Les relations entre l’UE et la Turquie sur un fil protocolaire

Les relations entre l’UE et la Turquie sur un fil protocolaire
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Par Stefan GrobeEuronews
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Le traitement réservé à la présidente de la Commission européenne lors de son déplacement à Ankara agite l’UE et la diplomatie européenne.

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La diplomatie européenne s’est activée à plein régime sur une question de protocole. La victime de l’incident diplomatique n’est autre que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. En déplacement à Ankara avec le président du Conseil européen Charles Michel, la responsable allemande s’est retrouvée reléguée sur un divan alors que son homologue européen et le président turc occupaient les deux fauteuils prévus pour cette rencontre.

Cette situation n’a pas été du goût d’Ursula von der Leyen. La vidéo de son mécontentement a fait le tour des réseaux sociaux. L’affaire, rapidement surnommée sofagate, a détourné l'attention médiatique concernant les discussions entre l'UE et Ankara.

Euronews a interrogé Yunus Ulusoy, chercheur au centre allemand des études turques à l'université de Duisbourg-Essen, pour faire le point sur les relations entre les 27 et Ankara.

Euronews :

A propos du sofagate, s'agissait-il simplement d'une négligence du protocole turc ?

Yunus Ulusoy :

Je ne peux pas imaginer que la Turquie l'ai fait volontairement. L'intérêt turc actuellement est de se rapprocher de l'Europe et de l'Occident. Dans ces circonstances un tel choix est inimaginable. De plus, si la Turquie et le président turc avaient une meilleure image, nous parlerions probablement différemment de cet incident. Mais comme ils n'ont pas une image positive vous avez le sofagate.

Euronews :

Les discussions devaient relancer les liens entre les deux partenaires. L'UE a fait de nouvelles propositions. Dans le même temps, les institutions s'alarment de la situation des droits fondamentaux et des droits des femmes en Turquie. Comment le président turc va réagir?

Yunus Ulusoy :

Il devrait employer un ton diplomatique différent puisqu'il n'y a pas d'élection prochainement en Turquie. Il n'a donc pas besoin d'utiliser la politique étrangère comme arme de campagne électorale, un choix qu'il a toujours fait par le passé. Il avait l'habitude de lancer des flèches rhétoriques aux Etats membres pour gagner des voix. Mais actuellement sur la scène internationale la Turquie est plutôt isolée. Un partenaire, la Russie, est imprévisible pour la Turquie. Et affronter seule la Russie est trop dangereux pour Ankara. En matière de politique étrangère comme en Syrie et en Libye, la Turquie partage plus d'intérêt avec l'Occident qu'avec la Russie ou la Chine.

Euronews :

L'Union européenne veut revoir l'accord de 2016 sur les réfugiés. Dans le même temps Ankara veut de meilleures conditions pour l'union douanière. Chacun doit faire un geste. Est-ce qu'il y a d'autres domaines où l'on peut envisager plus de coopération?

Yunus Ulusoy :

A propos de la Syrie les deux camps ne sont pas satisfaits par le statu quo. L'Europe n'a pas beaucoup d'influence et la Turquie est un acteur régional fort. Donc l'Europe et la Turquie ont besoin l'un de l'autre. Je pense qu'à long terme les intérêts turcs s'alignent avec ceux de l'UE. De plus la Turquie est membre de l'Otan. Elle couvre solidement le flanc sud-est de l'Europe et elle dispose de l'une des armées les plus importantes de l'Alliance. Ce seul point suffit à maintenir les deux parties ensemble.

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