Les électeurs kosovars appelés aux urnes pour élire leurs députés. Un scrutin qui se déroule dans un contexte de crise économique et de tensions ethniques ravivées.
Les électeurs kosovars ont commencé à voter dimanche pour élire leurs 120 députés, dans un contexte de crise économique et de tensions ethniques ravivées. Si la victoire du Premier ministre sortant, Albin Kurti, semble assurée, son ampleur sera un indicateur de la popularité de sa politique de fermeté face à la Serbie.
Avec son parti, Vetevendosje, le chef de gouvernement de gauche a fait campagne en promettant de gouverner le Kosovo "d'un bout à l'autre", c'est-à-dire même dans les territoires habités majoritairement par des Serbes dans lesquels l'influence de Belgrade est bien plus palpable que celle de Pristina.
Il s'agit du neuvième scrutin parlementaire au Kosovo depuis la fin de la guerre de 1998-1999 entre les forces gouvernementales serbes et les séparatistes albanais, qui ont chassé les forces serbes après une campagne aérienne de 78 jours menée par l'OTAN. La Serbie ne reconnaît pas l'indépendance du Kosovo, proclamée en 2008.
Les autres candidats sont le Parti démocratique du Kosovo (PDK), dont les anciens dirigeants sont accusés de crimes de guerre devant le tribunal de La Haye, et la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le plus ancien parti du pays, qui a perdu une grande partie de son soutien après la mort de son dirigeant, Ibrahim Rugova, en 2006.
Au cours de la campagne électorale, les partis se sont engagés à augmenter les salaires et les pensions des fonctionnaires, à améliorer les services d'éducation et de santé et à lutter contre la pauvreté.
Toutefois, ils n'ont pas expliqué d'où viendrait l'argent, ni comment ils attireraient davantage d'investissements étrangers.
"Nous avons un plan pour chaque ville, chaque famille, chaque personne", a déclaré Bedri Hamza, du PDK. "Nous avons une alternative pour garantir une vie meilleure au Kosovo", a déclaré Lumir Abdixhiku de la LDK.
Le Kosovo, qui compte 1,6 million d'habitants, est l'un des pays les plus pauvres d'Europe, avec un PIB annuel inférieur à 6 000 euros par personne.
Le Kosovo souffre également de l'imposition par Washington d'un gel de 90 jours sur le financement de différents projets par l'Agence américaine pour le développement international, qui a joué un rôle clé dans la promotion de la croissance du pays.
Les États-Unis ont investi 2 milliards de dollars (1,94 milliard d'euros) au Kosovo depuis 1999, dont plus d'un milliard de dollars (970 millions d'euros) provenant de l'USAID.
Le vote déterminera également qui dirigera la partie kosovare dans les pourparlers de normalisation avec la Serbie, qui sont dans l'impasse et qui sont facilités par l'Union européenne afin de rapprocher les deux parties de l'adhésion à l'Union.
M. Kurti est en désaccord avec les puissances occidentales au sujet de certaines mesures prises par le gouvernement l'année dernière, telles que l'interdiction d'utiliser le dinar serbe et les transferts de fonds de la Serbie vers les citoyens du Kosovo qui dépendent des services sociaux et des paiements.
Washington, Bruxelles et la KFOR, la force de stabilisation dirigée par l'OTAN, ont exhorté le gouvernement de Pristina à s'abstenir de toute action unilatérale, craignant la résurgence d'un conflit interethnique.
Ce scrutin déterminera également qui représentera le Kosovo dans les négociations de normalisation des relations diplomatiques avec la Serbie, menées par Bruxelles, ultime condition pour démarrer les négociations d'adhésion à l'Union européenne.
"L'UE attend du nouveau gouvernement du Kosovo qu'il s'engage de manière constructive dans le dialogue de normalisation avec la Serbie. Il s'agit d'un élément central des voies d'intégration de la Serbie et du Kosovo", a déclaré un porte-parole de la Commission européenne.
L'UE et les États-Unis ont exhorté les deux parties à mettre en œuvre les accords conclus il y a deux ans, qui prévoient notamment que le Kosovo s'engage à créer une association des municipalités à majorité serbe.
La Serbie devait également s'acquitter de la reconnaissance de facto du Kosovo.
La KFOR a renforcé sa présence au Kosovo après les tensions de ces dernières années et en a ajouté d'autres pour la période des élections législatives.
Une équipe de 100 observateurs de l'Union européenne, de 18 observateurs du Conseil de l'Europe et d'un grand nombre d'autres observateurs d'organisations internationales ou locales surveilleront le scrutin.