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Fin de vie : deux projets de loi examinés à l'Assemblée nationale

L'Assemblée nationale à Paris
L'Assemblée nationale à Paris Tous droits réservés  Michel Euler/Copyright 2023 The AP. All rights reserved
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Par Sophia Khatsenkova & Jean-Philippe LIABOT
Publié le Mis à jour
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Les projets de loi sur la fin de vie sont de retour dans le processus législatif après avoir été interrompu par la dissolution du 9 juin 2024, décidée par Emmanuel Macron.

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Les parlementaires français ont relancé l'un des débats les plus clivants du pays sur le suicide assisté.

Les députés ont commencé à examiner lundi deux propositions de loi visant à renforcer les soins palliatifs et à légaliser l'aide à mourir pour les adultes de plus de 18 ans atteints d'une maladie incurable, en phase avancée ou terminale.

Cela permettrait aux patients de recevoir ou d'administrer une substance létale eux-mêmes ou avec une assistance médicale.

La législation proposée, qui autoriserait l'accès aux substances létales dans des conditions strictes, a suscité de vifs débats, toutes tendances politiques confondues.

Cependant, la législation stipule que seuls les patients capables d'exprimer librement et clairement leur volonté de mettre fin à leur vie seraient éligibles.

Cela signifie que les patients atteints de la maladie d'Alzheimer ou plongés dans un coma irréversible ne peuvent être considérés comme éligibles.

Outre l'exigence que la demande du patient soit formulée librement et de manière éclairée, la législation précise que le patient doit souffrir de douleurs physiques ou psychologiques qui ne peuvent être soulagées par un traitement.

De profondes divisions politiques

Soutenu par les partisans du président français Emmanuel Macron et par une grande partie de la gauche, le projet de loi se heurte à une forte opposition de la part des législateurs conservateurs et de l'extrême droite, qui soutiennent que les ressources devraient plutôt être consacrées à l'amélioration des soins palliatifs.

Le député centriste et rapporteur du projet de loi Olivier Falorni a défendu avec passion et humilité le droit de mourir : "Il n'y a rien de plus beau que la vie, mais il y a parfois quelque chose de pire que la mort. Oui, il y a quelque chose de pire que la mort quand la vie n'est plus qu'une agonie inexorable", a-t-il déclaré au Parlement ce lundi

Philippe Juvin, député conservateur et médecin anesthésiste, a exprimé sa profonde inquiétude quant aux dangers potentiels de la légalisation de l'aide à mourir.

"Aucun pays n'est allé aussi loin, à la fois par l'ampleur, la nature expéditive, la faiblesse du contrôle et la pression que cela exercera sur les personnes les plus vulnérables. Ce dont les soignants et les patients ont besoin, c'est de temps pour soigner, soulager et soutenir", a expliqué M. Juvin.

Crise des soins palliatifs

Alors que le débat se déroulait à l'intérieur de l'Assemblée nationale, des centaines de manifestants se sont rassemblés à quelques rues de là.

Vêtus de blouses bleues et allongés sur le sol pour représenter un "hôpital à ciel ouvert", les manifestants, emmenés par l'association pro-vie Alliance Vita, qui s'oppose à l'euthanasie et l'avortement notamment, réclamaient un investissement plus important dans les soins palliatifs plutôt que la légalisation de l'euthanasie.

Des affiches et des pancartes étaient disséminées sur la scène avec des messages tels que "Nous voulons des soins palliatifs", "Non à l'euthanasie" et "Soutenons les plus vulnérables".

Des manifestants opposés au projet de loi fin de vie à paris le 12 mai 2025
Des manifestants opposés au projet de loi fin de vie à paris le 12 mai 2025 Euronews

L'un des principaux arguments contre le projet de loi est l'insuffisance de la France en matière de soins palliatifs de qualité.

Selon les estimations de la Cour des comptes, près de la moitié des personnes qui pourraient bénéficier de soins palliatifs n'en reçoivent pas.

Cela représente environ 180 000 patients par an.

Ce problème est particulièrement alarmant dans les services de soins à domicile et les maisons de retraite, où les professionnels de santé sont souvent mal équipés pour gérer les soins de fin de vie.

Tugdual Derville, président de l'organisation pro-vie Alliance Vita, s'est ouvertement opposé au projet de loi, soulignant que le système de santé doit être réformé avant que le suicide assisté ne soit envisagé.

"Il faut réparer le système de santé, rendre les soins accessibles aux Français, en particulier le soulagement de la douleur et les soins palliatifs, et maintenir la protection offerte par l'interdiction de tuer entre les soignants et les soignés", dit il.

De nombreux opposants au projet de loi soutiennent que l'absence de soins palliatifs appropriés est la cause première de la souffrance de nombreux patients et de leur désir de mettre fin à leur vie.

Séverine, manifestante et fervente opposante au projet de loi, estime que c'est exactement ce qui est arrivé à sa tante.

"Ma tante souffrait psychologiquement... Elle ne pouvait pas vivre seule, alors on l'a envoyée dans une maison de retraite. Il n'y avait personne. Le médecin généraliste venait une fois tous les deux mois... Il n'y avait personne pour soulager ses souffrances psychologiques. Elle a donc tenté de se suicider. Elle voulait mourir parce qu'il n'y avait pas de solution à sa souffrance.", explique Séverine dans une interview accordée à Euronews.

Le vote final sur les deux projets de loi est prévu pour le 27 mai. Fait rare, les partis politiques ont décidé de ne pas imposer de lignes de vote en raison de la nature personnelle de la proposition. Les députés voteront donc en fonction de leurs propres convictions.

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