Le chancelier autrichien a indiqué qu'il retirerait son projet d'interdiction du regroupement familial pour les migrants si les tribunaux jugeaient cette mesure incompatible avec le droit européen.
L'Autriche n'appliquera pas son interdiction controversée du regroupement familial pour les migrants tant qu'elle n'aura pas été approuvée par les tribunaux, a déclaré le chancelier Christian Stocker à Euronews.
Vienne souhaite protéger son système d'une surcharge, mais les critiques ont objecté que le plan n'était pas compatible avec le droit européen.
"Nous avons des avis juridiques qui montrent que nous pouvons mettre cela en œuvre conformément à la loi. Je sais que c'est controversé. Je suppose que cette question sera également examinée par les tribunaux. Nous attendrons la décision des tribunaux et l'utiliserons comme guide", a déclaré le chancelier Stocker à Sandor Zsiros d'Euronews en marge du congrès du Parti populaire européen (PPE) à Valence.
La mesure envisagée veut que les migrants bénéficiant d'un statut dit protégé - ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas être expulsés - ne seront plus autorisés à faire venir en Autriche les membres de leur famille qui vivent encore dans leur pays d'origine.
Les chiffres officiels montrent que 7 762 personnes sont arrivées en Autriche l'année dernière dans le cadre des procédures de regroupement familial pour les migrants. En 2023, ce chiffre s'élevait à 9 254. La plupart des nouveaux arrivants étaient des mineurs.
Christian Stocker a évoqué les "expériences douloureuses de 2015 et 2022", dont l'Europe doit encore tirer des leçons. C'est pourquoi l'immigration clandestine en Europe doit être réduite "massivement" et les expulsions effectuées de manière cohérente, a-t-il expliqué.
"Ce que nous voulons, c'est que si quelqu'un n'a pas de permis de séjour et n'est pas légalement autorisé à rester en Europe ou en Autriche, il quitte l'Autriche à nouveau", a déclaré à Euronews le chancelier entré en fonction le 3 mars dernier.
"Si seulement 20 % des personnes qui n'ont pas de droit de séjour quittent l'Union européenne pour retourner dans leurs pays respectifs, ce n'est tout simplement pas suffisant. Il faudrait en fait que ce soit 100 %. Il ne sera pas facile d'atteindre 100 %, mais l'objectif doit être de 100 %."
Ces dernières années, l'Autriche a été confrontée à une augmentation des arrivées de demandeurs d'asile, notamment en provenance de Syrie et d'Afghanistan, a indiqué la chancellerie autrichienne dans un communiqué.
Mis sous pression par une extrême droite en essor dans les urnes, le gouvernement basé sur une coalition conservateur-libéraux-sociaux-démocrates affirme que les systèmes du pays fonctionnent déjà à plein régime en conséquence, notamment dans les secteurs de l'éducation, de la santé et des affaires sociales.
Dans toute l'Union européenne, les gouvernements tentent de réduire le nombre de migrants qui s'installent dans leur pays. Cette tendance constitue un revirement par rapport aux politiques menées il y a dix ans, lorsque des pays comme l'Allemagne et la Suède accueillaient plus d'un million de migrants en provenance de pays déchirés par la guerre.