Mohammad Abedini a été arrêté par les autorités italiennes à l'aéroport Malpensa de Milan le 16 décembre, en vertu d'un mandat d'arrêt américain. Il est accusé d'avoir fourni la technologie nécessaire à une attaque de drone en Jordanie qui a tué trois membres des forces armées américaines.
Le ton monte entre l'Iran et l'Italie. Téhéran a averti Rome que leurs relations bilatérales risquaient de se dégrader si les autorités italiennes se pliaient aux "objectifs politiques et hostiles" des États-Unis.
En toile de fond : l'arrestation, le 16 décembre dernier, d'un ingénieur iranien en Italie en exécution d'un mandat américain dans le cadre d'une attaque de drone en Jordanie l'année dernière qui a tué trois soldats américains.
Téhéran a adressé cet avertissement à l'ambassadeur d'Italie en Iran, Paola Amadei, qui a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, a rapporté l'agence de presse officielle IRNA.
La réunion a eu lieu un jour après que l'Italie a convoqué l'ambassadeur iranien au sujet de la détention de la journaliste italienne Cecilia Sala à Téhéran.
Ces convocations diplomatiques successives soulignent à quel point l'imbroglio entre les trois pays concernant le sort des deux prisonniers se complique pour l'Italie, qui est un allié traditionnel de Washington mais qui entretient également de bonnes relations avec Téhéran.
Mohammad Abedini a été arrêté par les autorités italiennes à l'aéroport Malpensa.
Le ministère américain de la justice l'accuse, ainsi qu'un autre citoyen iranien, d'avoir fourni à l'Iran la technologie des drones qui a été utilisée lors de l'attaque, en janvier 2024, d'un avant-poste américain en Jordanie, au cours de laquelle trois soldats américains ont été tués.
Trois jours plus tard, la journaliste italienne du quotidien Il Foglio, Cecilia Sala, a été arrêtée à Téhéran.
Elle était arrivée dans le pays le 13 décembre avec un visa de journaliste et a été arrêtée pour violation des lois de la République islamique, selon l'IRNA.
Il Foglio a déclaré que Mme Sala était détenue à la prison d'Evin, à Téhéran, connue pour ses détentions de dissidents.
Des commentateurs italiens ont émis l'hypothèse que l'Iran détenait Sala comme monnaie d'échange pour obtenir la libération de Mohammad Abedini.
Selon l'IRNA, un fonctionnaire du ministère des affaires étrangères, Majid Nili Ahmadabadi, a déclaré à Paola Amadei que le maintien en détention d'Abedini par Rome était un "acte illégal fondé sur la demande des États-Unis et conforme aux objectifs politiques et hostiles de ce pays, qui consiste à détenir des ressortissants iraniens en otage en divers points du monde".
Tous les regards seront tournés vers la cour d'appel de Milan, qui a prévu une audience le 15 janvier pour décider de maintenir Mohammad Abedini à la prison de Milan ou de l'assigner à résidence en attendant le début de la longue procédure d'extradition vers les États-Unis.
Le gouvernement américain n'a pas commenté publiquement la requête d'Abedini, mais il s'est déjà plaint auprès du ministère italien de la justice d'une demi-douzaine de cas de suspects recherchés par les États-Unis qui se sont échappés d'Italie avant d'avoir pu être extradés.
Vendredi, l'avocat d'Abedini, Alfredo De Francesco, a rendu visite à son client en prison et a déclaré qu'il l'avait interrogé sur Sala.
Il a déclaré que son client avait entendu parler du cas de la journaliste à l'intérieur de la prison et qu'il ne comprenait pas le lien avec lui.
"Il m'a demandé si elle avait été arrêtée et comment elle l'avait été, et pourquoi, d'une manière ou d'une autre, ils voulaient la relier à lui", a déclaré l'avocat.
Les procureurs fédéraux américains ont inculpé l'ingénieur iranien et son coaccusé de violations du contrôle des exportations après que des spécialistes du FBI eurent analysé le système de navigation du drone utilisé lors de l'attentat en Jordanie et l'eurent retracé jusqu'à eux.
Les procureurs américains ont déclaré que la société de Mohammad Abedini, basée à Téhéran, fabrique des systèmes de navigation pour le programme de drones militaires des Gardiens de la révolution, une organisation paramilitaire iranienne.
L'ambassade d'Iran en Italie a établi un lien entre le sort de la journaliste italienne et celui d'Abedini, déclarant dans un communiqué publié sur X qu'elle respectera les droits de Cecilia Sala et attend de l'Italie qu'elle fasse de même pour Abedini.
Traditionnellement, l'Iran entretient des relations diplomatiques sereines avec l'Italie par rapport à d'autres pays européens tels que le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne.
Ces pays accusent régulièrement Téhéran de fournir des missiles balistiques de courte portée à la Russie et de produire de l'uranium de qualité militaire, accusations que l'Iran nie.