L'Américaine Fiona Scott Morton renonce à briguer un poste clé de l'UE après une polémique

La pression politique a poussé l'Américaine Fiona Scott Morton à renoncer à son poste à Bruxelles
La pression politique a poussé l'Américaine Fiona Scott Morton à renoncer à son poste à Bruxelles Tous droits réservés Virginia Mayo/AP
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Par Vincent MénardEuronews avec AFP
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L'économiste Fiona Scott Morton a annoncé qu'elle renonçait à briguer un poste clé de l'UE pour la régulation des géants de la tech après une polémique sur sa nationalité américaine

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Elle a fait cette annonce dans une lettre publiée ce mercredi par la commissaire européenne Margrethe Vestager.

"Fiona Scott Morton m'a informé de sa décision de ne pas accepter le poste d'économiste en chef de la concurrence. Je l'accepte avec regret", a déclaré Mme Vestager sur Twitter. 

La nomination de cette ancienne de l'Administration Obama, ex-consultante pour Amazon, Apple et Microsoft, a provoqué une grosse polémique à Bruxelles et le président français Emmanuel Macron avait exprimé mardi ses doutes sur ce recrutement.

"Etant donné la controverse politique provoquée par la sélection d'une non Européenne pour occuper ce poste, et l'importance pour la direction générale (de la Concurrence) d'avoir le plein soutien de l'Union européenne (...) j'ai estimé que la meilleure chose était pour moi de me retirer", a écrit Fiona Scott Morton, dans sa lettre adressée à Mme Vestager.

Des responsables politiques, essentiellement en France, ont épinglé ses anciennes fonctions de responsable de l'analyse économique à la division antitrust du ministère américain de la Justice, entre 2011 et 2012, ou de consultante pour des grands groupes de la tech.

Ils ont dénoncé de possibles conflits d'intérêts et le risque d'une ingérence de Washington dans des décisions de l'UE.

La Commission européenne avait adressé vendredi une fin de non-recevoir au gouvernement français, qui réclamait l'annulation du recrutement de cette professeure d'économie à la prestigieuse université de Yale.

La Commission européenne divisée

Mais l'affaire menaçait de diviser profondément le collège des 27 commissaires à la tête de l'exécutif européen.

Cinq d'entre eux, l'Espagnol Josep Borrell, le Français Thierry Breton, la Portugaise Elisa Ferreira, l'Italien Paolo Gentiloni et le Luxembourgeois Nicolas Schmit ont écrit à la présidente Ursula von der Leyen pour réclamer une réévaluation de cette nomination, a expliqué mardi soir à l'AFP un haut responsable européen.

La puissante Direction générale de la concurrence est chargée de veiller au bon fonctionnement de la concurrence dans l'Union européenne (UE) et d'enquêter notamment sur les abus de position dominante des géants du numérique, qui ont donné lieu à des amendes record ces dernières années.

La nomination de Mme Scott Morton survenait au moment où l'UE doit mettre en oeuvre de nouvelles législations ambitieuses pour réguler ce secteur.

"Je salue la décision responsable de Fiona Scott-Morton (...). La souveraineté numérique de l'Europe est une exigence absolue", a déclaré le ministre français délégué au Numérique Jean-Noel Barrot, quelques minutes après l'annonce.

"Si nous n'avons aucun chercheur (européen) de ce niveau pour être recruté par la Commission, ça veut dire que nous avons un très grand problème avec tous les systèmes académiques européens", avait déploré Emmanuel Macron.

Il avait également souligné l'absence de "réciprocité" de la part des Etats-Unis et de la Chine pour nommer des Européens qui seraient "au coeur de (leurs) décisions".

Plaidant pour "une autonomie stratégique" de l'Europe, il estimait que la nomination de Mme Scott Morton n'était "pas forcément la décision la plus cohérente à cet égard".

Auditionnée au Parlement européen mardi soir, Mme Vestager avait tenté, sans convaincre, de défendre son choix qui avait aussi reçu l'appui de Mme von der Leyen.

"L'idée qu'elle a travaillé pour tous les Gafam et qu'à cause de cela, elle ne peut travailler sur le secteur des technologies n'est tout simplement pas vraie", avait affirmé Mme Vestager devant les eurodéputés, évoquant des collaborations comme "consultante" mais "jamais comme lobbyiste".

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L'ouverture du poste aux candidatures non européennes apparaissait sur l'avis de vacance publié dès le mois de mars, avait-elle encore expliqué, justifiant ce choix par la rareté des compétences disponibles.

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