L'attaque d'Aschaffenburg est la dernière d'une série d'incidents violents survenus en Allemagne, intensifiant les craintes liées à l'immigration avec, en embuscade, le parti d'extrême droite AfD.
A moins d'un mois des élections législatives anticipées en Allemagne, l'attaque mortelle d'Aschaffenburg a immédiatement relancé le débat sur l'immigration.
L'attaque a d'autant plus choqué l'opinion publique que l'auteur présumé de l'attaque était un Afghan à qui les autorités avaient demandé de quitter le territoire allemand.
Depuis, les partis d'opposition au gouvernement sortant, ne cesse de plaider en faveur de politiques migratoires plus strictes.
En tête des intentions de vote, Friedrich Merz, le chef du parti de centre-droit CDU, a déjà promis d'imposer des contrôles frontaliers immédiats s'il devenait chancelier, en proposant au Bundestag deux motions sur l'immigration et un projet de loi.
Ces motions prévoient notamment de refouler tous les "immigrants illégaux" à la frontière, qu'ils soient ou non à la recherche d'une protection, et de s'écarter du principe de libre circulation à l'intérieur de l'Union européenne, dit principe de Schengen.
"Nous sommes confrontés aux ruines d'une politique d'asile et d'immigration erronée menée depuis dix ans en Allemagne", a notamment souligné Friedrich Merz à la presse.
Le durcissement des positions de la CDU/CSU a aussitôt suscité des réactions, d'autant que des représentants du parti d'extrême droite AfD ont salué les propositions de Friedrich Merz.
"Il s'agit en fait de nos exigences en matière de limitation de l'immigration. C'est pourquoi nous votons pour", a ainsi déclaré Bernd Baumann, membre du groupe parlementaire de l'AfD.
Le soutien à l'AfD n'a cessé de croître en Allemagne, le parti étant toujours en deuxième position dans les sondages, derrière la CDU/CSU.
Bien que M. Merz ait affirmé qu'il ne voulait pas des votes de l'AfD, les partis de gauche craignent que la rhétorique du chef de file de la droite ne laisse entendre que son parti pourrait être ouvert à la collaboration avec l'extrême droite.
"L'AfD a du mal à croire en sa chance. Elle a atteint exactement le point où elle a toujours voulu que la CDU/CSU soit", déclare Felix Banaszak, président de l'Alliance 90/Les Verts.
Entre-temps, le SPD au pouvoir du chancelier Olaf Scholz a réintroduit au Bundestag des projets de loi sur l'immigration et la sécurité, ce qu'il n'avait pas réussi à faire auparavant en raison de l'opposition de la CDU.
"Plus de pouvoirs pour nos autorités de sécurité, par exemple lorsqu'il s'agit de pouvoirs supplémentaires dans le domaine des outils d'investigation. Cela concerne la question des correspondances biométriques avec les données Internet accessibles au public", a expliqué Matthias Miersch, le secrétaire général du SPD.
Reste à savoir si ce virage sécuritaire sera suffisant, à quatre semaines du scrutin, au chancelier allemand pour combler son retard dans les sondages et convaincre l'électorat.