La Commission européenne va réexaminer le statut de protection des loups

Le retour du loup en Europe constitue un "danger réel" pour le bétail et la vie humaine, estime la Commission européenne
Le retour du loup en Europe constitue un "danger réel" pour le bétail et la vie humaine, estime la Commission européenne Tous droits réservés Christophe Gateau/AP
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Par Mared Gwyn Jones
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Cet article a été initialement publié en anglais

Le retour du loup en Europe représente un "véritable danger" pour le bétail et la vie humaine, a averti lundi la Commission européenne qui annonce son intention de revoir le statut de protection de l'espèce.

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La Commission européenne va maintenant entrer dans une nouvelle phase de son processus de décision concernant le statut de conservation du loup. Elle souhaite recueillir des données pertinentes auprès des autorités locales et des scientifiques, après des appels de plus en plus nombreux des agriculteurs européens.

"Nous devons disposer d'un ensemble d'informations et de données actualisées sur le statut du loup afin de pouvoir prendre des mesures supplémentaires", a déclaré lundi un porte-parole de la Commission.

L'espèce est actuellement strictement protégée par la directive habitats, adoptée en 1992, qui interdit de capturer ou de tuer délibérément des loups à l'état sauvage.

Mais des meutes sont récemment revenues dans des régions de l'Union européenne où elles étaient absentes depuis des décennies. Elles se sont attaquée au bétail et alimentent les tensions entre les communautés d'éleveurs et de chasseurs.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été personnellement touchée en septembre dernier lorsque son poney Dolly, âgée de 30 ans, a été tuée par un loup mâle dans le nord-est de l'Allemagne.

"La concentration de meutes de loups dans certaines régions d'Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme", souligne-t-elle dans un communiqué publié lundi.

Les dérogations à la directive habitats permettent aux agriculteurs de prendre des mesures ciblées pour protéger leurs cultures et leurs moyens de subsistance, comme l'utilisation de pièges à "capture douce" pour les loups.

Ursula Von der Leyen exhorte les autorités locales et nationales à "prendre les mesures qui s'imposent" en mettant en œuvre de telles dérogations.

Agriculteurs contre écologistes

Les communautés agricoles de toute l'Europe demandent une révision du statut de conservation du loup en réponse à la menace croissante que représentent les meutes.

Le Parlement européen a adopté en novembre dernier une résolution qui invite la Commission à soutenir le secteur agricole à travers une plus grande flexibilité dans la protection du bétail contre les attaques.

Le Parti populaire européen (PPE), le plus grand groupe du Parlement, est à l'origine de ces appels et veut se positionner comme le défenseur des droits des agriculteurs dans les principales réformes environnementales de l'UE.

L'Autriche, la Belgique, la République tchèque, la France, l'Allemagne et l'Italie font partie des États membres de l'Union européenne qui ont connu une augmentation spectaculaire du nombre d'animaux d'élevage tués. En Autriche, où le nombre de bêtes tuées par des meutes de loups aurait augmenté de 230 % pour atteindre 680 en 2021, plusieurs régions ont autorisé, de manière controversée, l'abattage de loups.

Les écologistes et les ONG affirment que tuer ces animaux est contraire à la législation européenne.

Plus tôt cette année, 12 ministres de l'Environnement de l'UE ont écrit à Virginijus Sinkevičius, Commissaire européen en charge de l'Environnement, pour demander à l'institution de ne pas "affaiblir la protection juridique du loup". La lettre, initiée par la Slovaquie, a été signée par les ministres de la Bulgarie, de l'Allemagne, de la Grèce, de l'Espagne, de l'Irlande, de Chypre, du Luxembourg, de l'Autriche, du Portugal, de la Roumanie et de la Slovénie.

"Le lent rétablissement des populations de loups dans l'UE doit être célébré, et non craint", assure Reineke Hameleers, directrice d'Eurogroup for Animals, en réponse à l'annonce faite lundi par la Commission européenne.

"Ce succès reste fragile car la majorité des populations transfrontalières de loups dans l'UE n'ont pas encore atteint un statut de conservation favorable. Après avoir investi tous ces efforts et ces fonds, le déclassement du statut de protection des loups n'affecterait pas seulement leur bien-être, mais mettrait également en péril leur survie et les condamnerait avant même qu'ils puissent être sauvés", ajoute-t-elle.

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le loup fait partie des espèces "les moins préoccupantes", sa population en Europe a "augmenté en nombre et a élargi son aire de répartition" depuis les années 1970.

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