : « Grâce à la qualité de ces collections, nous espérons avoir réussi, au moins un peu, à faire revivre l’atmosphère de la Nouvelle Athènes, ces relations extraordinaires entre artistes – peintres, écrivains, compositeurs. Si vous plongez ne serait-ce qu’un instant dans ce monde du romantisme français, nous serons très heureux. »