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Allemagne : comment expliquer la large victoire populiste aux élections régionales ?

Affiches électorales d'Erfurt
Affiches électorales d'Erfurt Tous droits réservés Liv Stroud
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Par Liv Stroud
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Le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne a remporté un tiers des voix dans deux Länder de l'Est de l'Allemagne ce dimanche.

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C'est la première fois qu'un parti d'extrême droite remporte une élection d'État depuis l'Allemagne nazie. Alternative pour l'Allemagne (AfD) a gagné haut la main le scrutin régional de dimanche en Thuringe avec 32,8 % des voix.

Plusieurs habitants de la capitale du Land, Erfurt, ont déclaré à Euronews que leur vote était un "dernier recours" et que leur principale préoccupation était la sécurité, à plus forte raison depuis l'attaque au couteau de Solingen.

Même si l'AfD ne parvient pas à former une coalition en Thuringe, les autres partis commenceront sans doute à adopter des politiques plus strictes pour tenter de reconquérir les électeurs désillusionnés.

Sven Leunig, politologue à l'université d'Iéna, en Thuringe, déclare : "Les populistes de droite, qui connaissent un essor majeur partout en Europe, s'affirment maintenant aussi en Allemagne".

"Et il ne s'agit pas seulement de l'AfD. La BSW (Alliance Sahra Wagenknecht) défend également des positions populistes qui sont assez similaires à bien des égards", ajoute-t-il.

Une coalition s'annonce difficile

Sven Leunig précise qu'en Thuringe, aucun des partis établis n'a réussi à obtenir une majorité absolue ou même une majorité de coalition.

L'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne (CDU) a déjà exclu une collaboration avec un parti d'extrême droite et Sahra Wagenknecht a elle-même promis hier soir de ne pas former de coalition avec l'AfD, dirigé en Thuringe par Bjorn Hoecke, qui a déjà été condamné à une amende pour avoir utilisé des slogans nazis.

Le président d'Alternative pour l'Allemagne (AfD) en Thuringe, Bjorn Hoecke, entre dans une salle d'audience à Halle, en Allemagne, le mercredi 26 juin 2024.
Le président d'Alternative pour l'Allemagne (AfD) en Thuringe, Bjorn Hoecke, entre dans une salle d'audience à Halle, en Allemagne, le mercredi 26 juin 2024.Hendrik Schmidt/AP Photo

"Cela signifie que la CDU, qui est arrivée deuxième en Thuringe, doit former une nouvelle alliance avec Sahra Wagenknecht et aura également besoin du SPD. Et même si ces trois partis s'unissent, ce qui serait déjà inhabituel, il n'y aura toujours pas de majorité stable, car ils n'ont que 44 voix, alors qu'ils ont besoin d'en avoir 45", explique Sven Leunig.

"En Saxe, la situation est assez similaire. La CDU doit former une alliance avec la BSW parce que les anciens partenaires de la coalition ne suffisent pas", ajoute-t-il.

L'Alliance Sahra Wagenknecht, un parti encore peu établi

Mais le principal problème de la BSW - qui n'a été créée qu'au début de cette année, en se séparant du parti de gauche Die Linke - est que le parti ne compte que quelques membres.

"S'ils veulent gouverner, ils doivent nommer des ministres, et ces ministres doivent venir de quelque part. La seule idée qui reste est de nommer des ministres qui ne sont pas membres d'un parti. Mais même dans ce cas, ils ont besoin de personnel, comme des secrétaires d'État, etc.", précise Sven Leunig.

Sahra Wagenknecht, de l'Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), après les élections régionales en Saxe et en Thuringe, à Berlin, Allemagne, le lundi 1er septembre 2024.
Sahra Wagenknecht, de l'Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), après les élections régionales en Saxe et en Thuringe, à Berlin, Allemagne, le lundi 1er septembre 2024.Christoph Soeder/(c) Copyright 2024, dpa (www.dpa.de). Alle Rechte vorbehalten

"Il y a donc un vaste appareil administratif dont la BSW ne dispose pas à l'heure actuelle. Certains pensent que les demandes du parti d'extrême gauche - comme l'opposition aux livraisons d'armes à l'Ukraine - ont été formulées pour s'assurer qu'il n'aurait pas à rejoindre la coalition", ajoute-t-il.

Une influence indirecte sur la politique du gouvernement

Bien que l'AfD ne puisse pas former une coalition, "sa principale influence réside dans la promotion de certains sujets qui diffèrent de la position du gouvernement fédéral et qui peuvent faire pression sur les partis au pouvoir. Même l'AfD, qui est dans l'opposition, peut créer des changements politiques sans être directement au gouvernement", avance Sven Leunig.

"Cette situation est similaire à celle des Verts il y a deux décennies. Ils n'ont pas été au gouvernement pendant près de 20 ans, mais leur intérêt constant pour les questions environnementales a forcé les autres partis à adopter des politiques vertes pour regagner des voix. La situation est similaire", ajoute l'expert.

Sven Leunig pense que les lois du pays deviendront plus strictes, que "la législation sur l'asile sera renforcée et que les déportations seront intensifiées".

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"Il y a des limites, bien sûr, car pour l'expulsion, le pays d'accueil doit être d'accord. Si la personne expulsée n'a pas de papiers d'identité, elle ne peut pas être acceptée", déclare-t-il.

Selon Sven Leunig, les libéraux et le FDP sont les plus grands perdants des élections d'hier soir.

"Il est évident que c'est le résultat direct de leurs politiques à Berlin, en particulier de leurs tactiques négatives et de blocage. Ils ont toujours essayé de faire passer leurs propres positions ou d'empêcher les autres de réussir, ce qui a conduit à cette image fracturée. On ne peut qu'espérer que le FDP retienne la leçon et décide de travailler avec la coalition plutôt que contre elle", conclut-il.

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