UE : les accidents mortels du travail en 5 graphiques

Archive - Affiche de sécurité sur le site d'une sucrerie en Franceoù deux employés étaient décédés d'un accident du travail, mars 2012
Archive - Affiche de sécurité sur le site d'une sucrerie en Franceoù deux employés étaient décédés d'un accident du travail, mars 2012 Tous droits réservés François Nascimbeni / AFP
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Par Marie Jamet
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3 355 personnes sont mortes d’un accident du travail en 2020 en Europe. Un chiffre en baisse constante depuis 10 ans.

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3 355 personnes sont mortes d’un accident du travail en 2020 dans l'Union européenne selon les derniers chiffres publiés par Eurostat, l'office statistique de l'UE. Tous secteurs confondus, ce sont 922 personnes de moins qu’il y a 10 ans. Et la baisse est globalement régulière au sein de l’UE.

1. Le nombre d’accidents mortels du travail baisse

Notons que les chiffres de 2020 doivent être pondérés par le fait qu’en raison de la pandémie de Covid-19 de grands pans de l’activité humaine avaient été mis à l’arrêt, réduisant d’autant les accidents mortels sur le lieu de travail de certains secteurs.

2. La Roumanie est le pays où le taux d’accidents mortels au travail persiste le plus depuis 10 ans

L’année dernière, la publication des chiffres de 2019 avait causé un grand émoi en France car le pays avait alors enregistré le plus important taux d’incidence (3,53), soit le plus grand nombre d’accidents mortels du travail pour 100 000 travailleurs par an. Ce qui représentait 803 personnes décédées d’un accident du travail dans les chiffres rapportés par Eurostat. Ce n’est plus le cas cette année ; Chypre est devenu le pays enregistrant le taux d’incidence le plus fort en 2020.

Au-delà de ces pics, la Roumanie est le pays où, en moyenne depuis dix ans, le taux d'incidence est le plus important. Avec 4,85 accidents mortels pour 100 000 travailleurs en moyenne, le pays se place juste avant la Lituanie, la Bulgarie et le Portugal.

Les Pays-Bas, la Suède et la Grèce font partie des pays ayant des taux d’incidence en moyenne en dessous d'un accident mortel pour 100 000 travailleurs, suivis de près par l’Allemagne et la Finlande.

3. Les artisans et salariés des TPE et PME sont plus à risque de mourir au travail

Au niveau européen, il y a eu plus d’accidents fatals dans les petites entreprises de moins de 10 salariés puis de moins de 50 salariés que dans les plus grandes sociétés. 60% des accidents mortels surviennent dans des structures de moins de 50 personnes. Ce ratio monte même à 94% à Chypre et à 90% en Estonie.

C’est dans les toutes petites entreprises de 1 à 9 salariés du secteur de la construction d’Italie, de France et d’Espagne que l’on trouve le plus grand nombre de d’accidents mortels ainsi que les entreprises de moins de 50 salariés des mêmes pays et du même secteur d’activité. Dans ces trois pays, chacune de ces catégories compte plus de 30 accidents mortels en 2020.

3. Les hommes sont plus victimes d’accidents mortels du travail que les femmes

Les hommes travaillant en plus grand nombre dans les secteurs accidentogènes que sont le BTP, l’industrie ou les transports, ils sont mathématiquement plus nombreux à mourir d'accidents du travail. En 2020, 3 077 hommes sont morts pour 250 femmes.

En 2020, la santé est le secteur qui a vu le plus grand nombre de femmes mourir au travail, suivi du commerce et de l’administration et la défense. Mais si l’on regarde 2019, année pré-covid, le secteur de la santé est aussi le secteur le plus meurtrier pour les femmes.

4. Les secteurs accidentogènes : industrie, agriculture, gestion des eaux et déchets, BTP

Le monde du travail n’étant pas uniforme, les risques encourus dans les différents secteurs d’activités ne sont pas les mêmes. Un employé de bureau n’est pas à l’abri d’un accident mortel du travail mais son risque est plus faible que celui d’un travailleur du bâtiment ou d’une industrie lourde. Ces chiffres sont donc à mettre en parallèle avec le poids des différents secteurs d’activité dans les pays membres de l’Union.

En nombres absolus, l’industrie manufacturière, les transports et l'entreposage et l’agriculture, sylviculture et pêche ont été les trois activités les plus meurtrières dans l’Union européenne en 2020. A elles trois, elles représentent près de 40 % des accidents mortels au travail. 

Le BTP, réputé accidentogène, n’arrive en 2020 qu’en 8e position des activités meurtrières et a compté en 2020 moins d’accidents mortels que le secteur de la santé par exemple, durement touché en Italie (95 accidents), Espagne (28) et en France (25).

En nombre de victimes, l’année a été particulièrement meurtrière en Italie dans les secteurs de l’industrie manufacturière (111 accidents mortels), de la santé (95) et du transport (77).

Le BTP reste un milieu dangereux relativement à sa population de salariés. Ce secteur reste celui avec le plus haut taux d’incidence pour 100 000 travailleurs (6.7) devant la gestion des eaux, eaux usées et des déchets (5.7) et l’agriculture (5.2).

Six secteurs ont vu le nombre d’accidents augmenter en dix ans tel que l’administration et la défense, l’hôtellerie/restauration, la gestion des eaux et déchets mais surtout les services de santé dont les chiffres ont bondi en 2020 avec le Covid-19.

Aucune donnée n’est disponible sur les suicides sur le lieu de travail.

5. En 2020, le Covid-19 a laissé des traces

Un autre pic à noter sont les 61 accidents du travail mortels en Italie dans les entreprises du secteur plus de 500 salariés. L’Italie a en effet comptabilisé ses soignants décédés du Covid-19 dans ses statistiques d’accidents du travail. Tout comme la France qui, au 8 novembre 2022, en a dénombré 19 tout survenus en 2020.

Et alors que les femmes étaient principalement victimes d'accidents mortels du travail dans le domaine de la santé, en 2020 il s’agit principalement d’hommes (110 hommes recensés par Eurostat pour 61 femmes).

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D’une manière générale, les chiffres des morts de maladie et d’empoisonnement a fortement augmenté en 2020 en raison du Covid-19.

Ces chiffres, publiés par Eurostat, ne sont que des chiffres récoltés de manière standardisée mais tous les pays n’ont pas comptabilisé les morts du Covid-19 de la même manière en particulier dans le monde du travail et une analyse approfondie et détaillée permettrait d’apporter plus de nuance à ce tableau général. Ainsi alors que dans les chiffres communiqués au niveau européen par Eurostat, le nombre d'accidents mortels par empoisonnement ou infection entre 2019 et 2020 n'augmente pas significativement (de 7 à 2), l'Eurogip, l'observatoire international relatif à l’assurance et à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, rapporte une hausse des accidents mortels entre 2020 et 2021 en l'expliquant par des cas de contaminations au Covid-19 ayant entraîné la mort.

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