Dans son rapport le chef de la diplomatie de l’UE présente un ensemble de mesures pour encadrer les relations avec Ankara.
C'est du donnant-donnant. L'UE est prête à faire des gestes en direction d'Ankara. Elle envisage de maintenir une aide financière à la Turquie pour qu'elle poursuive son accueil des réfugiés. Elle pourrait aussi renforcer l'union douanière. Mais en retour les 27 attendent un dialogue apaisé et constructif.
C'est l'esprit du rapport de 16 pages du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, transmis aux gouvernements. Si l'atmosphère s'est un peu pacifiée en Méditerranée orientale des tensions demeurent sur la volonté du président turc de réduire au silence l'opposition pro-kurde du HDP, déçue par ce document.
"Sous d'intenses pressions des dizaines de millions de personnes de ce pays se battent pour un avenir démocratique et nous voyons les dirigeants européens, qui sans raison évidente, donne un peu d'air à Recep Tayyip Erdogan ", regrette le député turc du HDP Hişyar Özsoy. Le parlementaire ne voit pas de bénéfice dans cette attitude. "La Turquie et l'Union devraient avoir de bonnes relations mais pas avec une Turquie dirigée de façon quasi dictatoriale", ajoute-t-il.
Autre point de friction possible, le retrait d’Ankara de la Convention d'Istanbul. Ce texte est le principal document international pour lutter contre les violences faites aux femmes.
L'opposition kurde dénonce un laxisme européen. Elle critique l'absence de condition entre le renforcement de l'union douanière et des réformes démocratiques. "Nous ne comprenons pas pourquoi maintenant ils suppriment cette conditionnalité", souligne Hişyar Özsoy.
La carotte et la bâton
Le rapport européen prévoit tout de même des mesures de représailles si Ankara reprenait des actions unilatérales ou ses provocations. Les sanctions pourraient concerner plusieurs entités ou des secteurs importants de l'économie turque comme le tourisme.
Mais le chercheur au Carnegie Europe, Marc Pierini, souligne que ces possibles rétorsions sont un peu en retrait sous la pression de plusieurs pays membres comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie. L’ancien ambassadeur de l’UE en Turquie s’interroge aussi sur le recours à ces éventuelles mesures. "Dans son ensemble l'ADN de l'UE est d'éviter le conflit. Ils vont donc toujours chercher une solution pacifique", précise-t-il, "le problème c'est qu'il faut progresser à un moment et là il y a peu de progrès".
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE évoqueront la question turque cette semaine lors du sommet en vision conférence.